Les vaches sont accusées de polluer l’atmosphère par leurs gaz - La Semaine Vétérinaire n° 1325 du 05/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1325 du 05/09/2008

Environnement. Réchauffement climatique

Actualité

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Toutes les solutions sont envisagées pour réduire l’impact de la digestion des vaches sur le climat.

L’effet de serre est produit par les gaz (H2O, CH4, CO2, NO) qui piègent les rayonnements solaires dans l’atmosphère et rendent la température moyenne de la terre compatible avec la vie. Le réchauffement climatique observé depuis peu est lié à l’augmentation de la concentration de ces gaz, produits par les différentes activités humaines. En élevage, ces gaz proviennent à 70 % des ruminants et de leur flore digestive, et à 30 % des effluents. Les solutions envisagées pour diminuer cette production sont nombreuses. Certaines sont davantage axées sur la production de méthane, car c’est le gaz qui a la plus faible durée de vie dans l’atmosphère (environ douze ans, au lieu de plus d’un siècle pour le gaz carbonique ou le protoxyde d’azote). Une modification de la concentration de méthane aura donc l’effet le plus rapide sur l’environnement.

Jouer sur l’alimentation pour modifier la flore digestive

Les bactéries du rumen, qui aident les ruminants à digérer leur ration, sont directement responsables de l’émission des 550 à 700 l de méthane produit quotidiennement par chaque vache. Comment rendre moins productive cette usine à gaz qu’est le rumen ? Un premier axe de recherche, suivi par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)(1), est de contrôler la flore digestive par le biais de l’alimentation. Une piste prometteuse est l’emploi de certaines matières grasses dans les aliments des ruminants. L’utilisation dans la ration de lipides alimentaires, riches en acides gras poly-insaturés, permettrait de réduire de 27 à 37 % la formation de méthane, mais en générant parfois une baisse du niveau de production. Des études sont en cours pour déterminer quelle quantité de lin, sous forme d’huile ou de tourteaux, peut être employée sans diminuer l’efficacité digestive et en maintenant un bon état corporel et un bon niveau de production. Les fabricants d’aliment sont directement impliqués, car l’impact sur l’environnement est un argument de vente au même titre qu’une bonne production de lait ou la bonne santé des animaux. Ainsi, Sanders prétend réduire de 40 % l’émission de méthane digestif par les vaches alimentées avec l’un de ses produits, et de 25 % les émissions au niveau d’un élevage. Le tout associé, bien entendu, à d’autres effets bénéfiques pour l’éleveur, pour le même prix. L’autre possibilité est de modifier la nature des fourrages employés pour qu’ils soient moins gazogènes. En Australie et en Nouvelle-Zélande, une firme productrice de semences et d’aliments travaille sur le développement d’une herbe(2) qui, en réduisant l’expression de la O-méthyl transférase, permettrait des fermentations ruminales plus efficaces, moins gazogènes, et un meilleur contrôle de la flore digestive. Cette herbe serait donc plus digestible pour les ruminants tout en étant capable de pousser en climat plus chaud. L’avantage est double : réduire l’impact de la digestion des vaches sur le climat tout en permettant une adaptation des élevages au réchauffement climatique.

Protection de l’environnement ou du consommateur, il faut choisir !

Aux Etats-Unis, les pistes suivies diffèrent un peu. Une étude de l’université de Berkeley(3) soutient qu’en utilisant la somatotropine bovine (rbST) dans l’alimentation des vaches laitières, leur production sera augmentée. Cela doit permettre de réduire simultanément le cheptel laitier, la surface agricole dédiée à l’alimentation et le travail des éleveurs, tout en maintenant le même niveau de production. Les données chiffrées montrent une réduction de 0,82 million de tonnes de CO2, 40 000 t de méthane et 96 t de protoxyde d’azote si un million de vaches est réduit à huit cent quarante-trois mille têtes. Ce qui n’est pas à négliger dans un pays qui compte environ neuf millions de vaches laitières. Cependant, l’utilisation d’hormone de croissance est interdite dans de nombreux pays dont l’Union européenne, l’Australie, le Canada et le Japon, et certaines laiteries américaines préfèrent un lait exempt d’hormones pour répondre à la demande du consommateur. Une question se pose alors : que faut-il protéger en priorité, l’homme ou son environnement ?

Un choix plus radical serait de passer à la viande de synthèse, qui pourrait être obtenue par culture cellulaire grâce à des techniques similaires à celles qui sont utilisées pour l’obtention de tissus destinés aux greffes chez les grands brûlés. Le prix du steak ainsi produit serait comparable au coût actuel de la viande provenant d’animaux d’élevage, mais la contribution à l’effet de serre des usines de production n’a pas été divulguée.

  • (1) http://www.inra.fr/les_recherches/reduire_production_de_methane_ chez_ruminants

  • (2) Chemistry and industry, mai 2008, n° 9 p. 12.

  • (3) Agri US Analyse.

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