La détection des affections du podophylle passe en premier lieu par l’examen clinique - La Semaine Vétérinaire n° 1325 du 05/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1325 du 05/09/2008

Pied du cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Malgré sa faible spécificité, l’examen direct du corium permet d’orienter le diagnostic.

La nomenclature actuelle destinée à décrire le podophylle prend en compte ses différents éléments (tissu feuilleté, bourrelet coronaire et tissu velouté de la sole) et les regroupe sous le terme de corium. Toutes les structures de ce dernier sont du derme. Ce point est à garder en mémoire, notamment lors d’affection du sabot. En effet, les praticiens ont souvent tendance à ne tenir compte que de la spécificité kératinisée de l’épiderme, en orientant les traitements sur le stratum (paroi du sabot), alors que les techniques à privilégier sont celles qui sont adaptées au derme, comme pour n’importe quelle structure conjonctive de l’organisme.

L’examen clinique du corium est peu spécifique

L’examen direct du corium, en couronne, est limité au corium limbi et au corium coronae. Il est peu spécifique, car la forme du bourrelet coronaire est surtout due à l’hypoderme, au coussinet coronaire et aux structures ostéo-articulaires sous-jacentes. Cependant, l’aspect croûteux du bourrelet périoplique peut être l’expression clinique d’une vascularite. Une déformation localisée, convexe dans sa partie supérieure, est observée lorsque les charges appliquées sur la paroi sont mal réparties et concentrées en ce point. Il convient alors d’améliorer la situation via la maréchalerie, en diminuant les charges soit par un effet roller, soit par un parage, par exemple.

L’examen externe de la paroi fournit des informations sur la fonction du corium coronae. Par exemple, son inflammation généralisée donne naissance à des cercles, parfois multiples, qui font le tour du sabot, au niveau des quatre membres. Ce sont les témoins d’un changement d’alimentation ou d’une affection systémique.

L’observation de la sole après le parage renseigne sur l’activité du podophylle (corium parietis). Celle du tiers distal, pourvu de papilles, est à l’origine de la ligne blanche. Différentes anomalies peuvent être observées comme un décollement, une corne farineuse, une zone congestive, une déformation de la ligne blanche associée à un kératoma. La morphologie informe par ailleurs sur la résistance de l’engrènement kéraphyllepodophylle, os compact de la troisième phalange. Le cas extrême est celui de la fourbure. L’aspect bombé de la sole et le feuilletage en pince sont caractéristiques de cette affection.

La douleur peut être cutanée, superficielle ou profonde

L’objectif de l’examen clinique est de détecter les inflammations. Il convient de recherche une triade de signes : œdème, chaleur, douleur. La présence de la boîte cornée rend l’œdème invisible et le remplace par un syndrome de compartiment. L’œdème est néanmoins drainé proximalement au niveau du doigt et du métacarpe. Il ne faut pas confondre avec une tendinite des fléchisseurs. Palper le pouls peut également fournir des informations intéressantes, notamment lorsqu’une pression (à l’aide du pouce ou d’une pince exploratrice) exercée sur la sole provoque l’apparition d’un pouls digité. La chaleur est détectée sur l’ensemble du pied (sabot, sole et couronne). La douleur est décelée en exerçant une pression sur le pied, à l’aide du pouce. Une sensibilité au niveau de la sole est assez spécifique d’une inflammation du corium solae, lors de bleime ou d’abcès. Un abcès peut provoquer une sensibilité localisée en couronne quand la sole est dure et épaisse, comme chez l’âne. L’absence de réponse à la pression digitée n’exclut pas un corium douloureux. Il convient alors d’utiliser des pinces sémiologiques. Plusieurs types de sensibilité peuvent être étudiés. Elle peut être cutanée, au niveau de la fourchette, ou superficielle (une pression est exercée point par point sur la sole correspondant au corium solae). Dans ce cas, la réponse est immédiate, assez forte et diminue au fur et à mesure des tests. Une sensibilité superficielle peut également être notée à la suite d’une pression appliquée globalement sur la paroi en rapprochant les talons, ce qui correspond de façon peu spécifique au corium parietis. La réponse, si elle existe, est assez forte, immédiate et diminue avec la répétition du geste. La sensibilité peut en outre être profonde, détectée par une pression globale sur la paroi en rapprochant les talons et en maintenant la pression un certain temps. Cette manipulation permet d’explorer de façon peu spécifique les structures ostéo-articulaires du pied. En cas de douleur, la réponse est retardée, moins forte, mais elle persiste, voire augmente si le geste est réitéré.

Il est donc difficile de différencier la douleur provenant du corium de celle issue de l’appareil ostéo-articulaire. La première peut être primaire, mais également secondaire à une affection ostéo-articulaire. Dans ce dernier cas, la ferrure doit être compatible avec les deux troubles, grâce à la morphologie du fer (en œuf, type sainte croix, branche asymétrique, etc.) et à l’utilisation de plaques et de silicones adaptés au “confort du corium”.

Une autre façon de mettre en évidence la sensibilité du corium est l’examen dynamique du pied ferré puis déferré. Si la boiterie augmente, cela signifie qu’il est impliqué. Une ferrure rigide (acier) et amortissante (plaques) est alors indiquée.

  • Source : conférence de Francis Desbrosse présentée lors du Xe congrès de médecine et de chirurgie équine de Genève (Suisse), en décembre 2007.

  • Voir aussi : Pratique vétérinaire équine, 2002, vol. 34, numéro spécial “le pied du cheval”.

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