Deux étudiants expérimentent le changement d’école pour suivre leur internat

La Semaine Vétérinaire : Diplômé de Toulouse, vous avez opté pour l’internat en clinique des animaux de compagnie à Alfort. Pourquoi avoir changé d’école ?

Jérôme Séguéla : Après avoir passé cinq ans à l’école de Toulouse, j’ai voulu changer d’horizon afin d’acquérir un complément de formation pratique et théorique lors de mon année d’internat. En effet, les façons d’aborder certaines situations cliniques ou de prendre en charge certains animaux peuvent différer. De plus, venir à Alfort m’a permis d’appréhender des spécialités cliniques qui sont moins développées à Toulouse comme l’imagerie, l’endocrinologie, la cardiologie et la reproduction. La formation entre ces deux écoles n’est pas opposée, mais complémentaire. En outre, changer d’environnement m’a permis de faire de nouvelles rencontres professionnelles ou extraprofessionnelles enrichissantes.

S. V. : Avez-vous fait face à des difficultés d’adaptation ?

J. S. : Je n’ai eu aucun problème d’intégration au sein de ma nouvelle école. J’étais le seul “néo-Toulousain” au sein de l’équipe de dix-huit internes. Tout s’est bien passé avec les Alforiens, les Nantais ou les Belges (il n’y avait pas de Lyonnais dans le service). Je n’ai eu aucune difficulté à échanger avec les enseignants, les assistants cliniques et les étudiants de T1-Pro ou de D3. Il ne faut pas appréhender d’être mis à l’écart. Après, cela dépend aussi de la personnalité de chacun…

S. V. : Quels points positifs et négatifs ressortent de cette expérience ?

J. S. : Je n’ai, dans l’ensemble, aucun regret d’être passé de Toulouse à Alfort. J’ai essayé d’exploiter au maximum les avantages de chaque école pour me perfectionner.

Les points négatifs, au niveau professionnel, existent, mais ils sont rapidement balayés : il est vrai qu’au début de chaque rotation, je cherchais un peu tout : où trouver les aiguilles, les seringues, etc. ? A qui s’adresser dans telle ou telle situation ? Mais après quelques jours dans le service, tous ces réflexes ont rapidement été acquis et n’ont pas perturbé ma formation. En revanche, je ne voyais que rarement les membres de ma famille et mes amis toulousains… c’était l’aspect le plus difficile pour moi. Heureusement que le téléphone et l’Internet existent !

S. V. : L’internat commun aux quatre écoles est-il une bonne chose ?

J. S. : L’internat commun a cela de positif que nous n’avons plus besoin de passer un concours ou un entretien pour chaque école. C’est beaucoup plus facile sur le plan logistique. Cela permet aussi de “mixer” la promotion, ce qui est beaucoup plus enrichissant que de rester entre internes issus de la même école. Il serait néanmoins judicieux de préciser le programme du concours de l’internat, afin de pouvoir le préparer le mieux possible.

La Semaine Vétérinaire : Diplômée d’Alfort, vous avez passé l’internat en clinique des animaux de compagnie à Lyon. Que vous a apporté le fait de changer d’école ?

Nathalie Benechet : J’ai appris de nouvelles techniques et une autre manière d’aborder la médecine, plus ouverte. J’ai rencontré de nouvelles personnes. J’ai ainsi pu profiter des atouts de deux écoles différentes et j’ai l’impression d’avoir acquis une formation plus complète.

S. V. : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

N. B. : J’ai dû laisser derrière moi des êtres qui m’étaient chers et une école que j’avais appris à aimer en cinq ans. Je suis arrivée dans un lieu inconnu et il a fallu être opérationnelle dès le premier jour. C’était donc une situation stressante pour débuter mon internat en clinique des animaux de compagnie. J’ai été jugée et testée sur mes moindres faits et gestes et j’ai également dû faire face aux a priori vis-à-vis des Alforiens. Difficile, dans ces conditions, de garder confiance en soi et de se faire une place dans cette nouvelle école !

S. V. : Conseilleriez-vous de changer d’école ?

N. B. : Même si l’intégration est difficile, je recommande vivement aux futurs internes de suivre cette voie. Cela permet de développer son sens critique et d’apprendre de nouvelles choses puisque chaque école a ses spécialités.