La vaccination individuelle a l’avantage de respecter le principe d’une dose par animal - La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1324 du 29/08/2008

Techniques vaccinales en aviculture

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou*, Khaled Kaboudi**

L’inconvénient réside dans les manipulations excessives stressantes pour les oiseaux, en plus de la main-d’œuvre et du temps nécessaires. Cette vaccination est généralement réservée aux élevages à faible effectif.

L’efficacité de la vaccination en élevage avicole passe nécessairement par le bon choix des vaccins, des animaux à vacciner et de la méthode d’administration. Elle fait actuellement appel à des vaccins conventionnels qui sont vivants atténués ou inactivés (voir tableau 1).

Les vaccins vivants se présentent généralement sous la forme de lyophilisats, alors que les vaccins inactivés sont commercialisés sous la forme d’une solution huileuse (adjuvant huileux) ou aqueuse (hydroxyde d’aluminium), prêts à l’emploi. Ces vaccins sont conservés à une température de + 4 à + 8° C à l’abri de la lumière et de l’humidité (tout en respectant la date de péremption), à l’exception des vaccins vivants associés aux cellules, utilisés pour la vaccination contre la maladie de Marek. En effet, ces derniers sont à conserver à une température de -196° C (azote liquide). Cette condition est l’une de celles qui conditionnent leur administration, généralement le premier jour au couvoir.

La reconstitution des vaccins vivants (lyophilisat) doit se faire dans une eau de qualité, stérile pour les injections (solvant fourni avec le vaccin) et minérale ou de source (déchlorée) pour les vaccins non injectables. Le délai de leur utilisation après la dilution ne doit pas dépasser trois heures à température ambiante afin de conserver le titre de la solution virale. Pour leur part, les vaccins inactivés sont prêts à l’emploi (bien homogénéiser). Le contenu du flacon est à injecter en totalité pendant la séance de vaccination. Par ailleurs, le nombre de doses à utiliser doit toujours être égal ou supérieur à celui des sujets à vacciner.

Le type de vaccin, l’âge, l’effectif et la maladie guident le choix de la technique

Les particularités anatomo-physiologiques et immunologiques des oiseaux, dont les volailles, expliquent en partie les modes variés d’administration des vaccins qui peuvent être employés. A cela s’ajoutent les caractéristiques de l’élevage avicole moderne qui se fonde d’une part sur la mise en place de grands effectifs, et d’autre part sur l’intensification plus ou moins complète. Pour ces raisons, il est primordial de procéder à un choix judicieux de la technique de vaccination selon plusieurs considérations, notamment le type de vaccin, l’âge des animaux, l’effectif et la maladie concernée. Les modes de vaccination en aviculture peuvent être classés en deux groupes : les méthodes individuelles ou collectives (vaccination dans l’eau de boisson et par nébulisation). Les premières sont généralement réservées à la vaccination des élevages à faible effectif. Utilisées pour l’administration des deux types de vaccins, elles présentent l’avantage majeur de respecter le principe d’une dose pour chacun des animaux. Cependant, leur inconvénient réside dans les manipulations excessives stressantes pour les oiseaux, en plus de la main-d’œuvre et du temps qu’elles nécessitent.

• Les instillations oculaires, nasales et buccales. Ces techniques de vaccination sont réservées à l’administration des vaccins vivants. Elles consistent en le dépôt d’une goutte de la solution vaccinale dans l’œil, les narines ou la cavité buccale. L’instillation oculaire, la plus courante, est certainement la meilleure méthode d’administration des vaccins à virus vivants, notamment ceux contre la bronchite infectieuse aviaire et celui contre la maladie de Newcastle (régions endémiques), où les titres en anticorps se révèlent plus importants que ceux obtenus à la suite d’une nébulisation chez des animaux âgés d’un à vingt et un jours (voir bibliographie 4). Il s’agit d’une voie d’administration “obligatoire” pour le vaccin contre la laryngo-trachéite infectieuse (LTI) au début de l’infection, afin de favoriser l’installation d’une immunité locale assez rapide. Il en est de même pour le vaccin TS11 contre la mycoplasmose. Malgré la nécessité d’une main-d’œuvre importante, T. Degefa et ses collaborateurs (2004) ont montré l’avantage économique de ce procédé comparé à la vaccination par l’eau de boisson. La vaccination se fait en maintenant verticalement le compte-gouttes, sans toucher l’œil de l’oiseau, et en attendant la résorption de la goutte sur la surface de l’œil avant de relâcher l’animal.

Cette technique favorise le développement de l’immunité à la fois générale et locale, grâce à la communication, chez les oiseaux, de la poche conjonctivale avec la glande de Harder (formation lymphoïde secondaire) par l’intermédiaire d’un assez large canal lacrymal, ce qui permet le passage du vaccin vers le tissu lymphoïde. Elle convient aussi bien à la primo-vaccination qu’au rappel.

• Le trempage du bec. Cette méthode, encore largement utilisée, notamment pour la vaccination contre la maladie de Gumboro, a pour objectif d’atteindre la muqueuse nasale par contact de la solution vaccinale avec les narines. Le récipient choisi doit être assez profond pour permettre d’immerger le bec jusqu’aux narines. Ce procédé est généralement réservé aux jeunes oiseaux de moins d’une semaine, quand la nébulisation est impossible ou en raison de la difficulté à maîtriser le niveau d’abreuvement pour pratiquer la vaccination dans l’eau de boisson.

• La transfixion alaire et la scarification. Ces méthodes sont réservées à l’administration des vaccins à virus dermotrope, notamment celui de la variole aviaire. Cependant, elles sont aussi mises en œuvre pour l’immunisation des volailles contre la maladie de Newcastle (voir bibliographie 1).

La transfixion alaire, largement préférée à la scarification, consiste à transpercer la membrane interne de l’aile à l’aide d’un stylet à double aiguille cannelée. Après la reconstitution du vaccin, l’aiguille est plongée dans la solution vaccinale puis retirée sans égoutter l’excédent du vaccin sur le bord du flacon ou ailleurs. Environ sept à dix jours après la vaccination, les volailles sont examinées pour vérifier la prise vaccinale. Cette dernière se manifeste par une enflure de la peau au site d’injection, avec la formation d’une croûte. Pour mieux identifier les oiseaux vaccinés, W.H. Allan et ses collaborateurs signalent la possibilité d’utiliser 1 % de charbon actif dans le diluant du vaccin, qui laissera une tache grisâtre (persistante pendant un an) à l’endroit de la transfixion.

Pour sa part, la scarification de la peau de la cuisse se fait à l’aide d’un vaccinostyle. Il s’agit donc d’une méthode traumatisante avec un risque de saignement si elle n’est pas correctement réalisée.

• Les voies parentérales. Elles sont envisageables pour les deux types de vaccins. Les vaccins vivants sont remis en suspension dans leur diluant, alors que les vaccins inactivés sont prêts à être injectés après une homogénéisation correcte de la solution. L’injection peut être réalisée par voie sous-cutanée ou intramusculaire. L’utilisation d’une seringue multidose (pistolet vaccinateur) réservée à cet effet est fortement recommandée, surtout dans les élevages à grand effectif. L’aiguille est à changer toutes les cinq cents à mille injections pour éviter de déchirer le muscle ou la peau.

L’injection sous-cutanée est préconisée à la base du cou de l’oiseau pour la vaccination de toutes les volailles de chair destinées à la découpe. En effet, la présence d’une réaction fibreuse locale, même faible, est à éviter, en particulier lors de l’utilisation de vaccins bactériens en adjuvants huileux. Cette technique peut exiger une certaine expérience de la part du manipulateur, car il risque de se piquer le doigt.

La voie intramusculaire est plutôt recommandée chez les animaux âgés (poules pondeuses, reproducteurs). L’injection se fait au niveau des muscles pectoraux (muscle du bréchet) ou de la face externe de la cuisse, avec cependant un risque majeur de piquer le nerf sciatique.

• L’injection in ovo. La capacité des lymphocytes B et T de répondre aux différentes sollicitations antigéniques dès le 17e jour de l’incubation étant établie, l’injection in ovo ne cesse de gagner du terrain comme méthode d’immunisation dans le domaine de la vaccination en aviculture. En effet, déjà utilisée dans de nombreux pays du monde, par exemple aux Etats-Unis, cette technique remplace l’injection à un jour. Elle consiste à injecter un vaccin vivant dans l’œuf embryonné vers le 18e jour de l’incubation, au moment du transfert des œufs depuis les incubateurs vers les éclosoirs. Pour éviter les chutes de température, donc la mortalité embryonnaire, la méthode fait appel à un appareillage adapté et sophistiqué (Inovoject®) qui permet de traiter des milliers d’œufs en un court laps de temps. Les affections concernées par ce procédé sont les maladies de Marek, de Gumboro et de Newcastle (voir bibliographie 3).

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - W.H. Allan, J.E. Lancaster et B. Toth, Vaccins contre la maladie de Newcastle : production et utilisation, 1980, Edition de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, Rome, collection FAO (production et santé animales), 178 pages.
  • 2 - C. Cazaban : « Water quality determines the success of oral vaccination », Word Poultry, 2004, vol. 20, n° 5, pp. 32-34.
  • 3 - T.F. Davison : « The immunologist’s debt to the chicken », British Poultry Science, 2003, n° 44, pp. 6-21.
  • 4 - T. Degefa, L. Dadi, A. Yami, K.G. Mariam et M. Nassir : « Technical and economic evaluation of different methods of Newcastle disease vaccine administration », J. Vet. Med., 2004, vol. 51, n° 7-8, pp. 365-369.
  • 5 - D. Foumier : « Des règles pour vacciner efficacement », Filières avicoles, octobre 1998, pp. 60-66.
  • 6 - R.F. Gentry et M.O. Braune : « Prevention of virus inactivation during drinking water vaccination of poultry », Poultry Science, 1972, n° 51, pp. 1450-1456.
  • 7 - Laboratoires Intervet : « L’indispensable amélioration des pratiques vaccinales », Filières avicoles, février 1997, pp. 129-133.
  • 8 - A. Puybasset : « Bien vacciner pour bien protéger », Réussir Aviculture, 1984, n° 98, pp. 13-21.
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