La médecine sportive équine progresse sur tous les fronts - La Semaine Vétérinaire n° 1323 du 11/07/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1323 du 11/07/2008

Recherche équine. Etape française de l’Icel à Cabourg

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Tous les quatre ans se tient la conférence internationale sur la locomotion équine. Cette année, la sixième édition a eu lieu en France, du 16 au 19 juin dernier.

La sixième édition de l’International Conference on Equine Locomotion (Icel) a fait escale à Cabourg (Calvados) du 16 au 19 juin dernier. Après les Etats-Unis il y a quatre ans, ce congrès de renommée internationale s’est donc tenu en terres françaises, dédiées à l’élevage et à la recherche équine, grâce au comité d’organisation piloté par le professeur Nathalie Crevier-Denoix et notre confrère Henry Chateau (unité Inra-ENVA de biomécanique et pathologie du cheval). Cette édition a rassemblé des participants de dix-sept nationalités différentes, assurant son succès.

La première journée a permis de faire un état des lieux sur les interactions entre le cavalier, la selle et le dos du cheval. Les méthodes d’étude font appel à des marqueurs positionnés sur le corps du cavalier, du cheval, et au niveau de la selle ou du tapis. Les données sont analysées par un logiciel informatique dédié. Patricia de Cocq (Pays-Bas) a mené une étude dans trois situations : le trot sans cavalier, le trot enlevé et le trot assis. L’étude cinématique en trois dimensions compare le mouvement du dos et la position de la tête et du cou du cheval. Ainsi, au trot enlevé, la position du cou et de la tête est plus basse, alors qu’au trot sans cavalier, le cou est plus étendu, de même qu’au trot assis. En outre, la région du garrot requiert une attention particulière, car c’est elle qui subit le plus de fluctuations et de contraintes. Ces études sont difficiles à conduire, car de nombreux paramètres sont à prendre en compte : le cavalier, le modèle de selle, le type de monte, etc.

Christian Peham (université vétérinaire de Vienne, en Autriche) s’est aussi penché sur les différents trots pour montrer que le trot enlevé est plus stable pour le cavalier et moins traumatisant pour le dos du cheval que le trot en suspension ou assis.

Les amortisseurs, souvent utilisés par les cavaliers, sont un autre sujet de préoccupation. Une étude de l’équipe autrichienne a évalué les forces et la distribution des différents types de pads. L’hypothèse de départ est, bien entendu, qu’ils amortissent les pics de pression reçus sur le dos du cheval et diminuent la transpiration. « Ils doivent aussi permettre une bonne connexion entre le cheval et l’homme, et une bonne distribution des forces du cavalier au cheval », a expliqué Rebecca Zsoldos (université de Vienne, Autriche). Quatre pads ont été étudiés (avec gel, en cuir, en fourrure, en mousse) à l’aide de capteurs destinés à étudier les pressions. Pour la compétition, le pad en fourrure serait le plus adéquat. Toutefois, pour Florian Buchner (université de Vienne, Autriche), les amortisseurs doivent être choisis individuellement, selon le cheval, car si une amélioration est constatée chez certains chevaux, chez d’autres l’inverse se produit. Il note aussi que les problèmes liés aux selles sont souvent dus à leur mauvais positionnement. En outre, une selle trop large sera en position abaissée, ce qui augmente le nombre de points qui supportent une pression élevée.

Les troubles ostéo-articulaires font aussi l’objet d’attention

Jitka Badurova (université de Zlin, république Tchèque) a également mené des travaux sur le dos du cheval et les selles. L’objectif était de déterminer la morphologie dorsale des chevaux par groupe racial. Pour cela, plusieurs points du dos ont été étudiés dans six races différentes. Cette étude démontre que des différences raciales significatives existent au niveau de la forme du dos. Il est alors possible de construire un modèle de base qui serait adaptable à près de 75 % des chevaux d’une race donnée. Cette démarche peut en outre être transposée sur un modèle individuel en trois dimensions.

Des modèles numériques des membres et du tronc se développent en recherche équine. Les troubles ostéo-articulaires font aussi l’objet d’attention. Un travail a été mené en collaboration entre l’ENV d’Alfort (Céline Robert, Jean-Paul Valette, Sandrine Jacquet et Jean-Marie Denoix) et l’ENV de Nantes (équipe d’Henri Seegers) pour suivre trois cent soixante-dix-huit foals de trois races différentes (trotteur français, pur-sang et selle français). Des clichés radiographiques ont été effectués à plusieurs étapes de leur vie. Il apparaît que certains facteurs prédisposent aux troubles ostéo-articulaires, comme une large surface de pâture (plutôt qu’un pré de taille modérée), un exercice irrégulier et le changement de groupe des chevaux.

Côté sols, les surfaces synthétiques sont plus amortissantes

Le deuxième jour du congrès, Martyn Shorten (chercheur en biomécanique chez l’homme) était invité pour une conférence sur les aspects biomécaniques des surfaces sportives pour les athlètes humains. Elle a permis une comparaison intéressante avec les questions ou les problématiques rencontrées dans l’espèce équine. Une session spéciale était d’ailleurs consacrée au thème des pistes, le matin. Dans ce cadre, le professeur Jean-Marie Denoix était invité pour une conférence sur l’apport de la biomécanique dans la démarche clinique en pathologie locomotrice équine.

« La piste, mise à l’honneur spécifiquement lors de cette édition, est un sujet de préoccupation grandissant pour tous les professionnels de la filière : des courses de galop ou de trot aux sports équestres, des cavaliers aux entraîneurs, en passant par les directeurs d’hippodromes, les organisateurs de concours, les “particuliers” qui veulent faire construire une carrière et, bien entendu, les fabricants de sols… sans oublier les vétérinaires », a précisé Nathalie Crevier-Denoix. Le Suédois Fredricson (conférencier invité) est d’ailleurs revenu sur ce thème le dernier jour du congrès.

Deux chercheurs américains (universités du Maine et de Davis, en Californie) ont montré que les matériaux utilisés ont un effet important sur la charge et les accélérations subies par le membre du cheval. L’équipe de Nathalie Crevier-Denoix et d’Henry Chateau a mis en place un protocole d’étude des effets biomécaniques des pistes à grande vitesse (35 km/h), combinant l’utilisation de plusieurs instruments de mesure, dont certains entièrement originaux (développés au sein de leur unité) : fer dynamométrique en trois dimensions pour quantifier la force de réaction au sol (verticale, mais aussi horizontale, comme lors de freinage-propulsion), capteur ultrasonore permettant la mesure de la force qui s’exerce dans le tendon perforé, accéléromètre triaxial sur le pied pour caractériser le choc de l’impact et les vibrations générées par ce choc, centrales de mesure inertielle sur le dos pour quantifier la symétrie locomotrice, et cinématique haute fréquence pour décomposer le mouvement et quantifier les variations d’angles articulaires. Tous les intervenants de cette session ont admis que les surfaces synthétiques sont plus amortissantes et potentiellement moins traumatisantes pour l’appareil locomoteur du cheval.

La médecine sportive prend aussi toute son importance, en termes de locomotion, avec la possibilité de réaliser des tests d’effort en conditions standardisées sur tapis roulant. Le Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (Cirale, ENVA), en collaboration avec la faculté vétérinaire de Liège, a ainsi montré que, chez des trotteurs français, les troubles locomoteurs légers pouvaient influencer significativement la fréquence cardiaque, même à des valeurs d’entraînement. On comprend ainsi l’incidence que peut avoir une boiterie, même subtile, sur les performances en course. Un simple test peut alors se révéler utile pour leur détection précoce.

Plusieurs praticiens français ont assisté à cette édition de l’Icel. Les étudiants de l’Avef junior ont aussi prêté main-forte aux organisateurs du congrès. La prochaine édition aura lieu dans quatre ans en Suède.

Les éditions précédentes

1991 : Utrecht, Pays-Bas.

1993 : Californie, Etats-Unis.

1996 : Saumur, France.

2000 : Vienne, Autriche.

2004 : Michigan, Etats-Unis.

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