Quelles évolutions de l’exercice rural vous ont marqué durant la dernière décennie ? - La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008

Entre nous

FORUM

Le téléphone portable nous a libérés

Joëlle Nigond, praticienne au Montet (Allier).

Le téléphone portable a révolutionné nos conditions de travail. Lors de mon installation il y a douze ans, nous travaillions avec des “radiotéléphones” branchés sur le klaxon de la voiture. Pendant les gardes, nous restions coincés entre la maison ou la voiture ! Ensuite sont apparus les GSM fixes dans les véhicules, mais des zones restaient non couvertes. Puis le réseau s’est élargi et même les petits portables que nous connaissons aujourd’hui fonctionnaient. C’était en 1998 et c’était la liberté ! Nous pouvons désormais, pendant les gardes, sortir tout en restant dans le périmètre de notre clientèle. Joignables partout, nous répondons directement aux clients grâce au transfert d’appel. De même, depuis que les éleveurs sont équipés, nous les localisons rapidement dans l’exploitation. Les bâtiments sont en outre dotés de stabulations plus spacieuses, où nous gagnons du temps. Côté avancées thérapeutiques, les vaccins contre les maladies néonatales des veaux sont plus performants. Il y a moins d’épidémies de gastro-entérites ou de broncho-pneumonies, ce qui limite les visites répétitives. Cela est apprécié des éleveurs qui vêlent une centaine de charolaises par an et n’ont plus le temps de soigner tous les veaux malades. Aujourd’hui, il vaut mieux faire de la prévention : nous vendons du conseil et évitons de jouer les “pompiers”. Les éleveurs y sont réceptifs, car ils savent désormais calculer le coût de la perte d’une bête et celui de la prévention. Côté maladies, la crise de la “vache folle” a changé la donne, en développant l’équarrissage et en générant du stress chez les éleveurs. De là sont nés les labels et les chartes pour faire valoir la qualité de la viande.

Vive le mandat sanitaire ?

Anne Decuyper, praticienne à Eygurande (Corrèze).

Je me suis installée seule en 1990 en clientèle rurale. Ma première surprise a été la suppression du vaccin contre la fièvre aphteuse, qui est passé d’obligatoire à interdit. Peu après, j’ai assisté à la suppression de la tuberculination, puis des prises de sang sur les cheptels laitiers, suivie du passage de cette tuberculination d’annuelle à bisannuelle, puis triennale. En même temps, l’Etat avertissait ne plus assurer les risques liés à la prophylaxie ! Donc, en quelques années, nous sommes passés de moins en moins d’actes à effectuer pour l’Etat à de plus en plus de devoirs et de responsabilités, avec de moins en moins de droits et de recettes… Et maintenant, voici la galère de la fièvre catarrhale. Vive le mandat sanitaire ! Du point de vue médical, les maladies sont plus complexes, multifactorielles, avec une hausse des problèmes viraux et des carences alimentaires. La plupart des éleveurs sont plus instruits. Ils viennent surtout vers nous pour le conseil et nous appellent en “pompiers”, après avoir essayé plusieurs traitements, ce qui ne simplifie pas notre tâche ! L’animal est encore plus malade et le traitement est souvent lourd, avec un pronostic incertain. De plus, les médicaments peu onéreux sont supprimés et nous disposons de traitements efficaces, mais souvent chers, que l’on hésite à employer en regard du prix de l’animal… A tout cela s’ajoutent les règlements du Code du travail, ingérables en clientèle rurale. Qui a la recette pour concilier les 35 heures et les jours de repos avec l’obligation de soins et de permanence, sans parler de rentabilité ? J’aime mon métier, les animaux comme les clients. Mais je suis étouffée par la paperasse, les obligations et les interdictions.

Les partenariats avec les éleveurs se développent

Véronique Luddeni, praticienne à Saint-Martin Vésubie (Alpes-Maritimes).

J’ai commencé en 1992. Dans ma région, la brucellose sévissait. Ce sujet faisait couler beaucoup d’encre et générait des tensions entre les services vétérinaires et les éleveurs… Maintenant, c’est un vieux souvenir, mais il faut rester vigilant, surtout pour les frontaliers. Depuis, nous avons connu le stress de la “vache folle”, les épizooties de fièvre aphteuse en Angleterre, la peur de la grippe aviaire… et maintenant la fièvre catarrhale. Il nous faut toujours être là pour expliquer à nos clients, dédramatiser, aider et soutenir les éleveurs.

Côté réglementations, cela devient lourd au niveau de la paperasse. C’est usant ! Cette année est marquée par la mise en place du suivi délivrance-prescription. Nous devenons les pompiers de l’Etat, qui profite de notre sens des responsabilités (retard de paiement, astreintes, etc.).

Côté thérapeutique, de nombreuses molécules sont à notre disposition, mais le prix des médicaments, surtout pour les bovins, est de plus en plus élevé… Sinon, la clientèle rurale s’est développée.

Les éleveurs laitiers tirent bien leur épingle du jeu et c’est une bonne chose. Les partenariats se développent (prévention et suivi qualité). Notre rémunération évolue avec le coût de la vie. Mais la rurale assure un revenu de base. Quoi qu’il en soit, elle favorise l’essor de la clientèle, par la vente des médicaments et les urgences.

La rurale impose aussi des astreintes. Il faut donc vraiment aimer son métier, car les conséquences sont d’ordre familial et relationnel. Mais on n’a rien sans rien et le rapport à l’élevage nous permet de garder les pieds sur terre ! J’aime ce côté authentique, même si je suis parfois épuisée…

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