La transmission verticale du sérotype 8 existe, mais son rôle dans l’overwintering est à prouver - La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008

Fièvre catarrhale ovine. Symposium en Italie

Actualité

Auteur(s) : Michel Bertrou

La capacité de ce sérotype à franchir la barrière placentaire suscite de nombreuses interrogations.

Lors du symposium sur la blue tongue, organisé à Brescia (Italie) le 7 juin dernier par le réseau scientifique européen Epizone(1), plusieurs communications ont abordé les voies de transmission inhabituelles du sérotype 8 du virus de la fièvre catarrhale. Fraser Menzies, du département irlandais de l’agriculture, a exposé les cas de transmission verticale et peut-être horizontale de ce sérotype, survenus en Irlande du Nord au sein d’un troupeau de génisses gestantes importées des Pays-Bas. L’incident date de janvier dernier, en l’absence d’activité vectorielle. Lors des tests pratiqués après l’arrivée des animaux, huit génisses se révèlent séropositives à la blue tongue et négatives à la RT-PCR(1). Deux d’entre elles donnent alors naissance à trois veaux positifs à la RT-PCR (la virémie a pu être confirmée pour l’un d’eux), ce qui indiquerait une transmission verticale. Deux autres animaux adultes, auparavant testés négatifs et en contact étroit avec les précédents, deviennent également positifs à la PCR. Sans transmission vectorielle, la possibilité d’une infection par contact est avancée, avec l’hypothèse de l’ingestion d’un placenta infecté.

La transmission verticale ou horizontale du sérotype 8 a aussi fait l’objet d’une étude à l’Institut central vétérinaire de Wageningen, aux Pays-Bas. Des vaches multipares, indemnes de virus et d’anticorps de la blue tongue sont expérimentalement infectées en fin de gestation (huit mois) par la souche de sérotype 8, responsable de l’épizootie en Europe du Nord. L’une des sept vaches infectées donne naissance à un veau virémique, avec des signes cliniques évocateurs de la maladie, démontrant ainsi une transmission transplacentaire. Des expériences de contamination orale sont ensuite menées chez des veaux testés négatifs (Elisa et PCR) en les nourrissant soit avec un colostrum de vache infectée, soit avec celui d’une vache non infectée mélangé à du sang contaminé. L’un des huit veaux nourri avec ce second colostrum contaminé devient positif à la PCR huit jours après le part et présente une séroconversion vingt-cinq jours plus tard. En revanche, cela n’est le cas d’aucun des veaux nourris avec du colostrum de vache infectée. En raison de la séroconversion de deux vaches (dont celle ayant donné naissance au veau virémique) pour la maladie des muqueuses après cette infection expérimentale, l’hypothèse d’une possible intervention de cette coinfection dans la transmission transplacentaire du sérotype 8 est aussi évoquée. Elle reste à explorer.

D’autresétudeseffectuées en Belgique et aux Pays-Bas, portant sur l’analyse des sérums de couples mère-veau, révèlent qu’environ 10 % des vaches qui portent les traces d’une infection ancienne (Elisa+ et PCR -) donnent naissance à des veaux testés positifs à la PCR. Un veau néerlandais né d’une vache non infectée a étonnamment été testé positif à la fois à l’Elisa et à la PCR. Il pourrait s’agir, une nouvelle fois, d’une transmission orale avec du colostrum contaminé, même s’il est impossible d’écarter totalement une infection naturelle par un vecteur dans ce cas.

La “disparition” du virus pendant six mois est peu compatible avec l’hypothèse avancée

Mis en évidence sur le terrain et au laboratoire, ces modes d’infection atypiques ont été avancés comme des voies de transmission alternatives qui pourraient jouer un rôle non négligeable dans le phénomène d’overwintering. Pour James Mac Lachlan, l’un des grands spécialistes mondiaux de la blue tongue, cette hypothèse manque toutefois d’évidence. Il remarque d’abord que le caractère saisonnier du sérotype 8 en Europe du Nord reste similaire à d’autres zones tempérées (comme aux Etats-Unis), où les infections congénitales sont soit non documentées, soit exceptionnelles. En outre, le chercheur californien estime que la “disparition” du virus pendant environ six mois par an dans ces régions est peu compatible avec la stricte hypothèse d’une transmission verticale en hiver.

Les fœtus infectés les premiers mois de gestation naissent en effet avec des tares qui ne leur permettent pas de survivre et, dans le cas des fœtus contaminés enfin de gestation, les études montrent, jusqu’à présent, que l’infection postnatale est passagère. D’après notre confrère américain, si cette étonnante faculté du sérotype 8 à franchir la barrière placentaire des ruminants d’Europe du Nord soulève effectivement de nombreuses interrogations quant à son origine, son introduction ou sa diffusion, il reste à montrer que son cycle de transmission saisonnier diffère de celui des autres souches sauvages du virus de la blue tongue qui ont persisté à travers les âges sans cette voie de transmission verticale.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/6/2008 en pages 12-13.

  • (2) Reverse transcriptase polymerase chain reaction.

Un sérotype pas comme les autres

La capacité du sérotype 8 qui circule en Europe du Nord à franchir la barrière placentaire n’est pas une caractéristique des autres souches sauvages des virus de la blue tongue, notamment des cinq autres sérotypes qui circulent déjà en Europe. Cela le rapproche davantage des souches modifiées en laboratoire par des passages sur des cultures cellulaires ou sur des œufs embryonnés (dont des souches vaccinales).

Toutefois, l’analyse moléculaire du génome du sérotype 8 montre que si la souche est originaire d’Afrique subsaharienne, elle est bien distincte de la souche vaccinale développée pour ce sérotype en Afrique du Sud.

M. B.
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