En santé animale, « mieux vaut prévenir que guérir » - La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1322 du 04/07/2008

Assemblée générale du SIMV. Risques sanitaires émergents

Actualité

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Les industriels du médicament vétérinaire (SIMV), réunis à Paris le 1er juillet dernier, ont évoqué les leçons à tirer des dernières crises sanitaires en Europe.

Le risque de voir se renouveler une crise sanitaire comme celles que l’Europe a subies ces dernières années est réel. Les industriels du médicament vétérinaire en sont d’autant plus conscients qu’ils sont des acteurs majeurs de la gestion de telles crises. Leur rôle est alors de fournir rapidement des moyens de dépistage et de diagnostic (tests, réactifs, etc.), des outils de prévention (vaccins) et de traitement dans des délais les plus courts possible et en quantités suffisantes. Etre en mesure de répondre rapidement à l’émergence d’une maladie suppose une collaboration des secteurs public et privé, une communication et une complémentarité qui doit se développer aussi bien à l’échelon national, communautaire, qu’international.

Une stratégie coordonnée devrait se mettre en place

La gestion de la crise de la fièvre catarrhale ovine en Europe regroupe, à elle seule, toutes les problématiques liées aux maladies émergentes. La difficulté de prévoir quelle maladie, sous quelle forme, va se développer dans une région donnée à une vitesse donnée est délicate à estimer. Une coordination des moyens de détection et de réponse est alors nécessaire. Lors d’une crise sanitaire, la communication est capitale entre les différents acteurs. Les industriels ont besoin des connaissances des chercheurs pour élaborer des méthodes de détection rapides, selon la technologie disponible, et des réponses préventives fiables, qui seront utilisées par les vétérinaires et les éleveurs. « Sur le plan de la communication, nous en sommes encore à l’époque de la préhistoire », a reconnu Monique Eloit (Direction générale de l’alimentation), lors de la table ronde organisée à la fin de l’assemblée générale du Syndicat des industriels du médicament vétérinaire (SIMV), le 1er juillet dernier. Une harmonisation des normes est à espérer au sein de l’Union européenne qui vient de créer un Comité consultatif de santé animale. S’il reconnaît que la création de l’European Technology Platform for Global Animal Health (ETPGAH) a connu « un accouchement dystocique, voire parfois a dépassé le stade de la césarienne pour justifier d’embryotomies », Etienne Bonbon (direction générale Santé et protection des consommateurs de la Commission européenne) souligne son intérêt pour l’approche globale des maladies et pour la lutte précoce dans les pays qui connaissent le plus de difficultés sanitaires. Une adaptation de l’enseignement vétérinaire est également à l’étude, pour préparer de futurs acteurs de la santé animale à l’émergence de nouvelles affections, liée aux changements climatiques aussi bien qu’à la mondialisation des échanges.

Le retour d’expérience doit permettre une meilleure réponse aux cas particuliers

La stratégie mise en place pour lutter contre le sérotype 8 prend en compte des données socio-économiques liées au contexte particulier d’extension de ce sérotype, aussi bien que l’aspect sanitaire. La situation rencontrée avec le sérotype 1 est différente dans la mesure où sa diffusion est en concordance avec les observations réalisées dans des pays infectés depuis longtemps. « La vaccination a pu se faire rapidement et au moment optimal, en période d’inactivité vectorielle et avant une diffusion trop importante », estime Monique Eloit, ce qui permet d’espérer une bonne maîtrise de son extension en France. Cela demeure encore incertain pour le sérotype 8, dont on ignore toujours l’origine et dont la rapidité de diffusion soulève beaucoup d’interrogations.

Chaque crise, chaque maladie présente des particularités et toutes les stratégies ne sont pas applicables à toutes les situations. Ainsi, les retours d’expérience des crises passées sont à envisager avec un temps de recul pour ne pas répéter systématiquement le même scénario et ne pas s’exposer aux mêmes difficultés. Les maladies vectorielles demeurent un problème majeur, tant en santé animale qu’humaine, car la recherche néglige depuis longtemps l’entomologie. « Des études devront être réalisées pour trouver des solutions de lutte, autres que l’utilisation d’insecticides », souligne notre consœur, car l’usage massif de ces produits serait à l’origine de contaminations de l’environnement, de denrées alimentaires, et de l’apparition de résistances.

Objectifs sanitaires versus économie : intérêts divergents ou coopération ?

« L’approche sanitaire, surtout pour des maladies qui n’ont pas d’impact en santé publique, ne peut pas être la seule à prendre en considération. » La prévention des maladies animales suit une volonté politique et économique. Pour des industriels, connaître les orientations gouvernementales est une priorité pour déterminer vers quelles maladies s’orienter. Le problème des affections peu fréquentes, en voie d’extinction ou d’apparition, reste le même : il faut disposer de moyens suffisants au bon moment, et garder des stocks n’est pas toujours rentable. L’attribution de priorités en matière de santé animale se fait d’après le statut déterminé par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), mais aussi selon les politiques d’action choisies. Quand une maladie est éradiquée, le maintien ou non de moyens de lutte relève de la responsabilité du gouvernement, mais « ne doit pas être uniquement supporté par l’Etat », insiste Monique Eloit, en réponse à une critique sur la pénurie de tuberculine intervenue cet hiver. Comme le précise un participant, « les laboratoires vont devoir mettre la main à la pâte ». Dans une optique de mutualisation des moyens, une coopération plus importante entre les secteurs public et privé sera à développer. Dans le cadre des maladies émergentes, c’est encore plus net : le choix de développer des vaccins pour une maladie qui n’existe pas ou peu dans nos pays a des impacts économiques et logistiques à prendre en considération lors de l’élaboration des stratégies de lutte. Il est certain que la prévention revient moins cher que l’apparition d’une crise, mais encore faut-il que des normes existent et soient reconnues par tous.

Le statut sanitaire d’un pays limite le développement des exportations

Pour Jean-Luc Angot, directeur adjoint de l’OIE, « la meilleure façon de se prémunir est d’améliorer la gouvernance des services vétérinaires, au sens large et dans le monde entier, car un seul pays défaillant en matière sanitaire est un danger pour tous ». La plupart des réglementations en santé animale sont fondées sur les recommandations de l’OIE, qui travaille depuis 2006 sur l’évaluation des services vétérinaires des pays qui en font la demande. Les normes élaborées sont matérialisées par l’attribution d’un statut sanitaire par pays et par maladie qui dépend des notifications transmises à l’OIE. La transparence dans ce domaine n’est pas encore acquise partout, pour plusieurs raisons. L’exemple de la grippe aviaire est représentatif : déclarer cette maladie, dans certains pays d’Asie ou d’Afrique, représente un manque à gagner important. Il est donc évident que sans compensation, un paysan préférera vendre ses volailles plutôt que de signaler des animaux malades chez lui, pour assurer sa survie immédiate. C’est dans ces situations que des maladies vont pouvoir perdurer et diffuser.

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