LES CHEPTELS INDEMNES OU CONTRÔLÉS EN IBR DOMINENT - La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008

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Auteur(s) : Agnès Faessel

Plus de la moitié des cheptels français sont sous appellation IBR, A ou B. Les dispositions réglementaires prises en 2006 constituent un tournant dans la lutte contre cette maladie, initialement fondée sur le volontariat. La prochaine étape sera la reconnaissance par l’Europe du plan de maîtrise français et la possibilité de bénéficier des mêmes garanties additionnelles que les pays indemnes pour le commerce intracommunautaire des bovins.

En six campagnes, la proportion de cheptels indemnes de rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) ou contrôlés en IBR a pratiquement doublé en France. Elle est ainsi passée de 28 à 52 % (voir graphique en page 26). La campagne en cours (2007/2008) vient juste de s’achever et son bilan sera connu cet automne. Mais en toute logique, la régulière progression observée depuis la mise en place de la certification (1996) devrait se poursuivre. Elle le devrait d’autant plus que depuis 2006, le dépistage de l’IBR lors de l’introduction de bovins dans un cheptel, ainsi que les dépistages annuels des bovins séropositifs et leur élimination ou leur vaccination sont devenus obligatoires (sauf dérogation).

D’un contrôle volontaire par les éleveurs à une obligation

La qualification des troupeaux français au regard du risque IBR n’est pas nouvelle. Elle fait suite à l’apparition, dans les années 90, de l’exigence de garanties de cheptels de la part de pays importateurs de bovins d’élevage, comme la république Tchèque en 1994. Mais selon les départements ou les régions de France, les règles de qualification adoptées diffèrent. L’élaboration d’un système unique pour l’obtention d’une garantie de cheptel est alors jugée nécessaire par les professionnels. Elle est obtenue avec la création de l’Association pour la certification de la santé animale en élevage (Acersa), en 1996, dont la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire du bétail (FNGDSB) et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) sont les membres fondateurs. Cette association devient un organisme certificateur officiel en 2001 et organise le contrôle de l’IBR, maladie alors non réglementée (voir article en page 27).

La certification des cheptels, A (indemnes d’IBR) ou B (contrôlés en IBR), résulte d’une démarche volontaire des éleveurs (voir encadré ci-dessous). En l’adoptant, l’objectif de l’exploitant est d’obtenir la qualification A. La B ne représente qu’une étape intermédiaire et concerne actuellement moins de 0,9 % des élevages qualifiés.

En raison de la grande proportion d’éleveurs (plus de 60 %) qui appliquent un contrôle sérologique individuel lors de l’introduction des bovins, cette mesure devient obligatoire en mai 2006 (arrêtés des 10 et 17 mai). Dès la fin de la même année (arrêté du 27 novembre 2006), les dépistages sérologiques annuels dans les cheptels, assortis de l’obligation d’éliminer les bovins séropositifs ou de les vacciner, sont également exigés. Cette réglementation s’appuie sur l’article L. 224-1 du Code rural qui permet d’imposer des « mesures collectives de prophylaxie contre une maladie réputée contagieuse ou non », dès lors qu’au moins 60 % des cheptels ou des effectifs y sont déjà soumis. Dans de nombreux départements (seize en 2001), certaines dispositions prophylactiques étaient d’ailleurs déjà obligatoires, par arrêté préfectoral pris en application du même article du Code rural.

La possible application aux maladies non réputées contagieuses des dispositions de l’article L. 224-1 date de 2005. Elle fait suite à l’homologation européenne du programme allemand d’éradication de l’IBR, en 2004. Une telle reconnaissance de la part de la Commission européenne permet en effet à des pays non indemnes, comme l’Allemagne, d’imposer des garanties vis-à-vis du risque IBR aux bovins d’élevage importés (voir encadré ci-contre). Les associations d’éleveurs réclamaient donc la généralisation des mesures de dépistage de la maladie, déjà respectées par la majorité des exploitants. Pour la France, la prochaine étape est de faire reconnaître à son tour par l’Europe un programme de maîtrise de l’IBR visant à son éradication.

Moins de 2 % des bovins sont vaccinés en France

Le bilan de la campagne 2006/2007 conforte le bien-fondé des bases techniques du système de certification français. Ainsi, plus de 99 % des cheptels en appellation A s’y sont maintenus. Les contrôles sérologiques annuels ont révélé en effet des résultats positifs dans 840 cheptels (sur les 114 936 alors en appellation A), résultant de la présence d’un seul animal séropositif (ou de moins de 1 % de l’effectif) dans 622 cas. Parmi ces derniers, 278 ont présenté des résultats négatifs lors du contrôle ultérieur mené pour retrouver l’appellation.

A l’occasion des contrôles effectués lors de l’introduction des bovins, 2,7 % d’entre eux sont décelés séropositifs(1). D’après la FNGDSB, ce chiffre surestime le nombre d’animaux infectés, car il inclut ceux qui sont vaccinés et testés par erreur (l’information de leur vaccination étant méconnue au moment du dépistage). La fédération indique aussi que la séroprévalence de l’IBR est de 4,3 % dans les exploitations laitières testées, et de 14,6 % dans les ateliers viande. Au final, la prévalence de la maladie en France s’élèverait à 10,7 % (en considérant que durant la campagne 2006/2007, près de la totalité des cheptels bovins ont été concernés par les dépistages annuels).

Cette moyenne dissimule de grandes disparités géographiques. Aujourd’hui, huit départements dénombrent un taux de cheptels en appellation A ou B supérieur à 90 % (voir cartes). Les quatre départements bretons, qui en font partie, bénéficient d’une dérogation au contrôle sérologique lors de l’introduction de bovins. Cette dérogation peut être obtenue lorsque plusieurs exigences relatives à la sécurité des échanges sont respectées, notamment une prévalence locale faible de la maladie et la sécurisation des transports. La contamination pendant le transport de bestiaux est d’ailleurs l’une des limites du contrôle sérologique lors de l’introduction, car la séroconversion est en cours au moment du prélèvement sanguin.

Aujourd’hui, la FNGDSB estime à un peu plus de 8 % la proportion des éleveurs de bovins qui vaccinent tout ou partie de leur troupeau contre l’IBR (une sous-estimation est possible). Cette vaccination concerne essentiellement les cheptels allaitants. Globalement, 1,7 % des bovins seraient vaccinés en France. La plupart des animaux qui sont détectés séropositifs lors des dépistages sont d’ailleurs vaccinés. L’abattage est une mesure peu utilisée, selon les constatations de la FNGDSB. La vaccination des bovins sous appellation n’est pas autorisée : « L’emploi de vaccins délétés ou non délétés est interdit chez tout bovin détenteur d’une qualification » (chapitre 2.3.2. du cahier des charges technique), c’est-à-dire chez tous les bovins des cheptels en qualification A et ceux âgés de plus de quarante-huit mois dans les cheptels en qualification B. La vaccination IBR n’est ainsi qu’un outil d’assainissement des troupeaux infectés, et devrait le rester, au moins dans un proche avenir.

  • (1) Données de la FNGDSB.

  • (2) Réf. CC/IBR/01 révision L du 6/4/2006.

Cahier des charges des appellations IBR

La dernière version du cahier des charges technique du système national d’appellation des cheptels en matière de rhinotrachéite infectieuse bovine date de 2006(2). Elle prévoit deux appellations :

- appellation A, ou « indemne d’IBR » : tous les animaux issus du cheptel bénéficient de l’appellation ;

- appellation B, ou « contrôlé en IBR » : seuls les bovins de moins de quarante-huit mois peuvent être vendus ou cédés sous l’appellation.

Le cahier des charges décrit les modalités d’acquisition et de maintien des appellations, la conduite à tenir lors du dépistage de bovins séropositifs, les procédures à respecter dans les cas particuliers et les cas dérogatoires, etc.

Le contrôle de l’IBR en Europe

Les pays ou les régions aujourd’hui reconnus indemnes d’IBR au sein de l’Union européenne sont : la Finlande, la Suède, le Danemark, l’Autriche, la province de Bolzano (Italie), les länder du Haut-Palatinat, de Haute-Franconie et de Bavière (Allemagne). En dehors de l’Union, la Norvège et la Suisse bénéficient aussi de ce statut.

Les programmes d’éradication suivis en Allemagne (dans les autres länder que ceux précédemment cités), dans les provinces italiennes de Trente et de Frioul-Vénétie Julienne et, depuis mars dernier, en république Tchèque sont approuvés par la Commission européenne, ce qui permet à ces pays ou régions de bénéficier de garanties additionnelles pour les échanges intracommunautaires de bovins au regard de l’IBR.

A. F.
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