La gestion efficace de Rhodococcus equi passe par l’amélioration des mesures de prévention - La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1321 du 27/06/2008

Infection bactérienne

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Xavier d’Ablon

Une meilleure connaissance en termes génétiques, biologiques et écologiques s’impose.

L’infection à Rhodococcus equi, véritable fléau, est bien connue dans les élevages de chevaux à travers le monde. Des auteurs australiens, irlandais et anglais ont publié une synthèse(1) des dernières données collectées, en particulier en termes de virulence, d’épidémiologie et de transmission, reprise à l’occasion du dernier congrès de l’American Association of Equine Practitioners (AAEP).

La séquence complète du génome de R. equi a été récemment déterminée par l’International R. equi Genome Consortium, composé de l’Irish Equine Center, de l’université de Bristol et de plusieurs laboratoires répartis dans le monde (y compris en France). Elle donne un aperçu ponctuel de l’évolution de la bactérie et permet de la placer dans le contexte de la génétique des populations. Elle présente une haute variabilité génétique. La connaissance des différents génotypes devrait permettre, en particulier, de les associer avec divers degrés de sévérité et de trouver des marqueurs génétiques utiles en biologie moléculaire dans un but diagnostique, afin d’assister le praticien dans la gestion individuelle de chaque élevage. En effet, les formes cliniques sont variables. Ces connaissances génétiques permettront également de définir des cibles pour le développement de futurs vaccins et, peut-être, d’identifier les mécanismes grâce auxquels R. equi survit dans les fèces et dans le sol.

R. equi vit dans le sol, mais se développe dans le tube digestif des chevaux. L’excrétion fécale joue donc un rôle primordial dans la contamination des pâtures. Les crottins de la plupart des adultes contiennent de 100 à 1 000 CFU de R. equi par gramme, dont moins de 10 % de souches virulentes. Pour leur part, les poulains peuvent excréter de 1 000 à 10 000 CFU/g, avec une proportion plus importante de souches virulentes (10 à 40 %). Cette excrétion est maximale entre l’âge de trois et douze semaines. Chez un foal atteint de R. equi, elle peut atteindre 108 CFU/g, avec 80 % de souches virulentes.

Les fèces des poulains seraient ainsi la principale source de contamination dans les haras. Plusieurs auteurs estiment donc que le ramassage des crottins permettrait de diminuer la pression environnementale.

Les aérosols sont la principale voie d’infection chez le foal

L’infection à R. equi sévit de façon enzootique dans certains haras et de façon sporadique dans beaucoup d’autres. Dans les élevages contaminés, la sévérité et la prévalence de la maladie varient également selon les saisons.

L’incidence et la prévalence les plus élevées sont notées dans les plus grands élevages, avec la plus haute densité de poulains, la plus importante population de chevaux et le plus fort nombre de juments en transit durant la saison de monte.

Il est admis que le facteur de risque le plus significatif est le niveau de R. equi dans l’environnement (sol et poussière). Cependant, des études montrent qu’il n’existe pas de relation entre le taux de R. equi virulent dans le sol et la prévalence de la maladie. La contamination du sol, lors du cycle oro-fécal de transmission, semble être un phénomène insidieux et progressif, sans effet tant que les bactéries restent liées au sol et ne sont pas inhalées. Les aérosols sont la voie majeure d’infection chez le foal. Des études récentes, dont l’une réalisée dans vingt-deux haras australiens, mettent en évidence une corrélation entre le taux de R. equi dans les aérosols et la prévalence de la maladie. Une relation entre les périodes où l’affection est la plus fréquente et celles où un pic de R. equi est observé dans l’air est également démontrée. Un faible taux d’humidité, un niveau d’enherbement réduit et une température extérieure élevée sont autant de facteurs qui favorisent la mise en aérosol de R. equi. C’est pourquoi une quantité élevée de R. equi est retrouvée dans l’air de toutes les zones sèches, poussiéreuses et sales des haras, en particulier les allées, les entrées de paddocks, ainsi que dans les zones de regroupement.

Selon le climat, le taux de R. equi dans l’air peut être plus élevé dans les écuries que dans les pâtures. Une étude menée en Irlande révèle ainsi que le taux de R. equi dans l’air d’écuries où la maladie sévit de manière enzootique est 17,3 fois plus élevé que dans les paddocks.

L’inhalation est donc la voie de contamination majeure, mais la contagion serait également possible. En effet, des souches virulentes de R. equi ont été isolées dans l’air exhalé par des foals malades, mais aussi par des foals asymptomatiques. En outre, l’air des box contient plus de R. equi dans les zones de respiration des foals, une fois la poussière déposée, que pendant les périodes de rassemblement. La transmission peut donc se faire et se maintenir en dépit des mesures de prévention qui visent à diminuer les facteurs de risque environnementaux.

Une meilleure connaissance de la génétique, de la biologie et de l’écologie de R. equi permet et permettra de développer des stratégies efficaces de gestion dans les élevages atteints. La mise au point d’un vaccin constitue un espoir sérieux, mais s’appuyer sur une prophylaxie uniquement médicale, sans mesures de gestion préventives, serait certainement décevant.

  • (1) G. Muscatello, D.P. Leadon, M. Klay, A. Ocampo-Sosa, D.A. Lewis, A. Fogarty, T. Buckley, J.R. Gilgerson, W.G. Meijer, J.A. Vasquez-Boland : « Rhodococcus equi infection in foals : the science of “rattles” », Equine Vet. J., 2007, vol. 39, n° 5, pp. 470-478 ; G. Muscatello et coll. : « Review of the epidemiology and ecology of Rhodococcus equi », AAEP proceedings, 2007, vol. 53, pp. 214-217.

Stratégies de prévention

• Par climat chaud :

- irrigation des allées, des cours, des zones de rassemblement ;

- maintien d’un bon niveau d’enherbement ;

- diminution de la densité des foals et de la taille des lots.

• Quel que soit le climat :

- diminution du temps passé au box ;

- ramassage régulier des crottins ;

- amélioration de l’hygiène ;

- éviter le confinement et les rassemblements de foals.

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