Les grandes entités pathologiques de la jument se retrouvent chez l’ânesse - La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008

Reproduction

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

L’atelier équin du congrès annuel de la SNGTV, en mai dernier, a abordé la reproduction sous l’angle pratique.

Notre confrère Jean-François Bruyas a tout d’abord rappelé les grandes lignes de la réglementation de la monte et surtout les modifications des dispositions survenues au cours des deux dernières années. Ainsi, cette réglementation comporte désormais trois volets : l’approbation des étalons, pour produire dans tel ou tel stud-book(1) selon des critères zootechniques et sanitaires, tous dictés par le règlement de chaque registre ; la reproduction artificielle, avec des contraintes réduites pour la réalisation des inséminations artificielles (suppression de l’agrément des centres de mise en place de semence) ; les exigences sanitaires, qui sont à la fois incluses dans les conditions d’approbation des reproducteurs (propres à chaque stud-book) et dans les obligations des centres de collecte de sperme.

Suivi folliculaire et induction de l’ovulation chez la jument

Le suivi folliculaire ne se justifie que si la jument est en chaleur (signes comportementaux, modifications physiques des organes génitaux). Les changements présentés par le follicule préovulatoire (augmentation de sa taille, variation de sa forme et de sa consistance, perte de contour de la paroi folliculaire) ne sont pas constants ou n’apparaissent que dans les six heures qui précèdent l’ovulation, ce qui rend sa prédiction délicate lors de suivi quotidien.

Des études récentes, effectuées à l’aide d’échographes (munis de sondes de 7,5 ou 8 MHz, voire des Doppler) rapportent des modifications assez subtiles des images échographiques, notamment au niveau de l’aspect de la paroi folliculaire au cours des dernières heures qui précèdent l’ovulation lors de suivi fréquent (toutes les deux heures), difficilement utilisables en pratique. L’ovulation ne survient pas préférentiellement la nuit et se produit lorsque le follicule mesure entre 30 et 70 mm de diamètre, avec une variation d’un animal à l’autre et pour la même jument d’un cycle à l’autre. Un gros follicule ne signifie pas systématiquement une ovulation imminente, des croissances folliculaires en phase lutéale ou en début de gestation surviennent, tout comme des anovulations chez des juments en phase œstrale. L’induction de l’ovulation est utile et indispensable. L’hormone chorionique gonadotrophine (hCG) demeure la molécule de référence. Deux analogues de la gonadotropin-releasing hormone (GnRH) disposent d’une autorisation de mise sur le marché vétérinaire en France : la buséréline (Réceptal®), en injections itératives, ou la desloréline (Ovuplant®), en implants sous-cutanés.

M.-A. Driancourt (Intervet) a présenté l’intérêt de la buséréline pour limiter la mortalité embryonnaire précoce chez la jument (par administration de 40 μg entre J8 et J12 postovulation). Trois essais, réalisés chez mille quatre cents juments traitées et mille cent quarante juments témoins, montrent qu’aussi bien chez les juments de selle (insémination artificielle en sperme frais ou congelé) que chez les pur-sang (saillie naturelle), un tel traitement réduit significativement la mortalité embryonnaire précoce, particulièrement celle qui a lieu entre J8 et J14. Les mécanismes physiologiques responsables de cet effet positif ne sont pas totalement élucidés (effet embryotrophique direct et anti-apoptotique sur les embryons), mais ce traitement présente un intérêt pratique évident chez les juments âgées ou subfertiles.

Des particularités pour la reproduction de l’ânesse

De nombreuses données gynécologiques sont transposables de la jument à l’ânesse, même si cette dernière présente un certain nombre de particularités, comme l’a expliqué notre confrère Emmanuel Lagarde. Il convient ainsi d’installer une ânesse dans une barre adaptée avec une porte basse, car elle aura tendance à s’affaisser plutôt qu’à taper. Le col est long et difficile à cathétériser, les ovaires présentent de nombreux follicules en grappe. Le follicule préovulatoire est plus petit que chez la jument, ce qui rend le suivi ovarien parfois délicat et le recours au souffleur souvent utile.

Le cycle œstral est plus long que chez la jument (en moyenne vingt-six jours) avec un diœstrus de dix-huit jours en moyenne. Le mâchonnement est caractéristique du comportement de chaleurs (souvent observable via une simple fouille rectale). Les ovulations multiples sont fréquentes et les gestations gémellaires également. Selon l’expérience personnelle de notre confrère, les gestations gémellaires chez les ânesses de grande taille (race grand noir du Berry) arrivent souvent à terme.

Sur le plan des affections de la reproduction, les grandes entités pathologiques de la jument se retrouvent chez l’ânesse, comme la rhinopneumonie de forme respiratoire ou abortive et l’exanthème coïtal. A priori, les métrites cliniques ou subcliniques sont peu nombreuses. Cependant, l’une des particularités de l’âne est de porter Taylorella asinigenitalis de façon asymptomatique et assez fréquente, ce qui peut entraîner des réactions croisées, faussement positives avec Taylorella equigenitalis chez les juments qui vivent à proximité des ânesses.

  • (1) Registre contenant la généalogie et les performances des chevaux. Ces règlements de stud-book sont accessibles en ligne sur le site www.haras-nationaux.fr

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