L’OIE TRAQUE LES “CAVALES” DES MALADIES ANIMALES - La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008

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Auteur(s) : Nathalie Devos

Garantir la transparence de la situation vis-à-vis des maladies animales et des zoonoses, assurer la sécurité sanitaire des aliments, promouvoir le bien-être animal et les services vétérinaires, mais aussi apporter son expertise scientifique, telles sont les principales missions de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Née il y a quatre-vingt-quatre ans, elle compte aujourd’hui cent soixante-douze pays membres, répartis sur tous les continents.

La peste bovine, à la fin des années 1880, provoque des crises sanitaires et des famines qui touchent plusieurs continents. Eradiquée en Europe à la fin du XIXe siècle, la maladie est réintroduite en Belgique en 1920 à la suite du transit, dans le port d’Anvers, de zébus importés d’Asie et destinés au Brésil. Cet incident est directement à l’origine de la création, en 1924, de l’Office international des épizooties (OIE), qui deviendra l’Organisation mondiale de la santé animale en 2003, tout en gardant son acronyme historique (voir l’article en page 23).

Si lors de sa création, il y a plus de quatre-vingts ans, la mission de l’OIE visait essentiellement à éradiquer et à contrôler les maladies animales, ses axes de travail sont aujourd’hui beaucoup plus vastes : affections animales et épidémiologie, bien entendu, mais aussi zoonoses, bien-être animal, médicaments vétérinaires et vaccins, évaluation des services vétérinaires, sécurité sanitaire des aliments, ou encore lutte contre le bioterrorisme, etc. L’organisation œuvre donc pleinement aussi pour la santé publique.

Dans le contexte de mondialisation actuel, favorable à la propagation des maladies, l’OIE coopère de façon institutionnelle avec d’autres grands organismes(1), mais aussi sur un plan technique et scientifique avec une quarantaine d’organisations régionales et d’associations professionnelles internationales pour la réalisation de ses objectifs.

Cinq commissions régionales, quatre commissions spécialisées

L’OIE est placée sous l’autorité et le contrôle d’un comité international, composé par les délégués désignés par les gouvernements de ses cent soixante-douze pays membres. Son fonctionnement est assuré via le siège social mondial situé à Paris et placé sous la responsabilité d’un directeur général élu par le comité international. Ce siège applique les résolutions du comité, élaborées avec l’appui de la commission administrative, des commissions régionales et des commissions techniques spécialisées (voir organigramme en page 22).

Il existe cinq commissions régionales (Afrique, Amériques, Europe, Asie/Extrême-Orient/Océanie, Moyen-Orient). Leur objectif est de fournir aux pays membres concernés des services adaptés au plan régional, afin qu’ils puissent renforcer la surveillance et le contrôle des maladies animales dans leur région du monde.

Les commissions spécialisées sont, elles, au nombre de quatre : la commission des normes sanitaires pour les animaux terrestres, celle des normes biologiques, celle pour les maladies animales et celle des normes sanitaires pour les animaux aquatiques. Leurs missions consistent à réunir les informations scientifiques les plus récentes en vue d’étudier les problèmes d’épidémiologie et de prophylaxie des maladies animales, d’élaborer ou de réviser les normes à vocation internationale de l’OIE et de résoudre des questions à caractère technique ou scientifique soulevées par les pays membres.

Les groupes de travail et ad hoc sont au service des commissions spécialisées. Les premiers sont chargés de faire le point en permanence sur les progrès réalisés dans leur domaine de compétence et d’informer les pays membres de l’OIE sur les sujets d’actualité par le biais de réunions scientifiques, de séminaires, d’ateliers et de formations. Trois groupes de travail sont actuellement en activité : le premier pour les maladies des animaux sauvages, le deuxième pour la sécurité sanitaire des aliments et le dernier pour le bien-être animal. Les groupes ad hoc sont, quant à eux, créés et réunis sur la demande du directeur général de l’OIE, afin d’examiner certains sujets scientifiques et techniques. Composés des meilleurs spécialistes mondiaux issus des pays membres, leurs rapports servent de guide aux commissions spécialisées et au comité international pour émettre des recommandations et prendre des décisions.

Vingt-neuf centres collaborateurs et près de deux cents laboratoires de référence

L’OIE travaille aussi en relation étroite avec des centres collaborateurs. Ces centres d’expertise sont désignés pour un domaine de compétence particulier en matière de gestion de questions générales relatives à la santé animale (l’épidémiologie, l’analyse des risques, etc.). Dans leur domaine spécialisé, ils se doivent de fournir une expertise à tous les pays du monde. Trois d’entre eux sont implantés en France : l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV-Afssa de Ploufragan) pour le médicament vétérinaire, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad/EMVT à Montpellier) pour le diagnostic, l’épidémiologie et le contrôle des maladies animales en régions tropicales, et l’Ecole nationale des services vétérinaires (ENSV à Marcy-l’Etoile) pour la formation des vétérinaires officiels.

L’OIE dispose en outre d’un réseau mondial de cent soixante-dix-neuf laboratoires de référence, avec quelque cent cinquante experts couvrant cent une maladies ou thèmes (l’Afssa, le Cirad ou encore certaines écoles vétérinaires figurent aussi parmi les laboratoires de référence). Ils sont nommés pour suivre tous les problèmes scientifiques et techniques relatifs à une maladie particulière figurant sur la liste de l’OIE.

Un laboratoire de référence assure notamment la standardisation des techniques de diagnostic qui relèvent de son domaine de spécialisation. Il peut aussi offrir des stages de formation aux pays membres et coordonner des études scientifiques et techniques en collaboration avec d’autres laboratoires ou organisations.

Par ailleurs, en avril 2005, l’OIE et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont lancé un nouveau réseau scientifique mondial, l’Offlu, pour soutenir les services vétérinaires dans le contrôle de l’influenza aviaire.

Pas d’obligations, mais des lignes directrices regroupées au sein de codes sanitaires

L’OIE met à la disposition des professionnels concernés des lignes directrices en termes de santé animale. Ces normes internationales sont compilées dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres, le Code sanitaire pour les animaux aquatiques, et dans les manuels des tests de diagnostic et des vaccins pour les animaux terrestres et aquatiques. Ces codes fournissent aux chefs vétérinaires des pays membres des recommandations relatives aux mesures à adopter pour élaborer leur réglementation, afin d’assurer la sécurité sanitaire des importations d’animaux et de leurs produits. Ils sont disponibles en quatre langues (français, anglais, espagnol, russe et, bientôt, arabe).

Parce que la détection et l’alerte précoces des maladies par les pays sont une clé essentielle de la lutte contre ces dernières, l’OIE dispose d’un système d’information mondial. Sa base de données est alimentée par ses membres, qui lui fournissent des rapports d’urgence et de suivi des maladies animales, des rapports mensuels et un questionnaire annuel. Les comptes rendus des laboratoires de référence, des centres collaborateurs et des autres organisations internationales complètent le système. Grâce à ces données, l’organisation peut diffuser des messages d’urgence dans le monde entier. Elle fournit également des informations sanitaires hebdomadaires. Les données sanitaires année par année, pour tous les pays, sont consultables sur l’interface web Wahis de l’OIE, mais également via les revues de santé animale éditées par l’organisation.

Grâce à cette gestion et au réseau d’information sanitaire, l’OIE accorde la reconnaissance officielle des statuts concernant des maladies animales certifiées, y compris l’encéphalopathie spongiforme bovine. C’est la seule organisation mondiale capable de le faire.

  • (1) Organisation mondiale de la santé (OMS), Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Organisation mondiale du commerce (OMC), Codex alimentarius, Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV), Banque mondiale, Fédération internationale de la santé animale (IFAH), Association mondiale vétérinaire (AMV), autres organisations régionales (Commission européenne, UA-Bira, PAHO, OIRSA, IICA, SADC, CEBEVIRHA).

Les objectifs de l’OIE

• Garantir la transparence de la situation des maladies animales et des zoonoses dans le monde et prendre des mesures de protection.

• Collecter, analyser et diffuser l’information scientifique vétérinaire, en travaillant sur la base d’un réseau mondial.

• Apporter son expertise et stimuler la solidarité internationale pour contrôler les maladies animales.

• Garantir la sécurité du commerce mondial en élaborant des normes sanitaires pour les échanges internationaux des animaux et de leurs produits dans le cadre du mandat confié à l’OIE via l’accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) de l’OMC.

• Promouvoir le cadre juridique et les ressources des services vétérinaires au sens large (vétérinaires, éleveurs, autres professionnels concernés).

• Garantir la sécurité sanitaire des aliments et promouvoir le bien-être animal en utilisant une approche scientifique.

N. D.
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