Autoriser de nouveau l’accès des vétérinaires à un arsenal thérapeutique anticancéreux suffisant

L’accès des vétérinaires à des médicaments anticancéreux délivrés en officine a été brusquement réduit en 2004, à la suite d’une réforme menée dans le secteur humain. Nombre d’affections, particulièrement la majorité des tumeurs épithéliales, sont désormais orphelines de tout traitement médical adapté accessible. A l’initiative du Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires, un groupe de travail sur les médicaments anticancéreux en médecine vétérinaire a été formé en décembre 2006. Il réunit de nombreux acteurs du monde vétérinaire et de la santé⁽¹⁾. La nécessité de permettre à la profession d’accéder de nouveau à un arsenal thérapeutique anticancéreux suffisant pour répondre à l’attente du grand public fait l’unanimité au sein de ce groupe. Elle requiert cependant un cadre qui, garantissant de bonnes pratiques d’utilisation de ces principes actifs, limite le risque d’exposition des acteurs de la chaîne de soins, des personnes et de l’environnement. Une solution permettant à la profession d’offrir ce type de garanties a donc été recherchée.

Le groupe de travail nous a missionnés pour élaborer un Guide de bonnes pratiques relatif à l’emploi des médicaments anticancéreux en pratique vétérinaire, en collaboration avec la Direction générale de la santé et la Direction générale de l’alimentation. Actuellement en cours de finalisation, il comporte une première partie opposable qui sera publiée sous la forme d’un arrêté. Parallèlement, un article réglementaire appuyant et encadrant ces dispositions sera introduit dans le Code de la santé publique (objectif : second semestre 2008). Une demande d’inscription sur la liste prévue à l’article R. 5141-122 de médicaments anticancéreux à usage humain soumis à prescription restreinte et considérés comme indispensables pour la pratique vétérinaire (en l’absence d’un médicament vétérinaire équivalent) pourra alors être envisagée afin de les rendre accessibles aux vétérinaires. Les éventuelles demandes d’autorisation de mise sur le marché pour des médicaments vétérinaires anticancéreux pourront être examinées par l’Agence nationale du médicament vétérinaire, sous réserve également de la mise en place par les confrères des bonnes pratiques relatives à l’emploi de ces substances.

L’objectif de la première partie du guide est de maîtriser la toxicité des médicaments anticancéreux vis-à-vis de ceux qui les manipulent et de l’entourage des animaux traités, de façon à garantir une sécurité optimale des personnes, et à protéger l’environnement lors de l’élimination des déchets contaminés. Son caractère opposable sous-entend un réel engagement des professionnels à appliquer les règles qui y sont déclinées pour chaque utilisation de médicament anticancéreux (information du personnel et des propriétaires d’animaux concernant les risques inhérents à l’emploi de ces produits, protection des professionnels lors de leur préparation et de leur administration, hospitalisation des animaux traités, etc.).

La seconde partie du guide est constituée de fiches techniques évolutives, non opposables, élaborées pour guider les vétérinaires dans la mise en œuvre pratique de ces mesures au cours des différentes étapes.

• (1) Direction générale de la santé, Direction générale de l’alimentation, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, Agence française de sécurité sanitaire des aliments, Agence nationale du médicament vétérinaire, Conseil supérieur de l’Ordre, Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, écoles vétérinaires, Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie, Association vétérinaire équine française, Société nationale des groupements techniques vétérinaires, Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire et réactif. Ndlr : la version intégrale de ce courrier est consultable sur le site WK-Vet.fr (rubriques “revue”, “Semaine Vétérinaire”, “compléments d’articles”).