Les étudiants vétérinaires aiment être acteurs de la solidarité plutôt que simples donateurs - La Semaine Vétérinaire n° 1319 du 13/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1319 du 13/06/2008

Associations caritatives

Éclairage

VIE DES ÉCOLES

Auteur(s) : Camille Ninio

Ils sont attirés par les actions en relation avec leur formation, le cœur n’étant jamais loin de la tête.

L’Anophèle se pique d’humanitaire

Anophèle est le nom bien connu d’un moustique vecteur du paludisme mais, dans le milieu associatif nantais, ce terme est aussi porteur d’espoir. Sous cette appellation se dissimule en effet l’Association nantaise œuvrant pour les projets humanitaires et la lutte contre l’exclusion (www.anophele.org). Fondée voici onze ans par des élèves de médecine, elle s’est construite en partenariat avec des étudiants maliens appartenant à l’association Rhodar, au travers de projets sanitaires et de développement au nord-est du Mali.

Une section vétérinaire de l’Anophèle s’est ouverte à l’école vétérinaire de Nantes il y a trois ans, à la demande des éleveurs maliens de la région. Pour la période 2007-2008, elle est présidée par Manuelle Miller, étudiante en troisième année, particulièrement impliquée : « Nous participons à la journée de lutte contre le Sida, à celle contre le paludisme, au Téléthon, à la semaine de la solidarité, etc. Pour ces événements, les étudiants de médecine prennent les rênes et nous leur prêtons main-forte. Dorénavant, côté vétérinaire, je voudrais initier davantage de projets de sensibilisation au niveau local, par exemple relayer la campagne d’Alimenterre(1) en organisant des expositions dans les écoles, les restaurants universitaires et d’autres lieux de passage des étudiants. Nous élaborons déjà des actions pour communiquer sur nos missions et récolter des fonds, comme des soirées, l’empaquetage des cadeaux de Noël dans des magasins du centre-ville, ou encore les opérations “bol de riz”. » Celles-ci ont lieu deux ou trois fois par an dans les restaurants universitaires partenaires. Il s’agit de proposer aux étudiants de troquer leur repas habituel contre un bol de riz et une pomme, pour la somme de 2 €. C’est l’occasion de faire une bonne action tout en réfléchissant à la sous-alimentation. Anophèle récolte entre 200 et 300 € par opération, qui s’ajoutent aux diverses subventions publiques et privées.

Cet argent est dédié au projet Mali. Il permet de financer la logistique nécessaire à la présence sur place des étudiants français et maliens pendant un mois (frais d’avion et de visa non compris). Cette année, il contribuera en outre à la constitution d’un stock d’aliments pour les éleveurs maliens qui s’organisent en coopérative et géreront eux-mêmes les stocks à l’avenir.

Manuelle consacre beaucoup de son temps à l’association. « En moyenne entre six et sept heures par semaine, même si cela dépend des périodes. En fait, je suis de plus en plus impliquée, c’est une vraie spirale », souligne-t-elle. L’été dernier, elle a passé un mois au Mali et en est revenue ravie par ses rencontres et fermement décidée à travailler dans le domaine du développement : « Après seulement une semaine à côtoyer les gens là-bas, tu sais qu’ils feront partie de ta vie pour toujours. »

Des consultations gratuites pour les plus démunis

Des consultations vétérinaires gratuites ? Des étudiants de première année en clinique ? Cela existe grâce à des étudiants de l’école d’Alfort qui ont fondé la Sapah (Soigner l’animal pour aider l’homme) en 2001. Cette association réunit des étudiants et des professionnels du milieu vétérinaire désireux de mettre leurs compétences à la disposition des plus démunis. Une fois par mois, dans les locaux de la Croix-Rouge à Maisons-Alfort, la Sapah accueille des propriétaires sans ressources pour des consultations gratuites. Les visiteurs sont souvent informés de l’existence de ces consultations par la Croix-Rouge ou par le bouche à oreille. Vaccination, lutte contre les parasites, et consultations de contrôle constituent l’essentiel du programme. Des étudiants de première ou de deuxième année réalisent un premier examen clinique, puis ceux de quatrième ou de cinquième année prennent le relais. Puis la petite équipe présente le cas à un vétérinaire, praticien libéral ou enseignant.

Pour les étudiants de première année, il s’agit d’une occasion inespérée de s’initier à l’examen clinique. Pour leur part, les élèves plus avancés s’entraînent à gérer une consultation, en particulier son aspect relationnel. Bien entendu, les personnes sans ressources, dix à quinze par après-midi, y trouvent leur compte. En outre, elles peuvent profiter gratuitement, selon les arrivages, de médicaments ou d’aliments vétérinaires. La Sapah a reçu l’aval du Conseil de l’Ordre pour la conduite de ces consultations gracieuses.

Si ce fonctionnement peut sembler idéal, le problème du développement et de la pérennité de l’association se pose. En effet, la Sapah reprend forme aujourd’hui, après une année passée à se reconstruire, grâce aux efforts d’une poignée d’étudiants de deuxième année. Avec l’appui du nouveau directeur de l’école d’Alfort, les consultations de l’association ont été réintégrées dans l’enseignement optionnel, ce qui ôte le souci lié à l’assurance et permet de motiver davantage d’étudiants. L’ENVA est un véritable partenaire de la Sapah, puisqu’elle prend en charge la moitié des frais lorsqu’un cas est référé à l’établissement. Une dizaine d’enseignants participent également à l’encadrement ou à la logistique de l’association. En outre, les personnes impliquées, parmi lesquelles des confrères libéraux, sont toutes bénévoles. Les médicaments et les aliments sont récoltés auprès des praticiens ou des laboratoires. Mais pour compléter les stocks de pharmacie, par exemple, dont l’approvisionnement fluctue selon les donations, il faut puiser dans la trésorerie de l’association. Les étudiants du bureau actuel envisagent en outre “d’investir” dans une seconde table de consultation, une balance et un microscope. Car pour ces futurs vétérinaires, le professionnalisme est de mise : « Nous réalisons des consultations gratuites, mais pas des consultations au rabais », insiste Audrey Gutierrez. Membre du bureau, elle a rejoint l’association, car « c’était le seul moyen, dès la première année, de toucher des animaux. Et puis j’ai été séduite par le concept. En plus, les trois quarts des gens qui viennent sont adorables. Cela fait plaisir de voir qu’ils nous font confiance. D’ailleurs, ils n’hésitent pas à nous appeler docteurs ! ». Quant à Arnaud Chatry, l’actuel trésorier de la Sapah, il voulait s’engager dans une association humanitaire développant une action concrète et mettant à profit le métier de vétérinaire. Son expérience dans les locaux de la Croix-Rouge répond à ses attentes, en particulier en termes de contacts humains.

Aujourd’hui, il envisage d’être bénévole dans une telle structure une fois diplômé, quitte à exporter le concept.

Un dispensaire tenu par des étudiants

Le Dispensaire vétérinaire étudiant de Lyon a ouvert le 20 mars dernier. Son principe ressemble à celui de la Sapah, mais le groupe formé par les étudiants et le vétérinaire (un interne ou un professeur) se déplace directement dans trois foyers d’accueil de SDF de la ville de Lyon, les jeudis après-midi, pour mettre en œuvre des actions préventives (prophylaxie, traitement des parasitoses).

Cette initiative étudiante s’est concrétisée grâce à l’obtention d’une bourse, le partenariat avec un laboratoire pharmaceutique (Merial) et le feu verts des différentes instances concernées (Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, Union vétérinaire Rhône-Alpes, ville de Lyon et Ordre des vétérinaires).

Cariboum fait la fête au profit des enfants

A l’école de Lyon, des soirées, il y en a beaucoup. Mais celle du club Cariboum, organisée chaque année juste avant Noël, est particulière. Elle permet de faire la fête, mais aussi une bonne action. Chaque participant apporte un jouet neuf comme ticket d’entrée. Les jouets récoltés (près de trois cents) sont donnés à la Croix-Rouge, qui les distribue comme cadeaux de Noël aux enfants des familles défavorisées.

Mais le club Cariboum ne se résume pas à cette initiative. Tout au long de l’année, il récolte des fonds, grâce notamment à la vente d’un calendrier, de vin chaud et de bougies pour de la fête des lumières(2). La Solid’R party, organisée dans Lyon grâce au soutien de nombreux partenaires, permet la plus grosse récolte de fonds de l’année. La somme obtenue, entre 4 000 et 7 000 €, est reversée à Handi’chiens (www.handichiens.org) pour financer la formation de chiens d’assistance (11 000 € la formation) pour les personnes handicapées motrices.

  • (1) Le collectif Alimenterre réunit plus de cent soixante associations en collaboration étroite avec des organisations du Sud et qui plaident pour le respect de l’agriculture familiale, contre la pauvreté et pour le droit à l’alimentation.

  • (2) Le 8 décembre, pour la fête traditionnelle des lumières, les habitants de la région lyonnaise allument des bougies à leurs fenêtres.

  • Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1293 du 7/12/2007 en page 40.

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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