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Surveillance sanitaire de la faune sauvage
Formation continue
FAUNE SAUVAGE ET NAC
Auteur(s) : Marie Sigaud
Créé en 1986 par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, le réseau Sagir s’étend à l’ensemble du territoire métropolitain et vient d’être mis en place dans un département d’outre-mer : la Martinique.
Le réseau national de surveillance sanitaire de la faune sauvage (Sagir) a été créé en 1986 pour remplacer l’enquête sur la mortalité anormale du gibier initiée en 1972. Son premier objectif est la mise en évidence des principales causes de mortalité au sein la faune sauvage (épizooties, intoxications, etc.) afin de proposer des mesures pour les éliminer ou en réduire l’impact.
Ce réseau permet ainsi d’assurer la remontée et la diffusion de l’information, et donc la mutualisation des connaissances détenues par les différents partenaires (voir encadré en page 47) sur les maladies de la faune sauvage et leurs conséquences sur les populations.
Il repose d’une part sur la collecte et l’analyse d’animaux retrouvés morts appartenant à la faune sauvage, et permet d’autre part d’alerter les différents partenaires dès l’apparition d’une mortalité anormale ou de lésions caractéristiques. Plus de trois mille cinq cents analyses sont réalisées chaque année et la part des espèces non gibier augmente tous les ans.
Sagir intervient également au sein des réserves naturelles (près de 60 000 ha) gérées par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), dans le cadre de programmes de gestion ou de recherche sur la faune sauvage. Les coûts du réseau incombent principalement aux Fédérations départementales des chasseurs (FDC) et à l’ONCFS.
Depuis sa création, le réseau Sagir a permis de mettre en évidence de nouvelles maladies, de collecter de nombreuses données sur la pathologie de la faune sauvage et de suivre plusieurs épisodes de mortalité massive. Ainsi, en réponse à l’observation de mortalités anormales de chevreuils dans plusieurs zones différentes, des études dédiées à cette problématique ont été lancées dans le cadre du réseau. Les informations ainsi récoltées ont permis de mieux comprendre le phénomène, certainement lié à des causes multifactorielles plutôt qu’à l’introduction d’un nouvel agent pathogène. L’augmentation de la densité au sein d’une même population, une charge parasitaire importante, etc., ont été des facteurs de risque mis en cause lors de ces épisodes. Des travaux de parasitologie et la toxicologie sont toujours en cours pour élucider ces mortalités.
Depuis quelques années, le réseau Sagir est de plus en plus souvent associé à des programmes qui se situent à l’interface sanitaire entre la faune sauvage et les animaux domestiques. C’est le cas pour la surveillance de la peste porcine classique chez les sangliers. Cette maladie virale très contagieuse atteint tous les suidés et peut engendrer des pertes économiques importantes dans les élevages de porcs. Grâce à ce suivi, des mesures de prévention ont pu être mises en œuvre pour limiter la diffusion de la maladie au sein de la population de sangliers, mais aussi pour éviter la contamination des exploitations porcines. Cela illustre bien la devise du réseau : « Surveiller pour agir. » De même, Sagir est l’un des éléments centraux dans la surveillance de l’influenza aviaire et du virus du West Nile sur le territoire français.
En dehors des études ciblées menées au sein des réserves gérées par l’ONCFS, plusieurs biais, avec en tête la faible représentation de certaines espèces et l’absence de plan d’échantillonnage, empêchent Sagir d’être un véritable réseau d’épidémiosurveillance. Mais il demeure tout de même un outil précieux.
Le réseau a observé, au cours des dernières années, différents épisodes de mortalité au sein de la faune sauvage, liés en majorité à des intoxications ou à des causes infectieuses. Les intoxications sont souvent la conséquence directe de certains traitements agricoles. C’est le cas des intoxications à la bromadiolone (un anticoagulant utilisé comme rodenticide contre les campagnols) relevées chez les prédateurs en bout de chaîne alimentaire, comme les renards ou certains rapaces, ainsi que les intoxications de pigeons au futhiocarbe (produit d’enrobage des semences).
Du côté des agents infectieux, les maladies bactériennes arrivent en tête, avec le botulisme chez les oiseaux aquatiques provoqué par la bactérie Clostridium botulinum, ou la leptospirose qui a fait l’objet d’une attention particulière, notamment chez les ragondins.
Les maladies virales sont également présentes, avec, entre autres, le syndrome du lièvre brun européen (European Brown Hare Syndrome, EBHS) provoqué par un calicivirus qui a été retrouvé dans plus de quatre-vingts départements français. En dehors des maladies virales, bactériennes, des infestations parasitaires ou encore des intoxications, les autres causes de mortalité relevées par le réseau sont diverses et souvent simplement d’origine traumatique (collision, prédation, chasse, etc.).
Sagir repose sur un réseau d’observateurs de terrain répartis sur l’ensemble du territoire national. Tous sont détenteurs d’une autorisation spéciale délivrée par le ministère de l’Environnement pour la manipulation et le transport d’animaux sauvages jusqu’au laboratoire. Dans chaque département, deux interlocuteurs techniques (qui appartiennent respectivement au service départemental de l’ONCFS et à la Fédération départementale des chasseurs) coordonnent les différents observateurs. Chaque animal collecté est envoyé au Laboratoire vétérinaire départemental correspondant pour la réalisation d’analyses. Si besoin est, le prélèvement est transmis par le LVD au laboratoire d’écotoxicologie de l’ENV de Lyon ou à un autre laboratoire spécialisé. Les résultats sont alors envoyés à l’Afssa de Nancy qui se charge de les compiler et de les communiquer à l’administrateur du réseau qui, à son tour, retransmet les données à l’ensemble des partenaires de Sagir, généralement sous la forme d’une lettre d’information.
M. S.Le réseau Sagir repose principalement sur la collaboration de trois entités : l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, les Fédérations départementales des chasseurs – ces deux acteurs sont liés par une convention cadre – et les laboratoires d’analyses départementaux. D’autres acteurs, comme l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments de Nancy qui se charge de la gestion des données, le laboratoire de toxicologie de l’école de Lyon et d’autres laboratoires spécialisés, sont également partenaires du réseau. La Direction générale de l’alimentation et les Directions départementales des services vétérinaires peuvent aussi solliciter le réseau Sagir dans le cadre de plans de surveillance, généralement liés à la santé publique.
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