LA CYNOPHILIE SE MODERNISE ET TENTE D’ÉVOLUER EN FILIÈRE - La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1318 du 06/06/2008

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Auteur(s) : Marine Neveux

La cynophilie est en pleine mutation actuellement. Cette évolution est le fruit de la volonté des protagonistes de moderniser et de développer l’élevage canin français, de valoriser sa qualité dans un contexte qui, aujourd’hui, ne connaît plus de frontières quand il s’agit de trouver un chien d’exception. L’objectif est aussi de suivre le sens du courant des changements préconisés par les groupes de réflexion créés par le président de la République dans le cadre du Grenelle de l’animal.

La Société centrale canine (SCC) a affirmé, par la voix de son président, Gérard Arthus, sa volonté de prendre le double virage de l’intégration au sein d’une filière à part entière et de la modernisation, lors de son assemblée générale du 23 mai dernier. Dans ce cadre, il a présenté la démarche de l’Institut national de l’animal de compagnie (Inac), « créé par les éleveurs au service de l’élevage », et qui entend fédérer plusieurs acteurs professionnels du secteur (voir encadré).

Au sein de l’Inac, « nous allons nous retrouver ensemble, nous avons des positions communes à prendre, même si chacun a ses spécificités », a commenté Alain Chevalier, président de l’Union ornithologique française (UOF), qui est associée à ce regroupement.

André Varlet, responsable des relations extérieures de la SCC, a souligné aussi la place dévolue à la Société centrale d’aviculture de France (Scaf), qui regroupe les éleveurs d’animaux de basse-cour et d’ornement. « Nous sommes dans une logique de développement de filière. » C’est d’ailleurs dans cette optique que, lors de la dernière édition du Salon de l’agriculture, le hall 4 a rassemblé tous les protagonistes de l’animal de loisir (filières du cheval et de l’animal de compagnie). « A terme, a poursuivi André Varlet, nous souhaitons fomer des pôles : celui de l’élevage et de la sélection, celui de la santé (en collaboration avec la profession vétérinaire) et celui de la formation. »

Pour se débarrasser d’une image poussiéreuse tenace, Gérard Arthus a en outre tenu à préciser que « la volonté de la SCC est également de se moderniser ». Son rapprochement avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) s’inscrit dans ce cadre. La présence d’un représentant de la fédération, Jean-Luc Poulain, a permis d’expliciter cette démarche commune de « filière d’élevage », à laquelle le secteur canin se rallie. Jean-Luc Poulain a rappelé au président de la SCC que « la notion de filière va s’imposer à vous dans les années à venir. Avec les chasseurs, avec lesquels nous avons pris des contacts, nous pouvons former une famille pour promouvoir nos productions, voire pour nous défendre des attaques de certains ». Le représentant de la FNSEA a souligné la nécessité de travailler ensemble, même si « nous n’avons pas tous la même conception de ce qu’est l’animal, mais nous avons tous la même approche de sa pérennité ».

« Nous avons signé un contrat de partenariat avec la FNSEA qui représente un certain poids, a indiqué Gérard Arthus. Ce grand syndicat est plus efficace que la SCC pour obtenir des rendez-vous au ministère ! »

L’impact de la future loi sur les chiens dangereux reste à préciser

Des changements devraient également intervenir avec la loi à venir sur les chiens dangereux. Le Fichier national canin, géré par la SCC, sera touché. Les évaluations comportementales et les morsures devraient en effet faire l’objet d’une déclaration enregistrée via ce dispositif de gestion de l’identification des carnivores domestiques. Si cela se confirme, selon Gérard Arthus, « le traitement automatisé du fichier canin assurerait le suivi administratif des obligations auxquelles les propriétaires et les acquéreurs successifs sont astreints. En outre, le législateur devrait confirmer l’élargissement de la mission du fichier canin au suivi statistique et administratif de la population canine ».

Jean-Paul Petitdidier, vice-président de la SCC, a aussi évoqué le passage en seconde lecture du projet de loi sur les chiens dangereux à l’Assemblée nationale, le 15 mai dernier(1). Si la création d’un observatoire général des morsures permettra, selon lui, de se faire une idée plus juste de la situation, cela devrait en revanche « poser quelques problèmes, car il s’agit d’y mettre toutes les espèces ». Il a rappelé que la SCC avait demandé la suppression de la catégorisation des chiens, mais qu’elle n’a pas été entendue, comme le déplorent aussi les éleveurs canins. Jean-Paul Petitdidier s’est néanmoins félicité que le critère d’un seuil de poids n’ait pas été retenu. En outre, la SCC avait proposé de moderniser le fichier canin en centralisant les informations sur les morsures signalées dans les cabinets vétérinaires, etc. Elle a aussi proposé au législateur sa structure associative en matière de formation à l’éducation canine. Forte de mille quatre cents associations, « nous accueillons à peu près cinquante mille chiens par an et nous sommes en mesure d’exercer notre activité sur une nouvelle population équivalente ».

Sur l’évaluation comportementale des chiens mordeurs ou catégorisés, qui sera réalisée par les vétérinaires selon une liste arrêtée par le préfet du département, le positionnement de la SCC est clair : « Nous disposons du potentiel technique pour effectuer ces évaluations, mais nous ne souhaitons pas engager nos experts qui exercent sous statut associatif dans des procédures juridiques qui ne manqueront pas d’apparaître en cas de contestations. Pour ce travail, seul le vétérinaire inscrit à l’Ordre professionnel peut être en mesure de supporter des recours juridiques ou des voix de fait qui devraient malheureusement en dissuader beaucoup » (sic), a estimé Gérard Arthus.

Des enjeux issus des réunions “animal et société”

La SCC participe au Grenelle sur la place et le statut de l’animal dans notre société, engagées par le gouvernement, et plus particulièrement au groupe de réflexion sur l’animal dans la ville, présidé par le journaliste Jacques Pradel, avec notre confrère Stéphane Martinot (directeur de l’école vétérinaire de Lyon) à la vice-présidence. « C’est une réussite dans la mesure où nous avons réuni des gens d’horizons différents, pu nous mettre autour d’une table et travailler ensemble », a commenté Jean-Paul Petitdidier.

L’une des thématiques abordées lors de la première réunion est l’éducation et la formation du public et des propriétaires. Il est envisagé, pour y répondre, la rediffusion par le ministère de l’Agriculture du livret de responsabilisation des maîtres, paru en 2004. Pour le volet destiné aux enseignants et aux enfants, « nous travaillons sur un cédérom de prévention pour les enfants de cinq à huit ans demandé par le ministère », a précisé Jean-Paul Petitdidier. Quant à l’élevage et à la commercialisation, « il est admis que ce secteur doit devenir une filière comme une autre ».

Les enjeux sont d’importance, car des défis restent à relever dans les domaines de l’amélioration du circuit de distribution (traçabilité des animaux), de la moralisation de cette filière (élevages clandestins et importations illicites), de l’identification, etc.

  • (1) Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/5/2008 en pages 14-15.

L’Inac

L’Institut national de l’animal de compagnie fédère les acteurs du monde de l’élevage :

- la Société centrale canine (SCC) ;

- le Livre officiel des origines félines (Loof) ;

- l’Union ornithologique française (UOF) ;

- la Société centrale d’aviculture de France (Scaf).

Il fait aussi l’objet d’un partenariat avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).

M. N.

L’alliance latine en devenir

« Avec l’Italie, nous gérons 33 % des naissances de chiens de race des vingt-sept pays de l’Union européenne », a expliqué Gérard Arthus. Pour le président de la Société centrale canine, l’objectif de cette alliance latine est de regrouper les pays qui prônent une cynophilie complète et non l’élevage d’hypertypes.

L’Italie pratique presque la même politique que la France. Chypre, l’Allemagne, Porto Rico, Panama et le Luxembourg comptent aussi une voix dans cette alliance.

L’entrée de la Grèce est en projet.

M. N.
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