Un épisode abortif à Coxiella burnetti est suspecté dans un élevage laitier - La Semaine Vétérinaire n° 1317 du 30/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1317 du 30/05/2008

Pathologie bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean Andreu

Fonctions : Praticien à Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère)

La fièvre Q aurait pu mettre en péril l’exploitation, tournée vers la production artisanale.

Le 3 avril 2006, nous sommes appelés dans l’élevage du Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) X, à Y-sur-L., pour réaliser un prélèvement obligatoire systématique après un avortement. Il s’agit d’un élevage laitier de montbéliardes, de taille moyenne, qui produit artisanalement des fromages fermiers au lait cru (60 % environ de la production), vendus sur les marchés, et qui livre en laiterie le restant de sa production (à l’heure actuelle, une nouvelle filière a été créée grâce à la confection de yaourts et de fromages blancs par le biais d’une coopérative composée de huit éleveurs).

Deux animaux se révèlent positifs sérologiquement

La vache qui a avorté ne présente aucun symptôme infectieux, son état général est bon, mais le prélèvement révèle une sérologie positive à la fièvre Q. Elle est placée sous tétracycline à la dose de 10 mg/kg/j pendant cinq jours par mesure de protection, ainsi que sa voisine dans l’étable qui présente une baisse de production laitière sans autre signe pathologique. Sur les conseils de la Direction départementale des services vétérinaires (DDSV) de la Lozère, un prélèvement de sang est effectué dans un premier temps sur le quart du troupeau laitier puis sur son ensemble, ainsi que sur toutes les génisses âgées de plus de deux ans, en vue de réaliser une analyse sérologique individuelle de toutes les productrices et des futures productrices vis-à-vis de la fièvre Q. Lors de la première analyse, la sérologie se révèle positive pour une vache et un taureau sur onze individus testés pris au hasard, et l’un des prélèvements est jugé douteux. La faible prévalence (2 sur 11, soit moins de 20 %) retenue écarte l’hypothèse d’une grave infestation mettant en danger la santé publique et les seules mesures obligatoires prises sont le retrait du lait de la vache qui a avorté du circuit de consommation et, a fortiori, de celui de confection de fromages au lait cru. Cela s’applique aussi pour la vache séropositive.

La vaccination concerne les vaches séropositives révélées lors du screening

Les recommandations de l’Association pour la certification de la santé animale (Acersa) relatives au diagnostic de certitude de fièvre Q faisant état de conditions non remplies dans ce cas, cela permet de lever l’hypothèse d’une contamination à Coxiella directement liée à l’avortement. Lors d’une conférence téléphonique entre la DDSV, l’éleveur et nous-mêmes, la vaccination de toutes les vaches séropositives révélées lors du screening de l’ensemble du troupeau (8 sur 44) est également décidée.

Seul le lait des vaches séronégatives est alors utilisé pour la fabrication de fromages artisanaux. Une surveillance annuelle globale et individuelle (en cas de troubles abortifs ou infectieux ou lors de nouvelles introductions) est instituée (un seul avortement depuis, non imputable à la fièvre Q).

Les tests PCR, préconisés par la DDSV de façon facultative sur les fromages, pendant une période à définir, réalisés de façon expérimentale et à sa charge, ne sont pas retenus, car il sont jugés trop peu fiables. A l’issue de la deuxième vaccination, la production de lait de toutes les vaches peut être destinée à la fabrication des fromages au lait cru.

L’avortement était-il réellement lié à Coxiella burnetti ?

Cette grave zoonose aurait pu mettre en péril l’élevage dans lequel elle s’est déclarée, en raison de sa particularité en matière de production artisanale. La patente sanitaire pour la vente de fromages au lait cru sur les marchés aurait en effet pu être retirée à l’éleveur. La pasteurisation détruit les éléments éventuellement infectieux d’un lait de vache ou de brebis provenant d’un individu atteint de fièvre Q, mais le lait de fromages au lait cru ne supporte pas le moindre chauffage, comme son nom l’indique.

Les textes réglementaires font état d’une prévalence supérieure à 50 % avec une expression clinique chez la majorité des individus porteurs ou sérologiquement atteints pour pouvoir poser un diagnostic certain d’épisode infectieux à Coxiella burnetti. Ils ont donc permis de ne pas attribuer de façon certaine l’avortement constaté à cet agent infectieux, d’autant que le cas d’avortement observé était isolé. La question se pose de savoir si ce dernier était réellement dû à Coxiella burnetti ou est intervenu chez un individu porteur d’anticorps issus d’une infection ancienne à Coxiella, sans qu’il y ait eu de lien de cause à effet entre l’avortement et le germe responsable de la séropositivité.

Le mode de production artisanal est une force pour un élevage situé dans un territoire de moyenne montagne, dont l’ancrage au terroir génère une vente de proximité qui présente beaucoup d’attrait aujourd’hui. Mais il aurait pu être arrêté en raison même de son mode de fabrication, qui comporte une “faiblesse” sanitaire, que la pasteurisation sur les chaînes de production en laiterie ne présente pas.

L’imagination créative de certains éleveurs pour faire face à des conditions d’exploitation qui génèrent une moindre plus-value doit tenir compte de tous les critères en présence, aussi bien économiques que sanitaires.

Une étude chiffrée de l’incidence de cet épisode infectieux pourrait être réalisée, mais sa portée ne nous apparaît pas significative, pas plus en tout cas que le coût d’une simple protection vaccinale contre le virus de la diarrhée virale bovine (BVD) ou les diarrhées néonatales, dans la mesure où la production n’a pratiquement pas été interrompue dans cet élevage et où les mesures prises ont été peu coûteuses (hormis le remplacement du taureau).

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