Que vous apporte l’exercice dans un centre hospitalier vétérinaire ?

Le travail en équipe est un réel plaisir

Disposer d’un outil professionnel agréable est une chance. Le travail en équipe est aussi un réel plaisir, avec des échanges et une analyse “multicerveaux” des cas. En contrepartie, la difficulté du pilotage d’un tel navire (gestion du personnel, financière) est proportionnelle à sa taille. Maintenir le cap nécessite une attention constante. Dans une telle structure, tout est amplifié, joies et peines. Mais la qualité du service rendu, de l’outil utilisé, et les relations créées sont une chance proportionnelle aux volumes du lieu, du matériel, du personnel et de la clientèle. Sans oublier le plaisir de faire ce que l’on aime et déléguer le reste. Certaines organisations sont possibles, inenvisageables ailleurs, notamment avec les auxiliaires. A partir d’un tel niveau de collaboration, les problèmes de délégation d’actes, tant débattus, sont intégrés dans la pratique quotidienne.

La plupart de la clientèle est référée. La déontologie doit donc être le maître mot. Il faut éviter les dérives en refusant de pratiquer autre chose que l’acte pour lequel le cas est référé. Des accords tranparents sont nécessaires, notamment pour les urgences.

Lors d’implantation d’un CHV, les confrères aux alentours craignent une hégémonie. Mais ils constatent que la structure vient en appui de l’exercice “classique”. Pour décider du traitement, le client référé retourne volontiers chez son vétérinaire habituel.

La spécialisation doit être associée à l’appellation

Le statut de CHV n’a pas fondamentalement changé notre fonctionnement, car Frégis n’a fait que retrouver une appellation qui l’a accompagné pendant cent cinquante ans. Depuis longtemps, plus de 97 % de son chiffre d’affaires repose sur les cas référés par nos confrères, qui ont compris que le concept de chaîne de soins cohérente est une réponse adaptée aux attentes des clients et que la collaboration entre “généralistes” et “spécialistes” est un pari “gagnant-gagnant”. Le fond du problème n’est pas le mode d’exercice (cabinet, clinique, itinérant, CHV, etc.) ou la quantité de matériel, mais la compétence et la motivation de l’équipe. La définition ordinale du CHV repose avant tout sur une liste de matériel. Il n’y a rien sur le plateau technique humain, sauf pour les auxiliaires (qui doivent être spécialisées) ! Il s’agit du “relooking” de l’appellation “clinique vétérinaire”. Il est vrai qu’en France, tout a été fait pour empêcher la spécialisation. Que penser d’une profession presque incapable de former son élite (échec des DESV, contorsions pour rattacher les diplômés européens via la VAE, etc.) et, pire, de la faire travailler (plus d'une trentaine de Français diplômés des collèges européens ou américains expatriés ces dernières années) ?

La politique de Frégis, depuis toujours, est de recruter des personnes toujours plus jeunes et compétentes, pas de courir après une appellation qui ne tardera pas à être dévoyée si rien n’est fait pour y associer des critères de spécialisation. Mais nos instances veillent à la qualité du service rendu au public.

Le fonctionnement repose sur la complémentarité

La validation de notre statut de CHV, en mars dernier, représente l’aboutissement de nombreuses années de travail.

Chacun des membres de notre équipe, vétérinaire ou auxiliaire, a fait depuis longtemps le choix de la complémentarité plutôt que celui de la polyvalence. Chacun pratique dans un domaine restreint en essayant d’y développer le meilleur niveau de compétence.

Un tel choix d’activité ne peut s’épanouir que dans le cadre d’une collaboration étroite avec les praticiens référents, la transparence et l’échange d’informations étant les bases d’une relation de confiance.

Dans ce contexte, le statut de CHV apporte une meilleure lisibilité. Pour nos confrères, il garantit la disponibilité permanente d’un plateau technique et humain, la prise en charge immédiate des urgences, la réalisation de soins intensifs, l’association d’un arsenal diagnostique et thérapeutique important dans un même lieu. Le fait qu’une clinique ou un cabinet adresse un cas relevant d’une compétence particulière à un CHV paraît naturel aux clients.

Conduire un tel projet impose quelques sacrifices personnels, car la gestion d’une entreprise qui réunit dix-neuf personnes n’a rien de commun avec notre activité d’il y a quelques années. Mais seul ce cadre de fonctionnement, et la complémentarité qu’il induit, nous permettent d’approfondir notre domaine de compétence en développant notamment des techniques émergentes, en nous investissant dans la formation de confrères, aussi bien en interne que lors de sessions postuniversitaires ou de publications.

Nous sommes persuadés que chaque département verra éclore, à terme, une structure hospitalière, répondant ainsi parfaitement à l’obligation ordinale de moyens. Il nous appartient de travailler à ce que le lien entre les cabinets, les cliniques et les CHV soit le plus naturel et le plus complémentaire possible.