« Les mains sont des instruments exceptionnels » - La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008

Serge Sawaya, unité de physiothérapie-rééducation-ostéopathie (ENV de Lyon)

À la une

Auteur(s) : V. C.

La Semaine Vétérinaire : Vous pratiquez la physiothérapie, l’ostéopathie et l’acupuncture. Pourquoi ce choix des médecines “non conventionnelles” ?

Serge Sawaya : Influencé sans doute par un membre de la famille kinésithérapeute, je me suis passionné, dès mes études, pour l’anatomie fonctionnelle, la physiologie du mouvement, la biomécanique orthopédique et la traumatologie du sport. Etudiant, quand je commençais les cliniques et que je demandais pourquoi il n’y avait pas, comme chez l’homme, de suivi en rééducation fonctionnelle après une intervention chirurgicale orthopédique, je n’obtenais aucune réponse.

L’importance et la précision de l’examen palpatoire, des tests articulaires et des gestes thérapeutiques manuels en kinésithérapie m’ont fait “redécouvrir” ces instruments exceptionnels que sont nos mains, les moins chers et en même temps les plus précieux, mais souvent mésestimés. Je me suis orienté vers l’ostéopathie, la médecine du ressenti manuel par excellence. Les nombreuses relations et correspondances avec l’acupuncture m’ont amené aussi vers cette autre médecine passionnante. Ces thérapeutiques “non conventionnelles” ne sont pas “alternatives”, il faut les considérer comme des méthodes additionnelles. Elles apportent une autre façon, complémentaire et non opposée, de considérer un animal et ses problèmes de santé.

S. V. : L’enseignement de la physiothérapie fait-il partie du cursus des étudiants lyonnais ?

S. W. : Il n’y a pas d’enseignement de physiothérapie dans la formation initiale, mais en T1pro équine, une journée est consacrée à une initiation à la physiothérapie-rééducation et à l’ostéopathie du cheval. Les consultations de physiothérapie et d’ostéopathie équines se déroulent en présence des étudiants et des internes, et une matinée par semaine, elles sont intégrées dans les rotations cliniques des petits animaux.

S. V. : Pourquoi la physiothérapie est-elle si peu pratiquée en France ?

S. W. : Les confrères commencent à s’y intéresser, surtout les jeunes diplômés. Mais nombreux y sont encore réticents. La discipline souffre d’un manque de confiance, lié à une carence d’information. Certains la considèrent comme une sorte de “médecine parallèle et concurrente” et n’ont pas intégré sa complémentarité avec la médecine et la chirurgie. D’autres ne la pratiquent pas par manque de formation, ou parce qu’ils croient qu’elle nécessite un investissement important en matériel. Mais elle est aussi peu pratiquée parce qu’elle s’éloigne du cadre d’une consultation “classique” : les séances peuvent être longues (de 30 min à 1 h, voire plus chez le cheval) et nécessitent un sens du relationnel développé, aussi bien avec le maître qu’avec l’animal, car c’est une thérapie de “contacts” répétés, qui s’inscrit dans la durée.

S. V. : La physiothérapie pour les animaux est-elle une discipline ouverte à d’autres professions ?

S. W. : Aux Etats-Unis et dans certains pays d’Europe comme l’Allemagne, les physiothérapeutes qui ont suivi une formation sur les animaux peuvent pratiquer la physiothérapie animale, sur prescription et sous législation vétérinaire. L’université du Tennessee, par exemple, propose un certificat en rééducation canine à plusieurs niveaux : pour vétérinaire, pour kinésithérapeute, pour auxiliaire vétérinaire ou pour assistant kinésithérapeute. Dans les grandes cliniques d’orthopédie vétérinaire américaines, vétérinaires et kinésithérapeutes travaillent en collaboration. En France, nous n’en sommes pas là, et l’exercice de tout acte de diagnostic et de thérapeutique sur les animaux reste interdit à toute personne non vétérinaire, même sur prescription d’un vétérinaire. Pourtant, certaines formations privées sont ouvertes à des non-vétérinaires (des kinésithérapeutes en général) et il existe des physiothérapeutes qui pratiquent sur les animaux, surtout des chevaux. En outre, depuis peu, des centres de balnéothérapie pour petits animaux sont ouverts par des personnes sans formation dans ce domaine, qui revendiquent la pratique de la rééducation canine.

Il y a un manque de vétérinaires physiothérapeutes en France. Si ce créneau n’est pas occupé par les confrères, il le sera par des non-vétérinaires, avec le risque qu’ils ne possèdent aucune formation médicale, ni formation sérieuse en physiothérapie animale.

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