Le traitement des cardiomyopathies félines varie selon leurs formes - La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/05/2008

Cardiologie féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Un chat sur cinq présente un souffle cardiaque et les trois quarts d’entre eux risquent d’être malades.

La cardiomyopathie hypertrophique est l’affection cardiaque prédominante chez le chat(1). Si l’approche de ce type de maladies est difficile en termes de diagnostic et de dépistage (alors que la pression des éleveurs se fait de plus en plus sentir…), leur traitement est aussi un vrai casse-tête pour le praticien. Il dépend de l’origine primaire, de la classification et du développement clinique de l’affection.

Si le traitement des myocardiopathies bénéficie plus ou moins d’un consensus chez le chien, avec l’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA), ce n’est pas le cas chez le chat. Les données scientifiques sont par ailleurs rarissimes. Outre sa propre expérience, notre confrère Christophe Amberger s’est appuyé sur une étude chez cinq cent cinquante-deux chats souffrant d’un problème cardiaque, présentés en consultation entre 1998 et 2005.

Les cardiomyopathies peuvent être pariétales, septales ou intermédiaires

Le traitement des myocardiopathies vise à éliminer le problème majeur : la variation de la précharge, l’obstruction dynamique et/ou l’arythmie. Outre la réussite thérapeutique, la prescription doit prendre en compte les particularités comportementales du chat et la difficulté de l’observance chez cette espèce. Une polythérapie est ainsi vivement déconseillée puisqu’elle ne sera pas suivie.

La classification différencie trois formes de cardiomyopathie : pariétale (hypertrophie pariétale et dimension diastolique de la paroi supérieure à 8 mm), septale (hypertrophie du septum interventriculaire) et intermédiaire (cavités internes normales). Trois groupes sont aussi distingués : le tableau clinique est soit dominé par une tachycardie supraventriculaire associée à une obstruction et/ou à une arythmie, soit par une tachycardie supraventriculaire simple, soit par une augmentation de la précharge associée à une insuffisance cardiaque congestive droite. La tachycardie supraventiculaire, associée à une obstruction et/ou à une arythmie, est traitée avec de l’aténolol (β-bloquant). La tachycardie supraventriculaire simple est prise en charge à l’aide de diltiazème (inhibiteur calcique). En cas d’augmentation de la précharge associée à une insuffisance cardiaque congestive droite, des IECA et des diurétiques sont associés. Les β-bloquants ne devraient pas être prescrits lors d’insuffisance cardiaque congestive. Cependant, ils apportent un confort à ne pas négliger, même s’ils diminuent alors la durée de vie.

Quand la forme congestive apparaît, l’espérance de vie est de huit mois

L’altération myocardique primaire, liée à une hypertrophie musculaire et à une diminution du volume cavitaire, est à l’origine d’un dysfonctionnement diastolique, d’une augmentation de la rigidité des cavités, de régurgitations mitrales et d’obstructions vasculaires. L’état clinique évolue vers une altération de la fonction coronarienne, une augmentation de l’apoptose et de la fibrose avec un remaniement myocardique anormal. La forme compensée est asymptomatique, tandis que la forme décompensée se manifeste par une insuffisance cardiaque, de l’arythmie et des embolies. Les deux tiers des cas sont des formes pariétales, qui évoluent le plus généralement vers la décompensation cardiaque, et un tiers des formes septales, qui évoluent plutôt vers l’effusion pleurale.

L’espérance de vie d’un chat asymptomatique est d’un à huit ans. Lors de forme congestive, elle descend à huit mois. Au stade des thromboses périphériques, elle n’est plus que de trois à douze semaines, selon les antécédents et l’état clinique.

L’aspirine n’a aucun effet sur l’agrégation plaquettaire chez le chat

Le traitement d’urgence consiste à rétablir l’oxygénation (cage à oxygène), à réduire la précharge, à gérer le stress et à limiter l’hypothermie (couverture chauffante). La thoracocentèse, qui souvent ne nécessite pas de tranquillisation, est un geste courant.

Lors de dysfonctionnement diastolique, les inhibiteurs calciques ou les β-bloquants peuvent être intéressants. L’aténolol présente l’avantage d’une administration unique par jour (1/5e de comprimé à 25 mg pour un chat de 5 kg). Il ne devrait jamais être prescrit pour une forme congestive. Lors de dysfonctionnement systolique, les IECA sont davantage indiqués. En outre, la prévention de l’embolie est sujette à controverse. L’utilisation de Plavix® (clopidogrel, un quart de comprimé par animal et par jour, soit 18,75 mg/chat/j) pourrait se révéler intéressante. Les douleurs trombo-emboliques ne peuvent être réduites que par le butorphanol ou le fentanyl. Le pronostic des thromboses est réservé. Les données scientifiques concernant l’utilisation des inhibiteurs de calcium sont inexistantes. Pour les β-bloquants, elles sont exclusivement pharmacologiques et non cliniques. En outre, l’aspirine peut être intéressante chez le chat pour ses propriétés antalgiques, mais elle n’a aucun effet sur l’agrégation plaquettaire dans cette espèce.

Les cardiomyopathies dilatées sans déficit en taurine peuvent être prises en charges par l’association d’IECA, de pimobendane et de diurétiques. Les agents β-bloquants sont le traitement de premier choix des cardiopathies arythmogènes, après le traitement étiologique s’il existe (péritonite infectieuse féline, toxoplasmose, bartonelloses, etc.).

Ainsi, notre confrère s’interroge sur l’efficacité d’un traitement chez les chats asymptomatiques car, de toute façon, l’utilisation d’IECA ne sera pas toxique. Les formes hypertrophiques isosymétriques peuvent répondre au diltiazème retard (10 mg/kg) associé aux IECA. Les formes congestives sont traitées avec du furosémide. Le traitement de l’arythmie apporte un confort, sans augmenter la durée de vie. Dans tous les cas, les polythérapies sont évitées pour de simples raisons d’observance.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1295 des 21 et 28/12/2007.

CONFÉRENCIER

Christophe Amberger, consultant externe en cardiologie à l’université de Berne (Suisse) et à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort.

Article rédigé à partir de la conférence « Myocardiopathies félines : traitement », présentée lors du congrès de l’Afvac à Bordeaux, en 2006.

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