L’immunocastration du porcelet semble une alternative prometteuse à l’acte chirurgical

La viande produite à partir de porcs non castrés est fréquemment affectée d’une odeur et d’un goût désagréables, qui résultent de l’action des hormones mâles. Pour remédier à ce problème, la solution retenue dans la plupart des pays du monde est la castration des animaux au cours de leurs premiers jours de vie. En France, comme dans beaucoup d’autres Etats, elle est effectuée par voie chirurgicale, le plus souvent par les éleveurs eux-mêmes et en l’absence de toute anesthésie. Or il est démontré que cet acte est douloureux pour les animaux. Aussi, un mouvement général a vu le jour afin d’interdire cette pratique. Dans certains pays (Royaume-Uni), la castration est tout bonnement supprimée. Dans d’autres, des dates limites sont fixées (2009 pour la Suède et la Norvège) pour y mettre un terme.

Des recherches sont menées depuis quelque temps afin de proposer des solutions alternatives. Plusieurs voies sont explorées, mais aucune n’est exempte d’inconvénients. L’anesthésie est l’une des options étudiées. Celle-ci peut prendre plusieurs formes : l’injection intratesticulaire d’un anesthésique local (au moins aussi stressante, semble-t-il, que la castration elle-même) ou intramusculaire d’un analgésique (avec des résultats qui semblent prometteurs) ; le refroidissement des testicules à l’aide d’un spray (éventuellement suivi d’une injection intratesticulaire) ou encore la pulvérisation nasale d’un mélange d’analgésique et d’anesthétique (dont la durée d’action atteindrait 50 min). En outre, l’anesthésie gazeuse à l’aide de dioxyde de carbone est rapide et efficace, mais paraît difficile à mettre en œuvre en élevage.

Un vaccin anti-GnRH est déjà commercialisé dans certains pays

L’immunocastration représente l’autre option médicale. Un vaccin anti-GnRH (qui agit en inhibant la testostérone) est déjà disponible dans certains pays. Il doit être injecté à deux reprises à chaque porc mâle, la première au moment du sevrage et la seconde environ un mois avant l’abattage. Même s’il n’est pas efficace à 100 %, ce produit semble représenter un recours élégant et efficace. Il demande cependant, comme tous les vaccins, à être administré soigneusement, afin d’éviter tout risque d’auto-injection.

Les autres méthodes utilisables consistent à réduire le niveau d’hormones sexuelles présentes dans les carcasses par la sélection génétique (longue, et faite au détriment d’autres critères), à les détecter après l’abattage (“nez artificiel” encore en développement), afin de détourner les carcasses suspectes de la consommation humaine, ou encore à les masquer en injectant dans la viande une solution d’eau salée, une méthode utilisée semble-t-il aux Etats-Unis et en Australie.

Avec l’évolution prévisible à court terme de la législation, ce sujet est particulièrement d’actualité. Certaines des options présentées (injection d’analgésique, immunocastration, etc.) apparaissent particulièrement prometteuses, mais devront être acceptées tant par les éleveurs que par les consommateurs. Ceux-ci devront comprendre que l’amélioration du bien-être animal et la production d’une viande d’une qualité toujours plus irréprochable nécessiteront probablement certains compromis.

• Source : S. Lumb : « Towards a more “humane” castration for piglets », Pig Progress, 2007, vol. 70, n° 6, pp. 24-26.