Je ne suis pas le Dr Harry Potter

Je suis un praticien rural, bien décidé à ne pas délivrer le vaccin contre la fièvre catarrhale ovine (FCO). Sur ma plaque ne figure pas Dr Harry Potter, et c’est pourquoi je ne parviens pas à trouver une cohérence entre le comportement et le discours des organisations agricoles, cela relevant certainement du domaine de la magie⁽¹⁾.

On ne saurait découpler la responsabilité de la délivrance d’un vaccin sous autorisation temporaire d’utilisation (ATU) et l’attestation de la vaccination. Il en va de notre responsabilité. Les organisations agricoles semblent prôner la délégation, le partage. Pour illustrer mon propos, voici un exemple : lorsqu’une recherche de filiation est effectuée à la suite d’une insémination artificielle pratiquée par une coopérative, l’Etablissement départemental de l’élevage (EDE) ne délègue jamais la réalisation de la prise de sang à l’éleveur. Un technicien se déplace chez l’exploitant, fait une prise de sang et facture le tout… 30 € (pour le dernier cas qui m’a été rapporté). Pourtant, beaucoup d’éleveurs sont capables de réaliser une prise de sang. Ainsi, la délégation ne semble pas systématiquement de mise, surtout si les organisations agricoles sont directement concernées. Un autre exemple concerne les vétérinaires qui souhaitent pratiquer l’insémination artificielle bovine, dont je fais partie. J’ai pu observer combien le protectionnisme des coopératives est important dans ce domaine, combien elles utilisent toutes les pressions possibles à l’encontre des services du ministère pour reculer au maximum l’application de la perte de leur monopole qui date… de janvier 2007.

Cette affaire a le mérite de mettre à jour les ressentiments des organisations agricoles à l’encontre des vétérinaires. Elles semblent aujourd’hui vouloir récolter le fruit de leurs incessantes avancées, depuis des années, dans le domaine de l’art vétérinaire. Soit notre profession continue à réagir vivement, soit l’essentiel de nos prérogatives sera phagocyté une bonne fois pour toutes.

• (1) Notre confrère réagit aux propos de la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (voir La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/4/2008, pp. 12-13).