Des alternatives diagnostiques existent pour la caractérisation des bruits respiratoires - La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1314 du 10/05/2008

Affections respiratoires chez le cheval de sport

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Marie Vachel

Chez un tiers des chevaux qui présentent une obstruction du tractus respiratoire, la cause est multiple.

L’intolérance à l’exercice d’origine respiratoire est la deuxième cause de baisse de performance chez le cheval de sport. Les affections des voies respiratoires supérieures, qui entraînent une obstruction du tractus respiratoire plus ou moins sévère, s’accompagnent de “bruits” anormaux pendant l’effort. A l’inverse, tous les chevaux qui présentent des bruits respiratoires ne sont pas intolérants à l’effort.

Par ordre de prévalence décroissante, les causes d’obstruction sont le déplacement dorsal du voile du palais, le collapsus laryngé dynamique, le collapsus des replis ary-épiglottiques, puis le collapsus naso-pharyngé.

Une anamnèse précise et un examen clinique attentif renseignent le praticien sur la source et le site du bruit respiratoire. En effet, la phase du cycle respiratoire pendant laquelle le bruit anormal est audible oriente le diagnostic vers certaines lésions des voies respiratoires supérieures. Ainsi, un bruit pendant l’inspiration est compatible avec une rétroversion de l’épiglotte, un collapsus des replis ary-épiglottiques, une neuropathie laryngée récurrente, un plissement de l’aspect rostral du voile du palais, un collapsus naso-pharyngé ou trachéal. Lorsque le bruit est expiratoire, une parésie des replis alaires ou un déplacement dorsal du voile du palais sont à envisager. S’il s’agit d’un bruit continu pendant le cycle respiratoire, une chondrite aryténoïdienne ou une obstruction nasale fixe sont suspectées.

L’examen diagnostique de choix est l’endoscopie sur tapis roulant

Particulièrement chez les chevaux de course, les lésions obstructives ne sont pas toujours apparentes à l’endoscopie au repos. Une assez bonne adéquation existe entre l’évaluation endoscopique au repos de la fonction laryngée et son évaluation à l’exercice. D’après une étude portant sur quatre cent soixante et un chevaux, 100 % de ceux atteints d’hémiplégie laryngée de grade 1 au repos présentaient une abduction complète à l’effort, alors que 96 % de ceux à hémiplégie laryngée de grade 2, 85 % de ceux en grade 3 et 100 % de ceux en grade 4 présentaient un collapsus des voies respiratoires supérieures à l’effort.

La prédiction d’un déplacement dorsal du voile du palais à partir d’une endoscopie au repos est beaucoup plus délicate. Malgré une anamnèse de bruit évocateur à l’effort et l’observation au repos d’anomalies du palais et de l’épiglotte pouvant favoriser un déplacement dorsal du voile du palais, la sensibilité de détection de ce trouble est faible à l’endoscopie au repos. D’ailleurs, chez environ 40 % des chevaux qui présentent un déplacement dorsal du voile du palais visible en dynamique, aucun bruit respiratoire anormal à l’effort n’est noté, et 80 % ne présentent pas d’anomalie structurale des voies respiratoires supérieures au repos.

Chez environ un tiers des chevaux souffrant d’une obstruction respiratoire, la cause est multiple. Par exemple, une hémiplégie laryngée s’accompagne régulièrement, à l’effort, d’un collapsus de la corde vocale ipsilatérale. Les turbulences du flux d’air induites par le rétrécissement du passage de l’air occasionnent probablement un effet de pression sur les parois et contribuent au collapsus des tissus mous. L’hypoxémie consécutive à un type d’obstruction respiratoire peut aussi avoir des conséquences sur le contrôle musculaire des voies supérieures.

L’endoscopie sur tapis roulant est, par conséquent, l’examen de référence pour identifier et caractériser les obstructions dynamiques des voies respiratoires. Toutefois, elle n’est réalisable qu’en centre de référence, en raison du coût du matériel et du nombre de personnes requises.

Plusieurs autres techniques sont explorées pour définir la source des obstructions

L’échographie du larynx a récemment été développée par H.J. Chalmers en Ontario avec des sondes linéaires ou convexes de 8,5 à 12,5 MHz, chez des chevaux non tranquillisés. Il s’agit d’une procédure non invasive qui fournit des informations sur la musculature intrinsèque du larynx et les cartilages. Cette technique complète l’endoscopie respiratoire. L’approche rostro-ventrale permet la visualisation du processus lingual et de la portion ventrale et rostrale de l’os basihyoïde, ainsi que la détection de fractures ou d’ostéoproliférations basihyoïdes. La vue moyenne ventrale image la relation entre les os basihyoïde et thyrohyoïde. Des abcès associés au cartilage aryténoïde sont parfois visibles par cette fenêtre, de même que le comportement dynamique des sutures chirurgicales de tie forward selon les différentes positions de la tête. Caudo-ventralement, l’apparence et le mouvement des cordes vocales peuvent être appréciés. En outre, la vue caudo-latérale est particulièrement utile, car les anomalies morphologiques du muscle crico-aryténoïdien latéral (non décelable à l’endoscopie) et du cartilage aryténoïde sont visibles.

L’analyse du spectre sonore a permis de caractériser, en termes de fréquence, les bruits respiratoires anormaux chez des chevaux et constitue, dans certains cas, une alternative à la vidéoendoscopie sur tapis roulant. Ainsi, des auteurs ont induit expérimentalement une hémiplégie laryngée et ont noté trois bandes de fréquence sonore particulière. Cette technique a permis de hiérarchiser les procédures chirurgicales les plus efficaces en matière de réduction du bruit à l’effort lors d’hémiplégie laryngée : en premier lieu la ventriculocordectomie bilatérale, puis la ventriculocordectomie unilatérale, enfin la laryngoplastie.

Selon N.G. Ducharme(1), « il est prouvé qu’il n’existe pas toujours de corrélation entre la sévérité de la perte d’abduction du cartilage aryténoïde et l’intensité du bruit respiratoire anormal, si bien que pour juger du degré d’obstruction respiratoire ou du succès chirurgical, il est impossible de ne se fier qu’à l’intensité de ce bruit anormal ».

Les études d’analyse spectrale phonique concernant le déplacement dorsal du voile du palais apportent des résultats divergents en termes de fréquence. De plus, le déplacement dorsal du voile du palais constitue parfois une obstruction silencieuse, ou certains chevaux atteints peuvent n’émettre qu’un bruit discontinu, ce qui rend le diagnostic ardu.

  • (1) N.G. Ducharme : « Imagerie des bruits respiratoires supérieurs du cheval à l’exercice » et « Quoi de neuf en matière d’imagerie des voies respiratoires supérieures chez le cheval ? », 8e journée européenne de l’Avef à Roissy, 15/3/2008.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr