Une fracture de l’ischium peut représenter un défi diagnostique

Chez le cheval, les boiteries de la partie proximale des membres postérieurs représentent souvent un défi diagnostique, malgré les techniques d’imagerie moderne.

Une équipe anglaise⁽¹⁾ décrit ainsi un cas de fracture de l’ischium non décelée à l’échographie et à la scintigraphie pratiquées initialement. Ces examens sont pourtant réalisés quatorze jours après les signes cliniques. Les commémoratifs et l’examen clinique penchaient fortement en faveur d’une lésion pelvienne, mais seule une nouvelle technique de radiographie a permis de la confirmer.

A l’examen clinique, l’état corporel du cheval est bon. Il présente une atrophie modérée de la masse musculaire glutéale gauche. Aucune asymétrie pelvienne n’apparaît au niveau des proéminences osseuses. Une douleur prononcée à l’abduction et à l’extension caudale du postérieur gauche est notée. La réponse à la palpation profonde de la masse musculaire glutéale gauche est modérée.

Les auteurs ont ensuite recours à une radiographie oblique debout des jonctions coxo-fémorales et de l’ischium. Les clichés mettent en évidence une fracture complète simple au niveau de l’ischium. Le cheval est confiné au box pour une période de repos de huit semaines. Une autre radiographie, réalisée à la septième semaine, montre la formation d’un cal au niveau du site de fracture. Un motif de muscle strié, qui s’étend sur la surface du cal, révèle qu’il n’y a pas eu d’hémorragie ou de rupture récente des tissus mous adjacents à la zone de fracture.

La scintigraphie est couramment reconnue comme plus sensible que la radiographie pour détecter les affections osseuses, car elle permet d’atteindre des sites plus difficiles d’accès. Elle est souvent utilisée pour les recherches de boiteries du dos, pelviennes ou des hanches.

Dans ce cas clinique, le résultat négatif de la scintigraphie est peut-être lié à un délai trop court après la fracture pour que le turn-over de l’os ait augmenté, à la musculature qui entoure la zone, ou au flux sanguin compromis autour du site de fracture. L’échec de l’échographie est, quant à lui, sans doute dû au moment de sa réalisation : les auteurs suggèrent que la fracture a évolué et est devenue complète plus tard. En outre, le grand trochanter, au niveau du fémur, a pu gêner sa visualisation. Une échographie transcutanée peut ainsi être négative, alors que par voie rectale elle aurait été positive.

Même si la radiographie pelvienne est moins utilisée, elle montre ici son intérêt. La technique choisie est toutefois particulière, car il s’agit d’une radiographie oblique réalisée après l’insufflation d’air au niveau du rectum pour améliorer le contraste.

Par ailleurs, ce cas souligne l’importance de l’examen clinique et la nécessité de prendre en compte les limites des techniques d’imagerie.

• (1) A.J. Driver et A. Nagy : « Equine Veterinary Education », 2008, vol. 20, n° 3, pp. 127-130.