La médecine des populations bovines s’enrichit d’un nouvel outil - La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/04/2008

Epidémiosurveillance

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Le support personnalisé d’épidémiosurveillance a pour objectif de faciliter la pratique d’une médecine vétérinaire préventive. Sa version électronique, testée pour la deuxième année, lui prédit un bel avenir.

L’outil est simple sans être simpliste, concis sans être abscons, puissant sans être prétentieux, utilisable sans matériel sophistiqué et sans parcours de formation. Le support personnalisé d’épidémiosurveillance (SPE, voir article en page 38), permet au praticien d’appréhender la structure et le fonctionnement d’un cheptel bovin, ainsi que la nature conjoncturelle et/ou structurelle de la valeur d’un ou de plusieurs indicateurs zootechniques. Cet outil a été présenté lors de la Journée bovine nantaise, le 4 octobre dernier, par notre confrère Jean-Michel Quillet, praticien en Vendée et président du Groupement technique vétérinaire de la région (GTV 85), et par Thierry Renaudineau, ingénieur responsable sanitaire au Groupement de défense contre les maladies animales de Vendée (GDMA 85). Notre confrère et ses clients en ont fait une démonstration grandeur nature.

L’importance du problème de fécondité est mesurée en seulement quinze minutes

Le 17 janvier dernier, Jean-Michel Quillet procède à la visite dédiée au bilan sanitaire annuel et à la mise en place des protocoles de soins chez Hervé Richard, producteur de lait à Aubigny (Vendée). Cette visite est le moment opportun pour examiner le fonctionnement global de l’élevage.

Hervé Richard, installé depuis vingt ans, est féru d’informatique et pointilleux. Aussi, lorsqu’il argumente ses choix stratégiques, il expose avec précision les indicateurs économiques qu’il a calculés à partir de ses enregistrements. Souhaitant optimiser le niveau et la régularité de production de ses vaches prim’holstein, il a particulièrement soigné l’alimentation, avec pour conséquence un niveau d’étable en augmentation de 2 000 l. Il produit ses 560 000 l de quota avec douze vaches de moins qu’en juillet 2005. L’éleveur affiche sa satisfaction quant à son système alimentaire. En raison d’une précédente expérience de vente directe de 120 000 l de lait cru, dont la moitié était destinée à l’hôpital voisin, la qualité du lait produit par cet élevage est optimale au regard des critères requis.

Notre confrère pointe alors du doigt l’intervalle vêlage-vêlage (IVV). L’éleveur confirme que l’infécondité de ses vaches le préoccupe. Entre le 1er août 2006 et le 31 juillet 2007, 74 % des multipares affichent un IVV supérieur à quatre cents jours. Cet intervalle est égal à quatre cent trente-quatre jours chez les primipares actuellement en deuxième lactation et à quatre cent quarante pour les autres multipares (voir figure en page 38). « Je fais toujours inséminer les vaches quatre-vingt-dix jours post-partum », précise l’éleveur. Or, pour la période considérée, l’intervalle moyen au sein de l’élevage entre le vêlage et l’insémination fécondante est de cent quatre-vingt-quatre jours. « Pour un troupeau moyen de quarante vaches laitières, qui réalise son quota, un allongement d’un mois de l’IVV moyen, au-delà de douze mois, entraîne une perte financière de 1 600 € par an en moyenne, soit 40 € par vache laitière et par année », indique Jean-Michel Quillet. Pour cet élevage, l’estimation de la perte annuelle dépasse 2 000 €, soit 57 % des frais vétérinaires qui s’élèvent à 3 486 €, et 40 % de la note d’électricité qui atteint 5 000 €.

Parallèlement au problème de fécondité, notre confrère met en évidence la dégradation de la productivité du troupeau. La durée de la carrière des vaches est passée, en un an, de 2,85 à 2,37 lactations par animal. « Or les vaches laitières deviennent rentables, en moyenne, à partir de leur deuxième lactation, commente le vétérinaire. Nous estimons, alors, que les frais d’élevage des génisses sont remboursés. A ce titre, l’optimum technico-économique est fixé à 4,5 vêlages par vache. » D’ailleurs, sur la période du 1er août 2006 au 31 juillet 2007, le taux de réforme pour la boucherie des vaches en lactation est passé de 25 à 39 %, soit un total de vingt-sept femelles. De ce fait, la composition du troupeau enregistre un taux de primipares qui atteint 46 %.

Les bovins dont les résultats divergent sont immédiatement identifiés

Quelles sont les vaches infécondes, quel est leur âge, le problème est-il récurrent, structurel ? L’ordinateur est prêt, direction le site web www.gdma85.asso.fr et la rubrique “espace sanitaire privatif”. Un clic sur “SPE”, l’éleveur et le vétérinaire accèdent ainsi, dans la rubrique “reproduction”, au graphique qui représente la répartition des mères selon l’IVV. Un autre clic sur une barre de l’histogramme et les numéros des vaches infécondes s’affichent. Un rapide coup d’œil sur le bilan de reproduction des vingt-deux génisses signale un âge moyen au premier vêlage de trente-deux mois. Qu’en était-il durant les douze mois qui ont précédé, soit du 1er août 2005 au 31 juillet 2006 ? Une fois cette nouvelle période de référence déterminée, les résultats de la fertilité des génisses de la génération précédente apparaissent à l’écran. Sur sept génisses, seules deux ont été fécondées entre vingt-huit et trente-deux mois. « Ces résultats ne se voient pas sur la comptabilité, mais préparent la dégradation », indique notre confrère, pour qui tout problème de reproduction est lié à l’alimentation. Or, du point de vue de l’éleveur, « la ration est calée. En outre, un allongement de l’IVV n’est pas forcément un souci lorsque les vaches produisent encore 28 à 30 l de lait au septième mois de lactation, avec un prix du lait à 0,93 €/l, alors que dans le même temps, les veaux mâles de huit jours sont vendus en moyenne 110 € ».

« Si ces résultats ne vous conviennent pas, si vous avez besoin d’une analyse globale, nous pourrons, lorsque vous le souhaiterez, travailler à fond ce problème d’infécondité, propose Jean-Michel Quillet, mais pas simplement en prescrivant du Métrijectyl®. Il est utopique de gérer le volet sanitaire uniquement avec des médicaments. »

L’après-midi, direction un autre élevage, à Saint-Avaugourd-des-Landes (Vendée), où s’est installé Gilles Bernard en 1987, pour la prophylaxie, le bilan sanitaire annuel et le bilan des dosages de pepsinogène plasmatique de cinq génisses. L’éleveur, un adepte de la prévention, élève quatre-vingts charolaises et engraisse cent quatre-vingt-cinq taurillons. L’édition 2006 du SPE a vu l’adhésion de Gilles Bernard au contrôle de croissance. L’édition 2007 affiche un taux de mortalité des veaux encore élevé (16 %), attribué aux mauvaises performances d’un taureau. Depuis, l’éleveur utilise l’insémination artificielle. L’édition 2008 du SPE confirmera la nature conjoncturelle et/ou structurelle des manques à gagner.

L’intérêt descriptif, didactique et pédagogique du SPE est indéniable. Les techniciens du GDMA y ont systématiquement recours lors d’une première visite. Depuis février dernier, le carnet sanitaire électronique est utilisé par le GDMA 85. Son lien avec le SPE laisse présager des perspectives intéressantes… à découvrir lors d’un prochain rendez-vous à la Journée bovine nantaise.

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