La démodécie canine est plus difficile à traiter chez l’adulte

Quatre articles récents traitent de la démodécie canine. Cette affection dermatologique fréquente, mais souvent sérieuse chez le chien, est due à la prolifération de Demodex dans les follicules pileux. La démodécie sèche se traduit par des squames, un érythème, une alopécie, une folliculite ou des comédons. En cas de pyodémodécie, une infection bactérienne secondaire, avec des papules, est présente.

La démodécie juvénile concerne des chiens de moins de douze mois. Si les Demodex sont transmis de la mère au chiot à la naissance, la prédisposition de certains chiens à laisser proliférer ces parasites habituellement commensaux, donc à développer une démodécie, est héréditaire. Un défaut de reconnaissance et de réponse à D. canis par les lymphocytes T, associé à une diminution de la sécrétion d’interleukine 2, a été mis en évidence chez certains d’entre eux. Le stress, la sous-nutrition, l’œstrus, une anesthésie ou un parasitisme semblent également jouer un rôle.

Lors de démodécie chez un adulte, une affection sous-jacente (hypercorticisme, hypothyroïdie, leishmaniose, néoplasie), un traitement par des corticoïdes ou un traitement immunosuppressif anticancéreux sont rapportés chez 44 % des animaux concernés (^{voir bibliographie 3}).

Ralf S. Mueller (^{voir bibliographie 4}) analyse le traitement de la démodécie du chien via les concepts de la médecine fondée sur les niveaux de preuves (evidence based medicine). En tenant compte de l’efficacité et des effets secondaires observés, il conclut que plusieurs molécules sont actives : l’amitraz (lotion de 0,025 à 0,06 % tous les sept à quatorze jours), l’ivermectine (300 µg/kg/j per os), la milbémycine oxime (2 mg/kg/j per os), la moxidectine (400 µg/kg/j per os). La démodécie de l’adulte est plus difficile à traiter que celle du jeune. Dans l’étude rétrospective de Stephen L. Lemarie (^{voir bibliographie 3}), dix-sept bains d’amitraz sont en moyenne nécessaires chez l’adulte pour traiter l’affection, au lieu de sept chez le jeune. En revanche, la fin du traitement est indiquée de la même façon, par deux raclages négatifs successifs à un mois d’intervalle.

Le traitement des infections bactériennes secondaires par voie locale et/ou systémique est également important. L’amitraz étant liposoluble, le sébum présent sur la peau facilite probablement sa diffusion dans les follicules pileux infectés. Il convient donc de limiter les shampooings durant un traitement avec ce produit. En outre, il s’agit d’un facteur d’apparition de la démodécie souvent mentionné.

D’autres recherches sur la pathogénie de cette maladie restent nécessaires. En effet, l’étude de lignées de chiens atteints ne semble pas confirmer la prédisposition héréditaire classiquement mentionnée chez le chiot, au moins pour certaines races (^{voir bibliographie 3}). Par ailleurs, le rôle des affections ou des traitements associés à la démodécie de l’adulte doit être précisé. Certains auteurs suggèrent qu’ils ne seraient que concomitants et n’interviendraient pas dans le développement de la maladie.

BIBLIOGRAPHIE

• 1. P. Denerolle, F. Degorce, A. Poujade : « Démodécie canine due à Demodex : à propos de cinq cas », Informations dermatologiques vétérinaires, 2007, n° 18, pp. 6-11.
• 2. K. Gortel : « Update on canine demodicosis », Veterinary Clinics Small Animal Practice, 2006, n° 36, pp. 229- 241.
• 3. S.L. Lemarie et G.A. Hosgood : « A retrospective study of juvenile- and adult-onset generalized demodicosis in dogs (1986-1991) », Vet. Dermatology, 1996, n° 7, pp. 3-10.
• 4. R.S. Mueller : « Treatments protocols for demodecosis : an evidence based review », Veterinary Dermatology, 2004, n° 15, pp. 75-89.