L’Efsa émet un avis mi-figue mi-raisin sur l’acceptabilité du poulet américain “chloré”

Les poulets “chlorés” d’outre-Atlantique vont-ils bientôt débarquer dans les assiettes européennes ? La question sera tranchée dans quelques mois. L’interdiction d’importer dans l’Union ces poulets “blanchis” de toute contamination bactérienne, qui échauffe depuis longtemps les Etats-Unis, date de 1997. Cette prise de bec américano-européenne doit être réexaminée à l'approche du sommet de l’Union avec l’Oncle Sam, en juin prochain. Avant d'entamer de nouveau le débat, Bruxelles attendait l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Rendu public le 2 avril dernier, il laisse la commission sur sa faim. L’Efsa a cherché à savoir si les quatre composants⁽¹⁾ employés dans le bain de désinfection des volailles américaines peuvent « entraîner une réduction de la sensibilité des bactéries à ces substances, ou l’émergence de résistance aux antibiotiques ou aux autres agents antimicrobiens ». Les experts concluent que « malgré une longue période d’utilisation de cette méthode, aucune donnée publiée n’existe allant dans ce sens » et prônent « davantage de recherches ».

« Nous allons débuter l’examen de cet avis, mais nous attendons encore les opinions de deux autres comités d’experts, précise Nina Papadoulaki, porte-parole chargée de la santé à Bruxelles. La Commission ne peut agir seule, sans les Etats membres et le Parlement européen qui ont un droit de regard. Cela signifie que l’issue est imprévisible. » Androula Vassiliou, nouvelle commissaire européenne à la Santé, donne, pour sa part, un avant-goût des désaccords à venir autour de la table des négociations, en laissant entendre qu’elle ne sera pas dans le camp du commissaire à l’Industrie, Günter Verheugen. Ce dernier copréside, avec le conseiller du président George W. Bush, le Conseil économique transatlantique mis en place en avril 2007, dont l’ambition est de gommer les aspérités commerciales entre les deux continents. Pour les Etats membres qui refusent le poulet “javellisé”, l’autorisation d’importation constituerait une remise en cause d’un modèle de production fondé sur de bonnes pratiques dans l’ensemble de la filière, de la fourche à la fourchette.

• (1) Dioxyde de chlore, sodium de chlorite acidifié, trisodium phosphate et peroxyacides.