Aucune échelle de mesure de l’expression douloureuse n’est objective - La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/04/2008

La douleur postopératoire chez le chien et le chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Julie Saint-Jean*, Eric Troncy**

Fonctions :
*Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal (Canada).
**Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal (Canada).

L’évaluation de la douleur passe surtout par l’analyse du comportement, en particulier chez le chat.

La reconnaissance de la douleur postopératoire chez l’animal passe par l’emploi de mesures objectives pour l’évaluer. Selon deux études (bibliographie 1 et 2), les valeurs physiologiques telles que la fréquence cardiaque, le rythme respiratoire, la pression sanguine et le diamètre de la pupille ne reflètent pas de façon constante le niveau de douleur. En revanche, la souffrance perçue lors de la palpation d’une plaie chez le chat est démontrée comme plus fiable (bibliographie 3). En ce qui concerne l’onyxectomie chez cette espèce, la douleur engendrée pourrait être évaluée correctement à l’aide d’une plate-forme enregistrant la pression de chacun des membres (bibliographie 4 et 5). Différentes échelles d’évaluation de la sensation douloureuse existent. Cependant, la détermination de la douleur chez un animal est subjective et les résultats seront différents selon l’évaluateur. En outre, les espèces considérées comme des proies, telles que le rat et la souris, masquent leurs signes de douleur. Il n’y a donc pas de mesure idéale.

Selon notre consœur Sheilah Robertson, l’échelle qui peut être utilisée de façon courante chez le chien est la Glasgow Composite Measurement Pain Scale (bibliographie 6)(1). Elle comporte plusieurs catégories comme la posture, le confort, les vocalises, la réaction à la palpation d’une plaie, l’interaction avec les personnes et l’environnement, la mobilité et la réponse au toucher. Elle comprend l’évaluation de l’animal à une certaine distance, puis à proximité. Pour le chat, elle recommande d’axer l’évaluation sur le comportement de l’animal avant et après l’intervention. Les vocalises sont un critère difficile à évaluer, car certains chiens peuvent ne pas faire de bruit malgré un inconfort important. Les jeunes animaux ont en outre tendance à “s’exprimer” davantage que les adultes.

Trouver le bon indicateur de l’expression de la douleur chez le chien et le chat

En fait, il est plus judicieux de fonder l’évaluation de la douleur sur des comportements connus comme étant associés à la douleur.

Chez le chat, une posture avec le dos rond et la tête basse, des yeux mi-clos, une position assise trop tranquille, un désintérêt pour l’environnement ou le refus de toute interaction sont autant de signes qui témoignent d’un inconfort réel. Le manque de toilettage peut également être un indice. Le léchage excessif et le mordillage de l’extrémité des membres, après une onyxectomie, sont des signes de douleur démontrés (bibliographie 7). L’animal peut aussi agiter rapidement ses pattes et mordre les bandages.

Chez le chien, il convient de porter une attention particulière à l’expression faciale et à l’intérêt qu’il porte à son environnement. Ainsi, un front plissé, une expression anxieuse, un port de tête bas, le refus de se déplacer, l’hyperactivité (comme tourner en rond dans la cage) constituent des indices. De plus, un animal qui présente une forte douleur abdominale refusera de se coucher.

Chez le chien comme chez le chat, la tension musculaire, l’orientation dans la cage (près ou dos à la porte, dans le fond) et l’absence de comportements normaux sont d’autres signes de douleur. Au final, la réponse à un traitement peut aussi être utilisée pour déterminer si la douleur a pu être atténuée.

  • (1) Une version abrégée de l’échelle de Glasgow est consultable à l’adresse : http://www.gla.ac.uk/vet/research/cascience/ painandwelfare/cmps.htm

CONFÉRENCIÈRES

Alicia Z. Karas, diplomate de l’American College of Veterinary Anesthesiologists, Tufts University Cummings School of Veterinary Medicine (Etats-Unis).

Sheilah A. Robertson, diplomate de l’European College of Veterinary Anaesthesia and Analgesia, College of Veterinary Medicine, University of Florida (Etats-Unis).

Article tiré de la conférence « Apprendre à reconnaître la douleur postopératoire chez le chien et le chat », présentée lors du congrès “Unis contre la douleur” organisé par l’International Veterinary Academy of Pain Management, l’Ordre des vétérinaires du Québec et la faculté de médecine vétérinaire de Montréal, en novembre 2007, avec la collaboration de la Société canadienne contre la douleur, du Conseil canadien de protection des animaux et de l’association 4A-Vet.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - A. Cambridge et coll. : « Subjective and objective measurements of postoperative pain in cats », Javma, 2000, n° 217, pp. 685-690.
  • 2 - L.L. Holton et coll. : « Relationship between physiological factors and clinical pain in dogs scored using a numerical scale », J. Small Anim. Pract., 1998, n° 39, pp. 469-474.
  • 3 - L. Slingsby et coll. : « Use of a new finger-mounted device to compare mechanical nociveptive thresholds in cats given pethidine or no medication after castration », Res. Vet. Sci., 2001, n° 70, pp. 243-246.
  • 4 - D.A. Robinson et coll. : « Evaluation of short-term limb function following unilateral carbon dioxide laser or scalpel onychectomy in cats », Javma, 2007, n° 230, pp. 353-358.
  • 5 - C.W. Romans et coll. : « Effect of postoperative analgesic protocol on limb function following onychectomy in cats », Javma, 2005, n° 227, pp. 89-93.
  • 6 - L. Holton coll. : « Development of a behaviour-based scale ton measure acute pain in dogs », Vet. Rec., 2001, n° 148, pp. 525-531.
  • 7 - G.J. Patronek : « Assessment of claims of short- and long-term complications associated with onychectomy in cats », Javma, 2001, n° 219, pp. 932-937.
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