Le dicton « mieux vaut prévenir que guérir » se vérifie sur le terrain - La Semaine Vétérinaire n° 1309 du 04/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1309 du 04/04/2008

Gestion des maladies animales

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Auteur(s) : Nathalie Devos

Les coûts de la prévention des maladies animales sont faibles par rapport à ceux des crises engendrées.

Le coût de la prévention et du contrôle des principales maladies animales est largement inférieur à celui de la gestion des foyers. C’est l’un des points mis en exergue dans la conférence « Initiative mondiale pour la santé animale : la voie à suivre », coorganisée par la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), en collaboration avec la Food and Agriculture Organization (FAO), en octobre dernier à Washington (Etats-Unis).

« Il est désormais bien établi que les coûts de prévention des crises sanitaires d’origine animale, qui peuvent être évitées grâce à une détection précoce des foyers et aux mécanismes de riposte rapide des systèmes de surveillance vétérinaire, sont insignifiants par rapport aux coûts sociaux, économiques et environnementaux de catastrophes dues à des épizooties telles que l’ESB, la fièvre aphteuse ou l’influenza aviaire hautement pathogène », ne cesse de rappeler l’actuel directeur général de l’OIE, notre confrère Bernard Vallat.

Des études détaillées sur ce sujet ont fait l’objet d’une synthèse réalisée par Agra CEAS Consulting(1), avec l’aide de plusieurs organismes internationaux et nationaux. Quatre enquêtes de terrain ciblant l’Argentine, le Viêtnam, le Nigeria et la Roumanie confirment que « mieux vaut prévenir que guérir » (voir tableau en page 36). Les bénéfices tirés des mesures de prévention et de contrôle des maladies animales l’emportent sur les sommes induites par leur mise en place.

Pour les décisions relatives aux programmes sanitaires et à leur financement, la priorité est souvent donnée aux critères d’efficacité et de résultats escomptés qui, traditionnellement, sont ceux pris en compte par les vétérinaires, explique notre confrère Jean Blancou, ancien directeur général de l’OIE, en préface d’un numéro spécial de la revue de l’organisation(1) consacré à l’économie et au contrôle des maladies animales. Or le défi consiste à trouver le bon équilibre entre ces critères et les critères économiques dans la rationalisation du processus de prise de décision. Il s’agit là d’une condition particulièrement importante pour les pays qui envisagent de lancer de grands programmes de prophylaxie et d’éradication, afin de réduire l’impact d’une maladie donnée sur l’élevage ou d’augmenter les débouchés commerciaux d’un produit d’origine animale en particulier.

L’éradication de certaines affections majeures pour accéder à des marchés d’exportation de “haute valeur” peut en effet générer des bénéfices considérables. L’Uruguay est un bon exemple de pays ayant accédé à un marché lucratif après avoir éradiqué la fièvre aphteuse. Les exportations de viande bovine ont ainsi augmenté de plus de 100 % en volume et de 52 % en valeur après que le territoire a été officiellement déclaré indemne de la maladie sans vaccination par l’OIE, en 1996. L’accès au marché américain lui procure un revenu additionnel de l’ordre de 20 millions de dollars par an.

Dans les pays pauvres, les prestations vétérinaires ne sont toujours pas prioritaires

Les approches économiques de la prophylaxie et de la gestion des maladies animales ont surtout porté leurs fruits dans les systèmes de production de type intensif des pays développés, notamment dans les élevages industriels avicoles, porcins et laitiers, souligne Jean Blancou. Les outils informatisés d’aide à la décision, qui intègrent les facteurs économiques, y sont d’un usage répandu et quotidien, et ont permis d’importants gains de productivité.

Dans les pays en développement, des décisions plus efficaces s’imposent lorsqu’il s’agit d’attribuer les ressources, non seulement pour rendre les élevages plus performants, mais aussi pour établir un ordre de priorité dans les dépenses publiques. Cela résulte directement de la croissance démographique de ces Etats et des besoins divers, et parfois concurrents, qui en découlent, mais aussi des restrictions budgétaires et du désengagement de certains dans les prestations de services vétérinaires. Pour obtenir le financement nécessaire à de nouveaux programmes de prophylaxie ou d’éradication, il faut souvent en évaluer les avantages pour les différents bénéficiaires et pour la société dans son ensemble, et les comparer à ceux susceptibles de découler d’autres investissements. Dans les pays en développement, une telle évaluation est d’autant plus importante que certains bailleurs de fonds et organisations internationales accordent la priorité aux actions qui contribuent à réduire la pauvreté et à garantir une sécurité alimentaire durable.

  • (1) Prevention and control of animal diseases worldwide, part I : « Economic analysis-prevention versus outbreak costs », Civic consulting-Agra CEAS Consulting, études commandées par l’OIE, publiées en septembre dernier.

  • (2) Economie et contrôle des maladies animales, Revue scientifique et technique de l’OIE, vol. 18, n° 2.

Renforcer les services vétérinaires

Les crises sanitaires engendrées par la peste bovine sur plusieurs continents à la fin des années 1880 auraient incité au développement des services vétérinaires publics. Après avoir été éradiquée d’Europe à la fin du XIXe siècle, la maladie est réintroduite en Belgique en 1920 à la suite du transit, dans le port d’Anvers, de zébus importés d’Asie destinés au Brésil. Cet incident est à l’origine de la création de l’Office international des épizooties (OIE) en 1924, qui deviendra l’Organisation mondiale de la santé animale en 2003 (tout en conservant son acronyme OIE). « Améliorer la gouvernance des services vétérinaires mondiaux est l’une des priorités de l’OIE, car un seul pays défaillant met en danger le reste de la planète », a rappelé son actuel directeur général, Bernard Vallat, lors de la présentation de ses vœux à la presse en janvier dernier. A cet égard, l’OIE a mis en place un référentiel d’évaluation et d’appui aux services vétérinaires en 2006, intitulé « Performances des services vétérinaires ». Il découle des prescriptions normatives déjà adoptées par les pays membres de l’organisme en matière de qualité des services vétérinaires nationaux. Des évaluateurs ont depuis été formés et sont à l’œuvre sur le terrain. Une cinquantaine de pays ont déjà été évalués.

N. D.
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