L’interprétation des signes

Elevage de normandes

L’une des vaches de la photo 4 est couchée avec l’épaule gauche coincée contre l’arrêtoir de la logette. Sa voisine a réussi à passer sa patte avant droite au-dessus. Qu’en est-il du reste du troupeau ? La vache de la photo 6 est mal couchée. Une autre, plus loin, sans doute aussi. D’où le questionnement de l’éleveur quant aux dimensions des logettes. La hauteur de l’arrêtoir est pointée du doigt.

Un film tourné pendant la visite met en évidence les difficultés du relevé d’une vache (voir la vidéo sur le site www.elevage-poisy.org). L’aire d’exercice du bâtiment des normandes est rainurée dans le sens longitudinal. L’aire d’exercice du bâtiment des vaches prim’holstein est recouverte de tapis en caoutchouc. Comparez le déplacement des animaux dans les deux bâtiments (voir films sur le site). Quel indicateur permet d’identifier l’aisance de la démarche d’une vache ?

La position de la vache sur la photo 5 est caractéristique : elle dort. Une vache dort peu, en moyenne une demi-heure par jour. Un trop grand nombre de vaches endormies peut indiquer un problème d’indigestion. Sur cette photo, six vaches sont debout. Si plus de 10 % du troupeau est debout, la question du confort des logettes se pose. Les séquences du film nocturne (^{photo 1}) ont permis d’identifier une vache qui est restée quarante minutes debout dans une logette. Or, une vache couchée se repose et repose ses pieds qui restent alors au sec. 30 % de sang supplémentaire circule dans la mamelle. Les déplacements des autres animaux dans le bâtiment sont, en outre, facilités.

La normande de la photo 7, debout dans la logette, présente des zones de léchage derrière l’épaule et sur le flanc. Bruno Giboudeau, praticien à Arbois, a déterminé des zones réflexives (léchage, hérissement des poils) témoins de l’équilibre ruminal. De telles zones, dont celle baptisée pHG (G pour Giboudeau) située sur l’omoplate, sont bien visibles chez cette vache normande.

Selon notre confrère, la zone pHG, de réactivité rapide et fugace, se met en place deux heures après l’ingestion des aliments à fermentation rapide et disparaît dès que les systèmes d’autorégulation ont corrigé le pH ruminal. Dans cet élevage, ces zones sont visibles sur toutes les primipares du troupeau, lesquelles présentent également un poil sec et piqué (^{voir photo 8}).

Les deux vaches de la photo 9 se disputent le bloc de sel. Qu’en est-il de l’équilibre de l’alimentation minérale ? Les besoins quotidiens d’une vache sont évalués à 50 g de sel (NaCl).

Elevage de prim’holstein

Le dos de la vache de la photo 10 est recouvert de poussières. Ce dépôt est lié à l’insuffisance du système d’autonettoyage cutané, lequel peut être aggravé par une mauvaise hygiène de la peau ou un renouvellement d’air insuffisant (voir le livre Les vaches nous parlent d’alimentation). Une zone dépilée est également visible au niveau du jarret. La moitié des vaches présentent ce signe. Ces lésions sont non seulement dues à la qualité du sol du couchage, mais également à la facilité avec laquelle les vaches se couchent (voir film : comment une vache se couche). Chronométrez le temps qu’elle met à se coucher. Elle doit pouvoir le faire en moins de deux minutes.

Tout comme la vache tarie de la photo 11, plusieurs autres, en début de lactation, présentent une grosseur sous-mandibulaire. Est-ce un goitre, de l’œdème, un abcès ? Est-ce un signe des vaches taries, du troupeau ?

De nombreux grains de maïs sont visibles dans la bouse verte de la photo 12, de consistance trop liquide (voir le livre Signes de vaches). Le tamisage de cette bouse a montré un excès de fibres insuffisamment digérées et une forte proportion de grains (^{voir photo 2}). Ce résultat est en cohérence avec le faible taux de vaches en train de ruminer (inférieur au seuil d’alerte fixé à 50 %), le taux de 15 à 20 % de vaches présentant une zone de léchage derrière l’épaule (pHG) et de nombreuses vaches ayant une queue sale (^{voir photo 3}). Quels signes observez-vous chez cette vache ? Quelles questions vous posez-vous ?

Seul notre confrère Thierry Hetreau a vu le fanon œdématié chez la vache de la photo 13. Frottement ? Problème métabolique ? Problème cardiaque ? Pour un signe, trois causes possibles et une enquête à mener.