La composante virale est souvent la plus redoutable lors de chute de ponte - La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/03/2008

Poules pondeuses

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou*, KhaledKaboudi**

De multiples causes peuvent entraîner une chute de ponte chez la poule, ce qui rend difficile la détermination précise de son origine. En outre, elle est rarement monofactorielle dans les conditions réelles du terrain.

La chute de ponte peut être définie comme une diminution brutale d’au moins 5 % de la production réelle d’un troupeau de poules pondeuses, se traduisant par un accident sensible sur le tracé de la courbe de ponte (Ravaud, 1964). Cette baisse entraîne une perte appréciable de la production, d’autant que les marges bénéficiaires sont faibles chez les producteurs d’œufs. Les causes susceptibles d’occasionner ce phénomène sont multiples et de natures diverses : troubles nutritionnels, perturbations des conditions d’élevage et origines pathologiques. Les maladies d’origine virale font partie de ces dernières. La gravité de l’action des virus sur le cycle de ponte peut varier selon le type viral et le moment de l’infection.

Les maladies virales se caractérisent par la rapidité de leur expansion et induisent généralement les chutes de ponte les plus spectaculaires. Il est possible de regrouper les viroses en deux grandes catégories, selon qu’elles ont une action directe ou indirecte sur la fonction génitale.

Six maladies ont une action directe sur la fonction génitale

• La bronchite infectieuse est une virose hautement contagieuse qui affecte les gallinacés, plus particulièrement la poule. Elle est due à la multiplication d’un coronavirus, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. Les pertes économiques provoquées sont liées au retard de croissance et à l’altération des performances zootechniques des poulets, ainsi qu’à la chute de production chez les poules pondeuses d’œufs de consommation et les poules reproductrices. Au sein d’un élevage de pondeuses, le virus entraîne une chute vertigineuse de la ponte et une production d’œufs anormaux, présentant une mauvaise qualité de coquille (décoloration et déformation) et de contenu (jaune tacheté de sang, albumen aqueux et adhérent à la coquille). Le taux de ponte peut passer de 80 à 40 % en trois à quatre semaines. La reprise d’une ponte normale est possible, mais elle se fait lentement et selon les cas.

Différents aspects de la courbe peuvent être envisagés selon le moment où survient l’infection au cours du cycle de production : à l’entrée, au pic ou en fin de ponte (voir graphique 1). En début de ponte, la chute est brutale vers la 26e semaine. Elle est suivie d’une remontée rapide. Cependant, la récupération, après six semaines, aboutit à un maximum toujours inférieur à celui d’une courbe théorique. Quand elle survient au moment du pic de ponte, vers la 30e à la 32e semaine, l’infection se traduit par un taux de production de 60 %. Le redressement est rapide, mais toujours incomplet, ce qui aggrave le pronostic. Une infection vers la fin de la ponte (50e à 55e semaine) provoque une chute de production moins rapide et moins importante (de 10 à 20 %) que dans les deux premiers cas. Cependant, la remontée, lente et en palier, s’accompagne d’un taux de ponte toujours inférieur à la valeur normale. Il est alors conseillé de réformer le troupeau (Kamoun, 1972 ; Dhinabar Raj, 1997 ; Cavanagh et Naqi, 2003).

• La maladie de Newcastle est due à un paramyxovirus (sérotype 1). Elle est hautement contagieuse et affecte les volailles de tout âge. Les manifestations anatomo-cliniques varient selon la virulence des souches. Cinq pathotypes sont actuellement dénombrés. Les plus pathogènes, les souches vélogènes viscérotropes et vélogènes neurotropes, provoquent une maladie aiguë qui entraîne un taux de mortalité de 80 à 100 %, après l’expression de symptômes essentiellement digestifs et nerveux. D’autres souches, dites mésogènes, sont à l’origine de troubles généraux et de signes cliniques plus atténués.

Chez des poules âgées de 37 semaines, l’action du virus (souches mésogènes) sur la ponte se traduit par une chute brutale, vertigineuse et très accusée qui touche 50 %, voire 70 % de la production. Cette baisse peut prendre huit à dix semaines, avant un retour au niveau normal en quelques jours. Toutefois, elle peut aussi provoquer l’arrêt total de la ponte. La qualité de l’œuf est parfois altérée, avec un albumen fluide et une coquille fragile (Alexander, 2003).

• La maladie de Marek est une herpesvirose qui touche les volailles et se caractérise, en termes cliniques, par un syndrome paralytique et une mortalité de 30 à 50 % chez les oiseaux sensibles. Au plan anatomo-pathologique, la multiplication du virus se traduit par des infiltrations lymphoïdes tumorales des nerfs, des différents viscères (foie, rate, gonades, proventricule, poumons, cœur, etc.) et de la peau. Quel que soit l’aspect évolutif, cette affection est à l’origine d’une chute de ponte chez les poules pondeuses. Dans sa forme classique, ou nerveuse, la diminution de la production peut s’expliquer par les paralysies qui empêchent les animaux d’accéder aux mangeoires et aux abreuvoirs. Lors de forme aiguë, ou tumorale, la chute provient vraisemblablement de la présence de tumeurs sur la grappe ovarienne. Elle est alors spectaculaire et persistante (Witter et Schat, 2003).

• La leucose peut s’observer sous différentes formes (lymphoïde, ostéopétrose, érythroblastose, myéloblastome) en raison de la multiplication du rétrovirus. La leucose lymphoïde, la plus répandue chez la poule, est à l’origine d’infiltrations lymphocytaires au niveau des différents organes (foie, rate, reins, ovaires, bourse de Fabricius, thymus, tube digestif, etc.). Elle entraîne une morbidité toujours égale à la mortalité, soit 2 à 5 %. L’évolution vers la mort est rapide, après une longue période d’incubation. Quelle que soit la forme évolutive de la leucose, les conséquences économiques sont particulièrement importantes. En effet, chez les poules pondeuses, la chute de ponte, considérable, provient des lésions ovariennes et hépatiques (Gavora et coll., 1980).

• Le syndrome chute de ponte (EDS’76 pour Egg Drop Syndrome) se définit comme une baisse de la production d’œufs d’au moins 10 % et une production d’au moins 4 % d’œufs à coquille molle ou d’œufs sans coquille, pendant une semaine au minimum. Le virus responsable est un adénovirus du groupe 3, dont onze sérotypes sont connus. Il agit directement sur l’appareil génital, où il provoque une atrophie des glandes coquillières de l’utérus. La chute de ponte survient de façon sévère et brutale et s’accompagne d’un taux important d’œufs à coquilles décolorées, molles ou absentes. Leur taille peut en outre être plus petite que la normale, avec un albumen plus dilué.

L’infection apparaît généralement entre la 24e et la 33e semaine d’âge, ce qui correspond au pic de production. La diminution concerne environ 30 à 40 % de cette dernière et s’installe sur six à huit semaines avant l’apparition d’une phase de redressement (Van Eck et coll., 1976 ; Mc Ferran et coll., 1978 ; Hess, 2000).

• L’influenza aviaire est une maladie hautement contagieuse qui affecte plusieurs espèces d’oiseaux, domestiques et sauvages. La plupart du temps, elle ne peut être différenciée de la maladie de Newcastle, ou pseudo-peste, en termes cliniques. Le virus influenza en cause, de type A, appartient à la famille des Orthomyxoviridae. Il entraîne une infection à l’origine d’une mortalité importante et rapide dans sa forme hautement pathogène, où la maladie prend un caractère ravageant, sans signes cliniques préalables. Dans la forme faiblement pathogène, l’influenza peut se manifester par des troubles respiratoires, digestifs et nerveux qui apparaissent vers la phase terminale.

Chez les poules, pondeuses et reproductrices, l’infection induit une inflammation du tractus génital, aggravée par une baisse considérable de la consommation alimentaire et une altération de l’état général, ce qui se traduit par une chute de la production d’œufs. Elle peut totalement s’interrompre au bout de six jours. Les quelques œufs produits présentent alors une coquille fragile (Swayne et Halvorson, 2003).

Quatre affections interviennent indirectement sur la fonction génitale

• Le syndrome infectieux de la grosse tête (SIGT) est provoqué par un pneumovirus. Cette affection, qui touche la poule et la dinde, se manifeste par un gonflement sous-cutané au niveau de la région péri-oculaire et mandibulaire, et par une déformation de la tête. Ces signes s’accompagnent de symptômes respiratoires et d’une baisse de consommation. L’action du virus sur l’appareil génital et sur la ponte est indirecte, malgré la mise en évidence d’une involution de la grappe ovarienne et de l’oviducte chez les dindes pondeuses infectées expérimentalement (Jones et coll., 1988).

Le ralentissement de la production d’œufs provient d’une baisse considérable de la consommation. La chute de ponte peut atteindre 30 à 70 %. Une baisse de l’éclosabilité est aussi notée chez les reproducteurs. Généralement, cette virose n’affecte pas la qualité des œufs. Cependant, une altération est signalée chez ceux issus de poules pondeuses infectées par le pneumovirus (Cook, 2000).

• L’encéphalomyélite aviaire (EMA) est une virose qui se traduit par des troubles nerveux (parésie, paralysie, tremblements, etc.) chez les jeunes et par une baisse de la production, de la fertilité et de l’éclosabilité chez les adultes.

L’agent responsable est un entérovirus caractérisé par un double tropisme : digestif et nerveux. Cependant, à la suite de la virémie, le virus peut être isolé à partir de tous les organes, y compris l’appareil génital des poules et des coqs. La gravité de la chute de ponte dépend du moment de l’infection. En général, elle s’observe après la diminution notable de la consommation. En effet, en début de production, l’infection par le virus de l’EMA est à l’origine d’un décrochement de la courbe pendant quelques jours, avec une remontée longue et incomplète ; la production reste alors médiocre. Lorsqu’elle survient en pleine ponte (30 à 40 semaines), l’infection se traduit par une cassure brutale de la courbe, qui dessine un “V” caractéristique, avant une remontée du taux au niveau normal (voir graphique 2). Dans ce cas, la présence du virus est révélée par une période d’alerte de cinq jours environ, accompagnée d’une baisse de 3 à 5 % de la ponte, suivie d’une forte dépression de 10 à 25 % qui persiste deux à quatre semaines à l’échelle du troupeau et deux à trois jours à l’échelle individuelle (Tannock, 1994).

• L’anémie infectieuse aviaire (chicken anaemia virus, CAV) est une maladie infectieuse et transmissible qui touche plusieurs espèces aviaires (poule, dinde, pigeon, caille). Dans la première, elle peut s’observer chez les jeunes poulets, les poules pondeuses et les reproducteurs. En termes cliniques, l’infection se caractérise par une anémie transitoire, une immunodéficience chez les jeunes, une atrophie des organes lymphoïdes primaires, une hépatomégalie et des lésions nécrotiques sur les organes cibles.

Cette maladie est à l’origine de pertes économiques considérables en raison de la moralité et de la perte de poids chez les jeunes, ainsi que de la chute de production. En effet, la diminution de la ponte n’est qu’un résultat attendu chez des animaux malades en sous-consommation. Elle touche 10 à 20 % de la production durant quelques semaines (Toro, 1997 ; Pages, 1997 ; Farka, 1998).

• La laryngo-trachéite infectieuse (LTI) est une maladie infectieuse et contagieuse provoquée par un herpesvirus du groupe A à tropisme respiratoire. Chez les jeunes, la maladie entraîne des troubles respiratoires graves (râles trachéaux, dyspnée, détresse respiratoire, sifflement, trachéite hémorragique). Chez les poules pondeuses, l’action du virus sur la production est indirecte. La chute de ponte s’explique par la détresse respiratoire et la diminution notable de la consommation. Elle concerne 10 à 50 % de la production, selon la forme clinique de l’affection, et s’étale sur deux à cinq semaines (James et Trevor, 2003).

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