L’importance des laboratoires privés dans le maillage sanitaire est soulignée - La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/03/2008

Analyses biologiques. Premières rencontres de l’AFLABV

Actualité

Auteur(s) : Camille Ninio

Certification, antibiorésistance, salmonelles et Campylobacter au centre des discussions à Alfort, le 18 mars.

L’Association française des laboratoires d’analyses de biologie vétérinaire (AFLABV) a organisé ses premières rencontres le 18 mars dernier, sur le site de l’école d’Alfort.

La possibilité d’une certification des élevages vis-à-vis du syndrome dysgénésique respiratoire porcin (SDRP) a été abordée par notre confrère Hervé Petit, membre de l’Association pour la certification de la santé animale en élevage (Acersa). Cette dernière estime, en se fondant sur une étude réalisée depuis 2003, qu’une qualification des élevages est techniquement possible et économiquement rentable.

Jusqu’à soixante analyses annuelles pour obtenir la qualification SDRP

Si la certification SDRP se met en place, elle devrait être délivrée au site d’élevage porcin par le biais de la réalisation d’analyses réalisées tous les quatre mois. Pour les élevages sélectionneurs-multiplicateurs, les analyses sérologiques seront individuelles. Le niveau I de qualification (« présumé indemne de SDRP ») pourra alors être obtenu en un an. Pour les autres élevages (naisseurs, engraisseurs, etc.) les analyses, prévues à la même fréquence, seront des sérologies de mélange. Le statut II (« régulièrement contrôlé à l’égard du SDRP ») ou III (« à circulation virale SDRP maîtrisée ») pourra être obtenu en un an. Dans le cas d’élevages de statut II situés dans les zones à situation épidémiologique favorable, une réduction du rythme des contrôles sera possible. Au final, jusqu’à soixante analyses annuelles pourront être réalisées selon le type d’élevage (naisseurs) dans le but d’obtenir la qualification. La démarche de certification sera volontaire et son coût sera pris en charge par les professionnels.

Selon Hervé Petit, certaines coopératives ou groupements pourraient pousser leurs adhérents à s’engager dans ce processus. Pour Bernard Guérin, du Laboratoire national de contrôle des reproducteurs, l’Elisa (en association avec des techniques PCR) sera la méthode de diagnostic privilégiée dans le cadre d’une certification. Il rappelle en outre que, malgré la détention d’un sérum de référence par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), la France ne compte aucun laboratoire de référence pour le SDRP.

Des phénotypes inhabituels de résistance sont observés chez les E. coli

Eric Jouy, de l’Afssa de Ploufragan, a abordé le problème des antibiorésistances, soulignant que le réseau Resapath(1) en observe de plus en plus et que, parallèlement, les nouveaux antibiotiques sur le marché sont moins nombreux. Actuellement, cinquante et un laboratoires, dont quarante et un publics et dix privés, participent au réseau. Ils lui soumettent en moyenne dix mille antibiogrammes par an. Ces derniers ont permis d’étudier des phénomènes inquiétants, comme la résistance de souches d’E. coli aux céphalosporines de troisième et de quatrième générations (isolées chez des porcs, des bovins et des volailles).

Pour Sophie Granier, membre de l’unité qui anime le “réseau Salmonella” à l’Afssa, les résistances des souches de salmonelles font l’objet d’une attention particulière.

Grâce au réseau, trois milles souches de Salmonella, isolées dans un contexte non humain, sont antibiotypées chaque année. Trois phénotypes sont particulièrement surveillés en raison de leur importance en santé publique : la résistance aux céphalosporines de troisième génération, la sensibilité diminuée aux fluoroquinolones et le profil de penta-résistance (résistance à cinq familles d’antibiotiques). Les résultats obtenus en 2006 pour Salmonella spp. montrent des taux de sensibilité de 84 % à l’ampicilline, de 87 % à l’acide nalidixique, de 75 % aux sulfamides et de 72 % aux tétracyclines. Les sérotypes ne sont pas égaux vis-à-vis de la sensibilité aux antibiotiques.

Isabelle Corrégé, de l’Institut du porc, a rappelé que la prévalence des salmonelles chez les porcs charcutiers est estimée à 18,4 % (bactériologie sur ganglions) dans l’Hexagone. Une grande disparité est en outre observée entre les élevages : 2 à 3 % d’entre eux atteignent 80 à 90 % de séroprévalence ! En France, le plan salmonelles prévoit la réalisation de sérologies sur jus de viande, à raison de trente-six animaux analysés par élevage et par an (soit neuf par trimestre). Le statut sera déterminé sur les trente-six derniers résultats et révisé tous les trois mois. Au vu du protocole, les coûts estimés sont importants, s’élevant à 1,5 million pour les analyses et à 30 000 € par abattoir pour les prélèvements. Selon Isabelle Corrégé, il est probable que ces sommes seront à la charge des professionnels. Ces derniers pourraient alors demander un appel d’offres aux laboratoires… sans exclure qu’ils se tournent vers ceux d’Allemagne ou du Danemark, spécialisés. « Actuellement, certains intervenants de la filière porc travaillent déjà avec eux. »

Vers une responsabilisation des professionnels de la maîtrise sanitaire

Philippe Fravalo, de l’Afssa de Ploufragan, a insisté sur l’importance de la campylobacteriose humaine en France, responsable de la moitié des cas sporadiques de gastro-entérite aiguë, avec 20 000 cas confirmés par an dont 80 % sont d’origine alimentaire. Par ailleurs, il note qu’une directive européenne(2) prévoit la surveillance des campylobacters dans les filières animales, alors que le règlement relatif aux critères microbiologiques(3) ne fournit ni critères de sécurité ni critères de process.

Les interventions de Sylvie Francart et de Sophie Bouyer, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), ont par ailleurs permis de rappeler l’importance des laboratoires privés dans le maillage sanitaire. Elles ont notamment précisé que la réalisation des contrôles officiels qu’ils effectuent d’ores et déjà ne sera pas remise en cause. Sophie Bouyer s’est en outre voulue rassurante, soulignant que « l’évolution des réglementations ne va pas dans le sens d’une augmentation des contrôles pris en charge par l’Etat, mais plutôt vers une responsabilisation des professionnels de la maîtrise sanitaire. Il y a donc de la place pour les laboratoires privés. L’histoire a montré que l’on a besoin d’eux ».

  • (1) Réseau de surveillance de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes isolées chez l’animal.

  • (2) Directive 2003/99/CE.

  • (3) Règlement 2073/2005/CE.

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