Axience présente une solution injectable d’ivermectine et de closantel - La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/03/2008

Pharmacie. Endectocide et douvicide injectable pour bovins

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Closamectine® bénéficie des rémanences d’activité d’un endectocide et d’un douvicide.

Un grand produit révolutionnaire. » Face à la presse, les dirigeants du petit laboratoire Axience se déclarent « fiers et enthousiastes » de proposer au marché français la première solution injectable associant l’ivermectine et le closantel : Closamectine®. Elle élargit le spectre antiparasitaire endectocide de l’ivermectine (nématocide, insecticide et acaricide) en y associant un douvicide, dérivé des salicylanilides : le closantel. Elle élargit aussi le spectre des associations Ivomec® D et Virbamec® D, à base d’ivermectine et de clorsulon (douvicide adulticide), car le closantel est actif contre les formes immatures de Fasciola hepatica et gigantica. En outre, le closantel est aussi efficace contre les nématodes hématophages (Haemonchus entre autres) et certains arthropodes comme les larves d’hypodermes chez les bovins et d’Œstrus ovis chez les ovins. Cette solution est toutefois destinée ici aux bovins et non aux ovins.

Les deux principes actifs sont bien connus des praticiens ruraux, puisqu’ils sont autorisés en formes injectables depuis 1981 sous les marques Ivomec® (ivermectine) chez Merial et Flukiver® (closantel) chez Janssen. La performance de Norbrook, le fabricant irlandais titulaire de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), est d’abord d’avoir réussi à développer une formulation avec les deux principes actifs : une solution injectable à 0,5 % d’ivermectine et 12,5 % de closantel. Les posologies d’emploi habituelles de l’ivermectine (0,2 mg/kg) et du closantel (5 mg/kg) correspondent à une injection sous-cutanée de 1 ml/25 kg (au lieu de 1 ml/50 kg pour les solutions injectables à 1 % d’ivermectine).

Une efficacité rémanente de quatre semaines contre les douves immatures

Les études de bioéquivalence chez les bovins sont jugées satisfaisantes par les autorités d’enregistrement (voir graphique). En outre, ces études cinétiques sont accompagnées de nombreuses études parasitologiques, réalisées directement avec l’association d’ivermectine et de closantel, notamment contre la grande douve. Leurs résultats, présentés par notre confrère Laurent Flaus, responsable pharmaceutique chez Axience, montrent une élimination de 94,5 % des formes immatures âgées de neuf semaines, 98,5 % des formes immatures de sept semaines et 42,6 % des formes jeunes immatures de cinq semaines. Aujourd’hui, ces dernières ne sont véritablement détruites que par le triclabendazole (Fascinex®, Fascicur® et Triclanil®). Toutefois, le closantel possède une activité rémanente supérieure à quatre semaines contre la grande douve qui lui permet de revendiquer une efficacité résiduelle contre des formes jeunes immatures au moment du traitement, et assure un effet stunt qui se traduit par des retards dans le développement des formes immatures survivantes et une diminution de leurs capacités de reproduction et de ponte. Au final, la contamination des pâtures est divisée par trois grâce au closantel. Le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP) mentionne une efficacité de douze semaines contre les formes adultes (destruction de plus de 99 % des parasites) et les formes immatures de neuf semaines (destruction supérieure à 90 %). Ces caractéristiques conduisent Laurent Flaus à recommander une seule injection contre la grande douve (au lieu de deux avec les adulticides).

L’association de deux antiparasitaires : « Un moyen de lutte contre les résistances »

Notre confrère souligne aussi que l’association de l’ivermectine et du closantel constitue un atout dans la prévention de nématodes résistants aux benzimidazoles, à l’ivermectine et au lévamisole, ou de douves résistantes au triclabendazole, mais sensibles au closantel. De telles résistances chez les douves sont d’abord apparues en Australie, où la forte pression parasitaire nécessite davantage de traitements. Elles sont ensuite décrites dans plusieurs pays d’Europe (Irlande, Pays-Bas, Espagne), mais pas en France. Même si la situation française actuelle concernant les résistances antiparasitaires chez les bovins n’est apparemment pas préoccupante, le risque d’émergence de telles résistances n’est toutefois pas nul, en raison de l’accroissement de la pression parasitaire due aux saisons de pâture de plus en plus longues, chaudes et souvent pluvieuses.

Par absence de limite maximale de résidus (LMR) dans le lait, l’emploi de Closamectine® est contre-indiqué chez les vaches laitières en lactation, ainsi qu’au cours des deux mois qui précèdent la mise bas. Néanmoins, cet antiparasitaire est évidemment indiqué chez les vaches laitières au tarissement. Pour les broutards et les jeunes bovins en première ou seconde saison de pâture, voire pour les adultes, le temps d’attente dans la viande est de trente-cinq jours.

Cette nouvelle spécialité enrichit la gamme de génériques d’ivermectine Norbrook Noromectin®, distribuée par Axience en France. Mais l’originalité de l’association avec le closantel n’en fait évidemment pas un générique. Son positionnement tarifaire, en centrale, n’est pas non plus celui des génériques. Closamectine® est ainsi présenté en flacons de 100, 250 et 500 ml à un coût thérapeutique 10 à 15 % plus élevé que la spécialité Ivomec® D et assez proche de l’association Ivomec® et Flukiver® : de 4 à 5 € HT pour un broutard de 300 kg (prix centrale).

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