Le praticien dispose d’un panel de techniques d’anesthésie locales et régionales - La Semaine Vétérinaire n° 1307 du 21/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1307 du 21/03/2008

Anesthésies chez les bovins

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Karine Chaîné*, Eric Troncy**

Fonctions :
*Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal. Voir complément photographique à l’adresse http://www.planete-vet.com/planete/biblio/SV/plus/1307/SV-1307-38.html
**Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal. Voir complément photographique à l’adresse http://www.planete-vet.com/planete/biblio/SV/plus/1307/SV-1307-38.html

Les risques présents, tels que les infections et la chute de l’animal, peuvent être aisément mesurés et contrôlés.

Le fonctionnement de l’anesthésie locale correspond au blocage des canaux sodiques des cellules excitables. Pour ce faire, plusieurs molécules chimiques sont utilisées, comme la procaïne, la tétracaïne, la lidocaïne et la bupivacaïne (par ordre croissant de durée). Les anesthésies du flanc, du périnée, de la tête et des membres sont les plus pratiquées chez les bovins.

1 ANESTHÉSIE DU FLANC.

L’anesthésie du flanc est utilisée avant une laparotomie afin de faire une césarienne, une ruminotomie ou une caillette, par exemple. Au moins six techniques locales ou régionales sont décrites. La première est nommée la “traçante”. Elle est simple à réaliser et demande un volume de lidocaïne 2 % d’environ 100 ml. Son délai et sa durée d’action sont respectivement de cinq à quinze minutes et une heure. Les principaux inconvénients de cette méthode sont l’absence d’anesthésie des plans les plus profonds (péritoine) et la possibilité de formation d’une zone d’hyperhémie (saignante) susceptible de favoriser l’apparition d’un abcès de paroi, représentant une forme d’infection. La deuxième technique est l’anesthésie en “7” ou “L inversé”. Elle nécessite au moins 100 ml de lidocaïne 2 % afin de bloquer les nerfs et dure une heure. Son délai d’action est lui aussi assez long (de dix à quinze minutes). Elle n’est pas populaire en raison d’un fort taux d’échecs.

2 ANESTHÉSIES PARAVERTÉBRALES ET PÉRIDURALE.

L’anesthésie paravertébrale proximale est une méthode simple (voir photo). Elle présente peu de risques et semble particulièrement appréciée des praticiens. Elle nécessite 3 x 20 ml de lidocaïne 2 % en trois points d’infiltration cranialement aux processus transverses des vertèbres L1, L2 et L3 pour désensibiliser respectivement les nerfs T13, L1 et L2. Elle requiert environ dix minutes pour agir pendant approximativement une heure et demie. L’anesthésie paravertébrale distale se différencie de la procédure proximale en ce qu’elle bloque les mêmes nerfs à leur émergence du foramen intervertébral par une approche latérale au niveau des processus transverses L1, L2 et L4. Les doses de lidocaïne 2 % sont de 3 x 25 ml. Notre consœur Delphine Holopherne apprécie peu cette technique, car les vaches ont tendance à bouger plus, semblent moins bien la supporter et les échecs sont plus nombreux.

Bien connue, l’anesthésie péridurale caudale est une technique performante. Plusieurs protocoles existent selon les médicaments, les doses et la vitesse d’injection. Pour les retournements de matrice, en revanche, Delphine Holopherne privilégie la xylazine 2 % (0,15 à 0,35 ml/ 100 kg) à la lidocaïne 2 % (à la dose de 1 ml/100 kg, la vache reste debout). L’anesthésie péridurale thoraco-lombaire consiste en une injection de 1 à 1,5 ml/100 kg de lidocaïne 2 % (ou 0,5 ml de lidocaïne 2 % avec 0,125 ml de xylazine/100 kg de poids vif) dans l’espace péridural entre L1 et L2 ou, plus rarement, entre T13 et L1. « En théorie, cette technique semble bonne, mais sur le terrain, elle devient un vrai casse-tête ! » En outre, chez les vaches âgées de plus de quatre ans, le développement d’une fibrose intervertébrale rend quasi impossible le passage de l’aiguille. Cette méthode doit donc être réservée aux bêtes jeunes.

3 LA RACHIANESTHÉSIE.

La rachianesthésie est beaucoup utilisée à Nantes, chez les veaux, en association avec une légère sédation dans le cadre d’opérations de l’ombilic. Elle s’effectue dans la région lombosacrée et consiste en une injection d’anesthésiques locaux dans l’espace sous-arachnoïdien, donc dans le liquide céphalorachidien. L’injection (1 ml de xylazine 2 % et 10 ml de lidocaïne 2 %/100 kg) doit être réalisée lentement et provoque une paralysie immédiate qui peut durer jusqu’à quatre-vingt-dix minutes. Dans une étude interne, Delphine Holopherne a noté de faibles répercussions cardiovasculaires (pression artérielle et fréquence cardiaque) et respiratoires. Cependant, la marge de sécurité demeure inconnue à ce jour. Les veaux anesthésiés restent conscients et conservent même leur capacité de succion. Dès la fin de l’intervention chirurgicale, les animaux récupèrent rapidement et le retour de la motricité intervient dans un laps de temps de deux heures et demie environ.

4 ANESTHÉSIE DE LA TÊTE ET DES MEMBRES.

Dans les anesthésies de la tête, notre consœur propose le bloc cornual pour les écornages. Le bloc de Peterson, utile pour toutes les interventions chirurgicales de l’œil et de ses annexes, anesthésie la plupart des structures nerveuses importantes à l’origine de l’émergence du foramen orbitorotundum, mais qui n’ont pas d’effet sur les paupières (nécessite une anesthésie auriculo-palpébrale).

Le bloc infraorbitaire est plus difficile à repérer que chez le cheval, par exemple, et la zone est sensible (ne pas introduire l’aiguille trop loin). Les blocs proximaux et distaux sont assez difficiles à réaliser, alors que l’anesthésie sous garrot intraveineuse régionale (également nommée bloc de Bier) représente une technique facile à employer pour l’anesthésie des membres chez les bovins. Attention toutefois, lors de bloc de Bier, aux complications ischémiques ou aux chocs toxiques si le garrot est maintenu en place plus de deux heures.

Les techniques d’anesthésie locales et régionales sont nombreuses et plus ou moins faciles à réaliser selon l’analgésique employé, la contention requise et l’expérience du vétérinaire. Les risques de contamination (il est important de procéder en asepsie) ou de chute de l’animal peuvent être aisément mesurés et contrôlés.

CONFÉRENCIÈRE

Delphine Holopherne, enseignant-chercheur à l’ENV de Nantes.

Article réalisé d’après la conférence présentée dans le cadre du congrès conjoint de l’International Veterinary Academy of Pain Management, de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec et de la Faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal, qui s’est tenu du 1er au 3 novembre 2007 à Montréal (Canada).

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