Malgré le plan “pandémie humaine”, nombre de paramètres sont totalement imprévisibles - La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 07/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 07/03/2008

Influenza aviaire. La logistique en question

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Que se passerait-il si une crise sanitaire majeure, comme une pandémie humaine de grippe aviaire, se déclarait en France ? L’opinion des médecins, qui seront en première ligne, diffère sensiblement de celle des experts du ministère de la Santé, indiquent Les Echos dans un récent numéro(1). « Ce sera un bazar indescriptible », déclarent les premiers. « Nous avons des stocks de médicaments et un plan d’action national », rétorquent les seconds. En outre, à ce discours de terrain, la Délégation interministérielle à la lutte contre la grippe aviaire (Dilga) ajoute une formule qui peut laisser quelque peu perplexe : « Chaque citoyen doit s’informer et se préparer aux comportements collectifs et individuels qui seront recommandés en situation de pandémie. »

Selon de nombreux experts, le plan de prévention et de lutte “pandémie grippale” français est l’un des plus complets. Des stocks d’antiviraux et d’équipements de protection (masques) sont constitués, des doses de vaccins (prépandémique et pandémique) sont commandées et une organisation de crise est mise en place.

Pourtant, la perception du risque dans la population reste assez faible. Du côté des entreprises, seuls quelques grands groupes ont anticipé une situation qui demeure toutefois hypothétique. Chez les médecins généralistes, la connaissance des mesures à prendre reste floue, rapporte le quotidien économique.

Une pandémie est un problème autant politique que sanitaire

L’un des premiers objectifs du plan français est d’assurer la continuité de l’Etat sur l’ensemble du territoire (approvisionnements, sûreté des installations, maintien de l’ordre public, etc.). Mais, en réalité, nombre de paramètres sont totalement imprévisibles : le comportement de la population soumise à un stress sans équivalent dans l’histoire récente du pays, la solidité de la chaîne de soins chargée de contrôler l’épidémie, l’efficacité réelle des médicaments utilisés en attendant la mise au point du vaccin, la gestion des priorités sanitaires, la protection des “forces vives”, les soins aux personnes seules ou encore le fonctionnement des structures en mode dégradé, en raison de l’absentéisme. « Une pandémie est plus un problème politique que sanitaire », estime Jean-Marie Cohen, coordinateur national du réseau des Groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog).

« Il s’agit de déterminer à froid les comportements et les mesures qu’il conviendra d’appliquer à chaud, lorsque l’irrationnel risque de dicter des choix inappropriés », ajoute Bruno Lina, directeur du laboratoire de virologie des hospices civils de Lyon, qui fait partie des experts nationaux.

Un autre facteur difficile à évaluer concerne les éventuels transferts de population entre pays voisins bénéficiant de niveaux de protection différents. « Les positions des Etats ne sont pas cohérentes en Europe », redoute pour sa part Dominique Tricard, de la Dilga.

Les experts avancent le chiffre d’environ 65 000 hospitalisations au pic de l’épidémie

En outre, si l’épidémie éclate, il y aura foule dans les cabinets médicaux, les pharmacies et les hôpitaux. Les services d’urgence seront en surchauffe durant plusieurs semaines, d’autant que, pendant ce temps-là, les autres maladies continueront d’exister. Dans un tel cas de figure, selon les experts, le premier message à diffuser est de ne pas se précipiter aux urgences. Les hôpitaux ne sont pas prévus pour gérer de telles affluences et il faudra trier les malades à l’entrée (dans des tentes) et définir des zones de haute et de basse densité virale (HDV et BDV). Les spécialistes tablent sur trois mille quatre cents hospitalisations par semaine en début d’épidémie et environ soixante-cinq mille au moment du pic, dont 15 % en réanimation.

En cas d’épidémie humaine de grippe aviaire en France, selon Les Echos, les médecins généralistes devront soigner plus de vingt millions de malades en quelques semaines. Pour éviter les concentrations humaines dans les salles d’attente, le département de Haute-Loire a, par exemple, décidé de mettre en place des “salles d’attente ambulantes” qui se déplaceront à la rencontre des malades. Les élus du Val-de-Marne envisagent, pour leur part, une approche de soins par îlots, avec des médecins qui feront le tour des immeubles.

  • (1) Les Echos, 20/2/2008.

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