La technique de real time-PCR permet la détection de l’herpèsvirus de type 1 - La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008

Biologie moléculaire et maladies infectieuses

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

Les écouvillons nasaux sont plus sensibles que les pharyngés pour la détection de l’EHV-1.

L’herpèsvirus de type 1 (EHV-1) est un agent pathogène majeur chez le cheval, responsable de syndromes respiratoires, d’avortements, de mortalité néonatale et de myéloencéphalopathie. Quelle que soit sa forme clinique, la maladie peut sévir de façon épidémique en raison de sa contagiosité. Une détection précoce du virus chez le ou les chevaux atteints est donc primordiale pour éviter l’extension de l’affection. L’approche traditionnelle d’isolement viral est supplantée, ces dernières années, par des techniques de biologie moléculaire particulièrement sensibles avec, de surcroît, un résultat rapide.

La sensibilité diagnostique des écouvillons nasaux et pharyngés est comparée

La polymerase chain reaction (PCR) de routine cible plusieurs gènes d’EHV-1 et est incapable de différencier des virus en réplication (lytiques) de ceux qui ne sont pas en phase de multiplication. La PCR traditionnelle positive ne peut donc s’interpréter que dans un contexte où les chevaux présentent des signes cliniques qui évoquent la maladie. En outre, cette méthode ne fournit pas d’informations sur la charge virale. En revanche, la technique de RT-PCR (real time-PCR) permet d’étudier la cinétique virale dans le sang et les sécrétions respiratoires de chevaux infectés expérimentalement par l’EHV-1. Lors de signes cliniques compatibles avec une herpèsvirose, les échantillons collectés pour documenter une virémie ou une dissémination virale sont du sang et les sécrétions des voies respiratoires supérieures. Comme le recueil de ces sécrétions via un écouvillon naso-pharyngé n’est pas une procédure bien tolérée par les chevaux, de nombreux praticiens ont tendance à utiliser un écouvillon nasal court. Toutefois, la sensibilité diagnostique de la détection moléculaire de l’EHV-1 avec un seul écouvillonnage nasal est inconnue.

Nicolas Pusterla et ses collaborateurs(1) ont donc cherché à comparer la sensibilité diagnostique des écouvillons nasaux par rapport aux écouvillons pharyngés pour le diagnostic de l’herpèsvirose de type 1, et à déterminer la charge virale sanguine et respiratoire en EHV-1 chez des chevaux atteints.

L’étude est conduite en Californie, en décembre 2006 et janvier 2007, dans une écurie de course dans laquelle une forme nerveuse de rhinopneumonie a été diagnostiquée chez un hongre pur-sang âgé de trois ans. Du sang et des écouvillons nasaux et pharyngés sont prélevés chez 119 pur-sang et 47 poneys adultes sans signes cliniques, mais qui ont eu des contacts plus ou moins rapprochés avec le cas initial pendant trois semaines. En outre, 27 chevaux à tableau clinique évocateur d’une herpèsvirose de type 1, présentés à l’université de Davis en urgence soit pour hyperthermie soudaine (sans autres symptômes), soit pour troubles neurologiques, sont inclus dans le protocole, avec un groupe témoin de 41 chevaux “subcliniques”. Tous les écouvillons et échantillons sanguins sont soumis à une RT-PCR, après l’extraction de l’ADN viral.

Au total, sur les 146 chevaux de l’écurie de course, 23 donnent un résultat positif par RT-PCR, soit sur un écouvillon nasal, soit sur un écouvillon pharyngé, soit sur les deux. Un taux de récupération d’ADN viral similaire est observé entre les deux groupes d’échantillons écouvillons nasaux et pharyngés. Chez ces chevaux naturellement exposés à l’EHV-1, les statistiques montrent que les écouvillons nasaux sont globalement plus sensibles que les pharyngés pour la détection de l’EHV-1 par RT-PCR.

La charge virale diffère selon le stade clinique et la forme de la maladie

Une différence de charge virale est mise en évidence parmi les chevaux de l’étude, selon leur “stade clinique” et la forme de la maladie. Tous les chevaux présentés pour une hyperthermie soudaine ont de l’ADN d’EHV-1 détectable dans le sang et les sécrétions respiratoires, mais la charge virale est plus importante dans le sang. Cette donnée confirme que la virémie coïncide avec le (second) pic de fièvre de l’infection à EHV-1.

Les signes neurologiques de myéloencéphalopathie à herpèsvirus apparaissent généralement pendant la phase de virémie, et la phase d’incubation est de six à dix jours. Chez les 15 chevaux à troubles neurologiques accueillis à l’université, la charge virale sanguine est significativement plus basse que celle des sécrétions respiratoires. Cette charge virale respiratoire est même plus élevée que celle des chevaux hyperthermiques sans autres symptômes et que celle des animaux à infection subclinique.

Cela confirme donc l’extrême contagiosité de l’EHV-1 dans les épisodes de forme nerveuse de rhinopneumonie.

La prévalence de l’infection à EHV-1 parmi le groupe contrôle des 41 chevaux avoisine 20 %. La charge virale en EHV-1 des sécrétions respiratoires lors d’infection inapparente ou subclinique est basse et la cinétique différente par rapport aux stades avérés d’infection. Un portage transitoire de virus, une réactivation virale ou un virus à l’état latent (sans réplication) peuvent expliquer cette observation de l’étude. Ainsi, ces résultats suggèrent d’éviter de tester des chevaux cliniquement sains au hasard, car l’interprétation de cas positifs en PCR est complexe. En revanche, lors d’épidémie à EHV-1, tester des chevaux au contact du virus, même s’ils ne présentent pas de signes cliniques, est utile et permet de les séparer précocement des individus non contaminés.

Les applications pratiques de cette technique de RT-PCR sont donc non seulement de sélectionner les chevaux à mettre en quarantaine lors d’exposition à l’EHV-1 dans un effectif, mais aussi de suivre l’évolution de la charge virale chez un animal, afin de connaître le stade de l’infection, voire la réponse à un traitement antiviral.

  • (1) N. Pusterla, S. Mapes, W.D. Wilson : « Comparison of the diagnostic sensitivity of nasopharyngeal and nasal swabs and use of viral loads for the molecular diagnosis of equine herpesvirus-1 », Proceedings of the annual convention of the AAEP, Orlando, Floride, 2007.

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