L’urolithiase est aussi fréquente chez le cobaye que chez le chien - La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008

Cas clinique d’urologie chez un cochon d’Inde

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Guillaume Douay*, Emmanuel Risi**

L’incidence des calculs urinaires chez le cobaye est de 1,3 à 5,2 % et 75 % des cas concernent des femelles.

Un cochon d’Inde femelle de quatre ans est présenté à la consultation pour strangurie, apathie et dysorexie. L’animal est nourri avec des granulés pour cobaye, du foin et quelques fruits et légumes. Il vit dans une cage sur des copeaux de bois et est manipulé régulièrement par ses propriétaires.

A l’examen clinique, l’animal est prostré et peu enclin au mouvement. La respiration est dyspnéique et la palpation abdominale douloureuse. L’arrière-train est humide, souillé d’urine et de matières fécales.

Le diagnostic différentiel comprend un iléus intestinal, une coprostase et une urolithiase. Un examen radiographique permet de mettre en évidence la présence d’un calcul vésical et d’un calcul urétral en région pelvienne. Aucune autre anomalie n’est observée.

Pour ces calculs proches de l’ouverture urétrale, l’épisiotomie est choisie

Une intervention chirurgicale est programmée le jour suivant. Un second examen radiographique est réalisé avant l’intervention. Le calcul présent dans la vessie a progressé dans l’urètre. Les calculs sont dorénavant palpables entre la filière pelvienne et le méat urinaire. Comme ils sont situés à proximité de l’ouverture urétrale et que leur taille est importante, la technique de l’épisiotomie est choisie.

L’analgésie est gérée par une injection de morphine (1 mg/kg par voie sous-cutanée) en prémédication. L’anesthésie est ensuite induite au masque à l’aide d’isoflurane (5 %) et d’oxygène (1 l/min), puis maintenue au masque (isoflurane à 2 % en moyenne et oxygène à 1 l/min). Le monitorage de l’anesthésie est réalisé visuellement pour la fonction respiratoire et à l’aide d’un stéthoscope pour la fonction cardiaque.

Après une désinfection à la chlorhexidine de la région pubienne, une épisiotomie ventrale est réalisée. Elle permet de visualiser le premier calcul, retiré avec précaution à l’aide d’une pince. La muqueuse est inspectée et aucune lésion n’est observable. Le deuxième calcul est alors poussé par taxis externe jusqu’à l’incision et retiré de la même manière que le précédent. Une sonde cannelée est introduite dans l’urètre pour en retirer les débris et autres concrétions résiduels. L’urètre et la vessie sont ensuite rincées à l’aide de chlorure de sodium, via un cathéter urétral.

L’incision est laissée ouverte en vue d’une cicatrisation par seconde intention.

A la suite de l’intervention, le cobaye reçoit un traitement analgésique (méloxicam, Metacam®, 0,3 mg/kg/j per os pendant cinq jours) et antibiotique (enrofloxacine, Baytril® 2,5 %, 10 mg/kg per os deux fois par jour pendant dix jours). Une injection unique de furosémide (Dimazon®, 10 mg/kg par voie sous-cutanée) est administrée en vue d’augmenter la diurèse de l’animal pendant le réveil et favoriser ainsi la vidange de la vessie et des cristaux urinaires. Un régime alimentaire spécifique est également mis en place. Les granulés sont retirés de la ration, le foin distribué à volonté et des fruits et légumes pauvres en calcium sont distribués (carotte, céleri, etc.). Un contrôle de l’animal dix jours plus tard permet d’observer une cicatrisation satisfaisante de l’épisiotomie. Le cobaye a retrouvé son appétit et ne montre aucun signe de douleur ni de dysurie.

Les femelles sont plus sujettes que les mâles à la formation de calculs urinaires

Les urolithiases sont fréquentes chez les cochons d’Inde. Mais contrairement aux carnivores domestiques ou même au lapin, cette maladie touche le plus souvent les femelles. Une étude, réalisée par M. Fehr et S. Rappold (1997)(1), montre que 75 % des cas d’urolithiase observés concernent des femelles dont l’âge moyen est de quatre ans et demi. L’incidence des calculs urinaires chez le cobaye est de 1,3 à 5,2 %, donc comparable à celle du chien.

Les symptômes les plus fréquents sont l’anorexie, l’hématurie et une douleur à la miction. Quelques autres signes peuvent également être observés, comme une émaciation, un écoulement vulvaire ou une diarrhée chronique.

L’examen de choix est dans ce cas la radiographie, accompagnée d’une palpation de la région inguinale. Cependant, les calculs urinaires sont souvent sous-diagnostiqués chez le cochon d’Inde. En effet, il est courant que la zone inguinale soit masquée en raison d’une mauvaise contention lors de la radiographie et la palpation est peu pratiquée.

L’urolithiase est imputable à une alimentation trop riche en calcium

Les traitements médicaux et chirurgicaux couramment mis en place chez les carnivores domestiques sont transposables au traitement des urolithiases chez le cobaye.

Cependant, il est essentiel que la prophylaxie prenne en compte une meilleure gestion de l’alimentation de ces animaux. La richesse en calcium des aliments concentrés dit “adaptés” est la cause principale d’apparition des calculs urinaires chez le cochon d’Inde. En effet, 90 % de ceux retrouvés chez cette espèce contiennent du calcium (carbonate de calcium, oxalate de calcium, hydroxyapatite). Ce constat est comparable chez le lapin de compagnie. Le traitement de l’affection est donc le plus souvent chirurgical et doit être associé à une analgésie et à une correction du régime alimentaire.

  • (1) M. Fehr, S. Rappold : « Urolithiasis bei Meerschweinchen », Tieraerztliche Praxis, 1997, n° 5, pp. 543-547.

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