Une affection neurologique touche des ouvriers d’un abattoir aux Etats-Unis

L’histoire se passe aux Etats-Unis⁽¹⁾, à l’automne dernier. Trois patients sont hospitalisés à l’Austin Medical Center. Ils présentent le même tableau clinique : fatigue, douleurs, faiblesse musculaire, paralysie et picotements dans les jambes. Tous les trois sont employés à l’abattoir Quality Pork Processors, principal fournisseur du géant alimentaire américain Hormel Foods. Selon le New York Times, qui a dévoilé cette affaire, les infirmières du dispensaire de l’abattoir, qui ont constaté la réalité des symptômes chez les ouvriers, les dirigent dans un premier temps vers la Mayo Clinic, toute proche, spécialisée dans le diagnostic des “maladies étranges”. Le premier patient touché, tombé malade en décembre 2006, est hospitalisé deux semaines dans cette clinique. Il souffre d’une paralysie des deux membres inférieurs. Les examens réalisés montrent alors une forte inflammation de la moelle épinière, probablement d’origine auto-immune, selon les médecins. Soigné à l’aide de corticoïdes, il reprend son travail au printemps 2007… et rechute presque aussitôt !

Tous les employés atteints travaillent dans l’atelier “tête”

En novembre 2007, douze cas semblables sont recensés parmi le personnel de l’abattoir. Les examens effectués montrent que les porcs destinés à être abattus sont en bonne santé. L’enquête révèle que tous les employés atteints travaillent dans l’atelier “tête”. L’usine y emploie une technique expéditive pour récupérer la cervelle des animaux.

En visite dans l’usine en novembre dernier, Ruth Lynfield, épidémiologiste fédérale en chef, constate que les ouvriers qui œuvrent dans cet atelier introduisent un outil pneumatique à la base du crâne de l’animal puis tirent de l’air sous pression destiné à liquéfier le cerveau, non sans générer des éclaboussures. Même séparés des autres postes par un écran de plexiglas, munis d’un casque, de gants et de lunettes de protection, les opérateurs inhalent ou sont en contact, via leurs muqueuses, avec du tissu cérébral porcin transformé en aérosol. L’usine a donc aussitôt cessé cette pratique, ainsi que deux autres abattoirs américains qui l’utilisaient. Aucun nouveau cas n’est survenu depuis. Les investigations menées à ce jour n’ont toutefois pas permis d’identifier l’agent responsable des troubles observés.

• (1) Voir Le Figaro, édition du 7/2/2008.