L’impact environnemental de la production des matières premières est prépondérant - La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008

Alimentation animale

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Choisir des matières premières indigènes, optimiser les itinéraires techniques de leur culture, sélectionner les semences sont autant de pistes d’amélioration des effets de la fabrication des aliments.

La substitution du soja brésilien par des protéagineux d’origine européenne dans la formule des aliments pour poulets de chair, poulettes et poules pondeuses a un effet favorable sur la consommation en énergie non renouvelable. En revanche, l’incorporation des protéagineux a un impact défavorable sur la gestion des éléments fertilisants et des polluants. La méthode qui a permis d’aboutir à ces conclusions, l’analyse du cycle de vie, a fait l’objet d’un exposé lors des dernières Journées de la recherche avicole, par Daniel Baumgartner, de la station de recherche suisse Agroscope Reckenholz-Tänikon (ART) à Zurich.

Une analyse du cycle de vie adaptée aux systèmes agricoles

L’analyse du cycle de vie est une méthode de gestion qui évalue et quantifie les impacts sur l’environnement d’un produit ou d’une prestation. A partir de cette méthode destinée initialement au secteur industriel, la station de recherche helvète a développé une analyse du cycle de vie adaptée aux systèmes agricoles, la Swiss Agricultural Life Cycle Assessment (Salca). Cette dernière permet de les analyser et de les optimiser, avec pour objectif de réduire leurs impacts environnementaux. Elle permet d’identifier les causes majeures des émissions, (par exemple les nitrates, l’ammoniac, le phosphore, les métaux lourds) afin de prendre des mesures pour les diminuer. Utilisée pour la recherche agro-environnementale, cette méthode est également employée comme un outil de gestion environnementale des exploitations agricoles et pour le calcul d’indicateurs agro-environnementaux. Salca comprend une base de données de plus de sept cents inventaires, des modèles de quantification des émissions directes, un choix de moyens d’évaluation des impacts et des outils de calcul.

Daniel Baumgartner a présenté le calcul de l’impact sur les besoins en énergie non renouvelable et sur l’eutrophisation de la fabrication d’aliments destinés à des poulets de chair (cinquante-six jours d’engraissement), à des poulettes et à des poules pondeuses. La fabrique d’aliments se situe en Bretagne. L’évaluation couvre l’ensemble du cycle de l’activité, en prenant en compte les intrants liés à la production végétale (semences, engrais, pesticides, carburants), l’infrastructure (bâtiments, machines et équipements), la production de matières premières nécessaires à la production de l’aliment, le transport, la fabrication et le stockage des aliments pour volailles. L’analyse s’arrête aux portes de l’usine de trituration. Les pois, les féveroles, le colza, le tourteau de tournesol à 29 % de matière protéique, le blé, l’orge, le maïs et les acides aminés sont produits en France. Les matières premières, exception faite des céréales, sont transportées par camion. Le tourteau de soja est brésilien, celui de tournesol à 33 % de matière protéique est argentin, l’huile de palme provient de Malaisie. Ces matières premières sont transportées par vraquier depuis leur pays d’origine jusque dans les ports bretons.

L’utilisation du soja est coûteuse en énergie non renouvelable

Quelles que soient les formules, la production des matières premières est le processus le plus exigeant en énergie non renouvelable, suivie par le transport, la fabrication de l’aliment et enfin l’usine de trituration. Comparées aux formules dont les matières protéiques sont majoritairement composées de soja (SOJ), celles de démarrage des poulets de chair, composées majoritairement de protéagineux (PR-FR), nécessitent 15 % d’énergie en moins. Pour les formules de croissance et de finition, la tendance est similaire, avec une réduction des besoins en énergie respectivement de 7 % et de 20 % en faveur des aliments pour lesquels les matières protéiques proviennent principalement des protéagineux (voir schéma). Les besoins énergétiques plus importants pour la formule contenant du soja brésilien sont liés à son transport. En effet, le soja est produit au centre du Brésil, puis les graines sont transportées par camion du site de production jusqu’aux ports fluviaux sur une distance de 930 km. Ce coût énergétique est augmenté par celui de la traversée de l’océan. De plus, les usines de trituration sont gourmandes en énergie. Concernant la formule de finition, la baisse de 20 % est également due à la moindre incorporation de gluten de maïs dans la formule. Une troisième option de formulation a été évaluée pour les aliments de croissance et de finition des poulets de chair (formule AAS) dans laquelle un taux élevé d’acides aminés de synthèse a été introduit. Pour l’aliment de croissance, les variantes SOJ et AAS ont des besoins énergétiques similaires. Dans ce cas, les besoins de production des matières premières des variantes AAS annulent les réductions importantes des besoins en énergie nécessaires au transport et à l’usine de trituration. Pour l’aliment de finition, les besoins en énergie augmentent de 8 % pour la formule AAS, en raison de l’incorporation de gluten de maïs et de maïs en grain.

Des observations équivalentes sont notées lors de l’évaluation des besoins en énergie non renouvelable liés à la production des aliments destinés aux poulettes et aux poules pondeuses. La diminution des besoins en énergie non renouvelable des variantes qui incorporent des matières protéiques issues des protéagineux atteint 17 % pour les aliments pour poulettes et 14 % pour ceux destinés aux poules pondeuses (voir graphique 1). Cette baisse est expliquée d’une part par la diminution de l’incorporation de tourteau de soja (respectivement 38 % et 15 %) et de maïs (respectivement 50 % et 30 %). En effet, la culture du maïs est associée à des besoins en énergie élevés en raison du séchage des grains après la récolte.

L’utilisation de protéagineux augmente l’impact “eutrophisation”

L’étude de l’impact environnemental “eutrophisation” pointe également l’importance de la production de matières premières, laquelle se situe au premier plan. Les impacts liés au transport, au fonctionnement de l’usine de trituration, à la fabrication des aliments et aux aliments minéraux sont négligeables, alors que les effets des pertes de nitrates et de phosphore, ainsi que de la volatilisation d’ammoniac, dominent. Pour les formules d’aliments destinés aux poulets de chair, les variantes AAS génèrent l’impact le plus faible, suivies des formules SOJ et PR-FR. La substitution du soja dans la variante PR-FR se fait en incorporant du pois, du tourteau de tournesol, ainsi qu’en augmentant la quantité de tourteau de colza (voir graphique 2). En effet, la teneur en protéine du soja est plus élevée que celle du pois ou de la féverole. Au total, la quantité des ingrédients riches en protéines est plus élevée, par rapport aux variantes SOJ. La culture de quantités supplémentaires de ces trois matières premières conduit à une perte plus prononcée de nitrates, d’ammoniac et de phosphore en regard des formules SOJ. La comparaison entre les variantes AAS et SOJ montre que, pour les aliments de croissance et de finition destinés aux poulets de chair, la réduction du potentiel d’eutrophisation est liée à l’incorporation de gluten en remplacement du tourteau de colza. Il en est de même pour les variantes destinées aux poulettes et aux poules pondeuses.

D’après les résultats, la substitution du soja brésilien par des protéagineux d’origine européenne a un effet environnemental favorable sur la gestion des ressources. Cet impact positif est dû à la réduction du transport et du recours aux céréales et au maïs dans les formules. En revanche, concernant la gestion des éléments fertilisants et des polluants, l’incorporation des protéagineux est défavorable, car elle s’accompagne d’une incorporation accrue d’autres sources de protéines telles que les tourteaux de tournesol et de colza.

Les charges environnementales des usines de trituration et des usines de fabrication d’aliment du bétail ont, pour chaque catégorie d’impact, peu d’importance.

Concernant les autres effets, l’analyse pointe l’écotoxicité terrestre et aquatique des formules majoritairement composées de matières protéiques issues de protéagineux (PR-FR). En outre, ces dernières ont un impact bénéfique sur la “formation d’ozone”. Les formules AAS, qui incorporent des acides aminés de synthèse, ont un effet favorable sur la réduction des impacts relatifs à l’écotoxicité terrestre, l’écotoxicité aquatique, la toxicité humaine, la formation d’ozone, le potentiel d’acidification.

Plusieurs voies d’amélioration des effets environnementaux liés à la fabrication des aliments du bétail existent. Le chercheur a retenu leur composition, l’itinéraire technique des cultures et l’amélioration des caractéristiques des ingrédients par la sélection.

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