Dans les productions animales canadiennes, les analgésiques sont trop peu utilisés - La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008

Enquête au Canada

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Karine Chaîné*, Eric Troncy**

Fonctions :
*Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal.
**Faculté de médecine vétérinaire, université de Montréal.

La sécurité du vétérinaire est aujourd’hui la raison principale du recours aux anti-douleur.

L’emploi des analgésiques en productions animales a fait l’objet d’une conférence dans le cadre du congrès « Unis contre la douleur » organisé par l’International Veterinary Academy of Pain Management, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec et la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal.

Notre confrère Kip A. Lemke a présenté les résultats obtenus à la suite d’un sondage de l’Animal Welfare Foundation of Canada qui était principalement destiné aux vétérinaires qui exercent dans le domaine des animaux de production (notamment les bovins, les chevaux, les porcs) ou en pratique mixte. L’objectif de l’étude était de connaître leurs habitudes d’utilisation des analgésiques à l’échelle du pays. Au total, quelque mille quatre cents vétérinaires ont été sélectionnés, issus de toutes les provinces canadiennes. La moitié d’entre eux ont répondu au questionnaire (65 % étaient des hommes), ce qui représente presque le double de la participation enregistrée à l’occasion de sondages du même type, selon Kip A. Lemke.

Seuls 20 % des jeunes bovins reçoivent un analgésique lors de castration

Les résultats montrent que plus de 90 % des vétérinaires qui ont répondu à l’enquête utilisent des analgésiques pour toutes les interventions chirurgicales pratiquées chez les chevaux et pour la plupart de celles réalisées chez les bovins et les porcs.

En revanche, l’emploi de ces médicaments n’est pas adéquate ou trop peu fréquente chez les jeunes animaux. Par exemple, dans le cadre de la castration, si 96 % des chevaux reçoivent des analgésiques, ce n’est le cas que pour 7 % des bovins de boucherie âgés de moins de six mois et 20 % des plus de six mois. Il en est de même pour les bovins laitiers (19 à 33 %). Quasiment aucun porcelet castré n’en bénéficie. Chez les bovins âgés de plus de six mois, les praticiens donnent davantage d’analgésiques aux laitiers qu’aux allaitants.

Concernant l’écornage, la proportion de vétérinaires qui administrent des médicaments aux animaux est moindre pour ceux destinés à la boucherie (p < 0,001).

Un besoin urgent de contrôler la douleur

Une échelle de 1 à 10 (1 pour un désaccord total et 10 pour un accord total) est utilisée pour classer l’opinion des vétérinaires sur l’utilisation d’analgésiques. Les résultats montrent que le recours à ces médicaments augmente la sécurité des praticiens (10) – c’est même la raison majeure de leur emploi – et qu’il est faux de penser que les producteurs laitiers ne sont pas prêts à payer pour ce genre de traitement (3). A propos des éleveurs de bovins de boucherie et de porcs, les opinions divergent beaucoup sur ce dernier point (5, avec un écart de 2 à 8). En revanche, pour les chevaux, les vétérinaires répondent tous qu’ils ne sont pas d’accord avec le fait que les propriétaires refusent de payer pour ce genre de médication.

Ce sondage met en lumière un besoin urgent de contrôle de la douleur chez les animaux de production, surtout les bovins et les porcs. Pour cela, Kip A. Lemke recommande de poursuivre l’information et la formation des praticiens à la gestion de la douleur et de lui accorder davantage de place dans le domaine de l’élevage. Il souhaite également que des analgésiques plus efficaces, disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) et de temps d’attente connus, soient mis à la disposition des vétérinaires.

Les lignes directrices de la gestion de la douleur chez les animaux de production devraient être établies par les autorités nationales comme l’Association canadienne des médecins vétérinaires, a précisé notre confrère : « Les changements constructifs prennent du temps à se réaliser, mais nous nous devons de trouver une manière de procéder et de l’enseigner afin d’y parvenir. »

CONFÉRENCIER

Kip A. Lemke, diplomate de l’American College of Veterinary Anesthesiologists, Atlantic Veterinary College, Prince-Edward Island University, Charlottetown (Canada).

Article rédigé d’après la conférence présentée au congrès « Unis contre la douleur », du 1er au 3 novembre 2007 à Montréal (Canada). Ont collaboré au programme scientifique : la Société canadienne contre la douleur, le Conseil canadien de protection des animaux et l’Association vétérinaire pour l’anesthésie et l’analgésie animales (4A-VET).

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