Le bilan sanguin des chevaux d’endurance s’inscrit dans le suivi médico-sportif - La Semaine Vétérinaire n° 1300 du 01/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1300 du 01/02/2008

Sport équestre

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Réalisé depuis l’entraînement jusqu’à l’engagement dans la course, il permet de révéler certaines anomalies.

A la suite de l’évolution constatée dans l’endurance équestre, où les courses sont désormais plus longues, mais surtout plus rapides, la physionomie des chevaux dédiés à cette discipline a changé.

La course d’endurance entraîne une hémoconcentration

Plusieurs études ont suivi des groupes de chevaux engagés dans des courses de 80 à 140 km en pratiquant des bilans sanguins avant et après l’épreuve, puis le lendemain. L’effort prolongé provoque un déplacement des fluides d’un compartiment à l’autre (contraction splénique notamment), ainsi qu’une déshydratation plus ou moins marquée. Il en résulte une hémoconcentration, avec une augmentation de l’hématocrite d’environ 25 % jusqu’à quinze heures après la course et, parfois, une hausse des protéines totales (de 10 % environ, mais qui peut atteindre jusqu’à 25 %). L’exercice sur la durée entraîne une réaction inflammatoire qui se manifeste par une leucocytose et une neutrophilie qui persistent vingt-quatre heures. Le nombre de leucocytes se normalise rapidement, mais il est nécessaire d’attendre une semaine après la course pour que la formule sanguine retrouve les valeurs d’avant l’effort. Le fibrinogène peut être légèrement augmenté le lendemain de la course (+ 13 %). Les électrolytes plasmatiques varient significativement pendant l’épreuve en raison de la déshydratation, tout en restant dans les normes pour la plupart. Les ions sodium, magnésium et phosphore ont tendance à croître de façon transitoire pendant la course et les ions potassium et chlore sont perdus en grande quantité dans la sueur. La kaliémie baisse durant l’épreuve et retrouve une valeur normale dans la nuit, alors que la chlorémie est encore basse le lendemain de la course. Le calcium diminue aussi au cours de l’effort, jusqu’à provoquer parfois une hypocalcémie. Les phosphatases alcalines (PAL) peuvent transitoirement augmenter pendant l’effort et se normalisent en une heure après l’arrêt. L’urée et la créatinine croissent (+ 30 à 40 %), traduisant la hausse du métabolisme et la diminution de la filtration glomérulaire. Elles se normalisent dès le lendemain de la course. Une hyperbilirubinémie est présente au moins pendant trois jours après la course.

La CPK augmente, mais reste normalement inférieure à 1 000 U/l lors de courses de 160 km

Le suivi de la fatigue musculaire se fonde sur la mesure des enzymes : créatinines phospho-kinases (CPK), aspartates amino-transférases (ASAT) et lactate déshydrogénase (LDH).

Les CPK augmentent rapidement avec l’effort et présentent un pic entre trois et cinq heures après son arrêt. Cette hausse est bien inférieure à celle observée lors de myosite. Les ASAT croissent aussi pendant la course, mais de façon moins constante. La LDH est moins spécifique que les autres enzymes, mais augmente en réponse à l’inflammation du tissu musculaire. Le dosage des lactates est peu utile en endurance, en raison d’un effort majoritairement réalisé en aérobiose. Une légère augmentation peut être constatée, demeurant en dessous de 4 mmol/l, chez des chevaux éliminés pour boiterie.

Les variations des paramètres sanguins juste après la course chez un cheval qui a bien couru et qui récupère normalement sont physiologiques. Il est intéressant de laisser l’animal récupérer pendant vingt-quatre à quarante-huit heures, ce qui permet de détecter des modifications anormalement persistantes.

Baisse de l’hématocrite et hausse du volume plasmatique sont notées lors de la préparation

Il existe peu de suivis hémato-biochimiques du cheval d’endurance depuis le début de son entraînement jusqu’à son plateau de forme. Les chevaux entraînés pour de petites épreuves (jusqu’à 60 km) ne semblent pas présenter de modifications par rapport à ceux de loisir et de sport. En revanche, chez les athlètes de haut niveau, une hémodilution est notée, parfois associée à une baisse des albumines plasmatiques. La diminution de la viscosité sanguine et l’augmentation de la réserve d’eau paraissent avantageuses dans le cadre de l’effort prolongé d’endurance. Le risque que le cheval soit éliminé pour cause de fréquence cardiaque trop élevée augmente avec le taux de protéines mesuré avant la course.

Un ionogramme plasmatique au repos est peu indicatif du statut corporel global en électro-élements. L’ionogramme urinaire, en revanche, montre une diminution de la clairance de l’urée et du potassium, ce qui tend à démontrer une adaptation du rein à la réabsorption d’eau. L’urémie et l’osmolarité plasmatique s’en trouvent augmentées. Sur une course de 160 km, la natrémie est plus élevée chez les chevaux classés que chez les éliminés.

Le suivi des enzymes musculaires au cours de l’entraînement est particulièrement utile, les concentrations des CPK, des ASAT et de la LDH augmentent après un travail, mais diminuent globalement avec l’entraînement. Les chevaux moins bien entraînés présentent en général des taux de CPK et d’ASAT supérieurs.

Le bilan sanguin chez le cheval d’endurance s’inscrit dans le suivi médico-sportif. Sa réalisation à la fin de la course est réservée aux chevaux qui présentent des troubles métaboliques. Un bilan effectué vingt-quatre à quarante-huit heures après la course est surtout utile si le cheval n’a pas bien couru ou semble fatigué. Pendant l’entraînement, le bilan isolé apporte peu d’informations, alors qu’un suivi du début de l’entraînement jusqu’à l’engagement dans une grande course permet d’observer les tendances et de révéler certaines anomalies.

CONFÉRENCIÈRE

Céline Robert, maître de conférences à l’école d’Alfort, membre de l’UMR Inra/ENVA “biomécanique et pathologie locomotrice du cheval”.

Article réalisé d’après la conférence « Bilans sanguins chez le cheval d’endurance : intérêt dans le suivi de l’entraînement et de la performance en course », présentée lors des journées annuelles de l’Avef, organisées à Deauville (Calvados), du 18 au 20 octobre 2007.

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