Avec l’interdiction du lindane, traiter une banale gale d’oreille devient moins facile - La Semaine Vétérinaire n° 1300 du 01/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1300 du 01/02/2008

Pharmacie. Alternatives au retrait du lindane

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

L’Afssa a demandé un retrait de la vente des médicaments à base de lindane stockés par les centrales.

Le lindane est mort et enterré. Jusqu’au 31 décembre dernier, les topiques vétérinaires à base de cette molécule pouvaient encore être utilisés. Tous les autres usages du lindane et de nombreux autres organochlorés persistants étaient interdits par un règlement européen du 29 avril 2004(1). La dérogation “vétérinaire” a pris fin le 1er janvier dernier. La fabrication, la mise sur le marché, mais également l’usage des produits à base de lindane sont interdits depuis cette date.

Une dizaine de spécialités, pour la plupart des suspensions auriculaires destinées au traitement de la gale d’oreille à Otodectes cynotis, ont été retirées du marché à la fin de l’année passée (voir encadré). En l’absence d’alternative, les centrales d’achats, prévenues d’un arrêt de fabrication, ont évidemment eu tendance à accroître leurs stocks pour permettre aux vétérinaires d’en disposer un peu plus longtemps. Malgré l’absence de risque aigu, ces stocks de plusieurs mois ont été jugés trop élevés. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a donc décidé d’ordonner un rappel de lots dans les centrales et le retour des produits en vue de leur destruction.

Les organochlorés sont interdits depuis 2004, sauf le lindane “vétérinaire”

Pourtant, cette anticipation des arrêts de fabrication par les industriels et les distributeurs ne pose généralement pas de problème lorsqu’il s’agit d’abandons volontaires de la production et que les autorisations de mise sur le marché (AMM) ne sont évidemment ni suspendues, ni retirées en raison d’un risque de toxicité aiguë. Le lindane est ainsi commercialisé depuis plusieurs décennies. Et, sans nier le risque environnemental des composés organochlorés persistants, les quantités nécessaires pour traiter les gales d’oreilles chez les chiens et les chats ne présentaient pas un risque supplémentaire significatif. Il est vrai que ce stockage, même temporaire sur l’année, mettait clairement la France en infraction par rapport au règlement européen qui interdit déjà, depuis le 30 octobre 2004, l’usage des polluants organiques persistants. L’écoulement des stocks de lindane “vétérinaire” aurait théoriquement dû être achevé avant la fin de l’année passée, et non débuter au 1er janvier 2008.

Les alternatives au lindane sont rares

Apparemment, le retrait du lindane et son remplacement ne posent pas vraiment de difficulté chez les animaux de compagnie. De nombreuses molécules insecticides et acaricides plus récentes ont été développées, avec un rapport bénéfice/ risque nettement plus favorable. Mais à y regarder de plus près, aucune de ces nouvelles molécules n’entre dans des formulations auriculaires aux propriétés à la fois acaricide, anti-infectieuse (antibiotique), anti-inflammatoire (corticoïde) et, parfois aussi, antifongique et/ou analgésique. Il ne s’agit donc plus de remplacer le lindane par un autre acaricide, mais de proposer un traitement pour ces otites d’origine parasitaire en contrôlant également les composantes infectieuses, inflammatoires et douloureuses.

Les deux spot-on endectocides, Stronghold® (sélamectine, Pfizer) et Advocate® (moxidectine et imidaclopride, Bayer), sont les premiers candidats au traitement acaricide des gales d’oreilles des chiens et des chats. Selon leurs modes d’emploi, une seule application suffit le plus souvent, avec un contrôle un mois plus tard, et éventuellement une seconde si nécessaire. Mais ces spot-on ne permettent pas de contrôler les éventuelles complications infectieuses et inflammatoires et méritent donc d’être associés à des topiques auriculaires.

Le seul indiqué, selon sa notice d’emploi (AMM), dans les affections parasitaires, en y incluant les gales d’oreilles des chiens et des chats, est Terpsacol® (Ceva), en raison de la présence du terpinéol. Il contient également de la fludrocortisone (corticoïde), de la lidocaïne (anesthésique local) et de l’acide propionique.

En France, la solution auriculaire Surolan® (miconazole, polymyxine B, prednisolone, silice et huile de paraffine comme excipient) n’est pas indiquée, selon son AMM, contre les gales d’oreilles. Toutefois, l’AMM de ce même médicament du laboratoire Janssen dans neuf autres pays européens (Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Suède, Italie, etc.) et au Canada inclut explicitement les otites à Otodectes cynotis. Des essais cliniques assez récents confirment cette activité. Toujours “hors AMM”, le thiabendazole contenu dans Dexoryl® (Virbac) peut aussi présenter une activité acaricide. Toutefois, ce topique, qui renferme aussi de la gentamicine et de la dexaméthasone, est indiqué pour le traitement des otites externes bactériennes et fongiques.

La perméthrine pourrait remplacer le lindane dans Oridermyl®

Dans le courant de l’année, chez Vétoquinol, un nouveau Oridermyl® pourrait également succéder à l’ancien Oridermyl®. Le remplacement du lindane par la perméthrine dans cette spécialité est « en cours d’examen » par l’Afssa. Des quantités faibles de perméthrine devraient en outre permettre un usage sans risque chez le chat, même en cas de léchage par un congénère. Cette pommade conserverait ainsi ses indications chez le chien et le chat.

  • (1) Règlement 850/2 004 du 29/4/2004 concernant les polluants organiques persistants, paru au JO de l’UE le 30/4/2004.

Les produits interdits d’emploi

Huit spécialités auriculaires à base de lindane sont retirées du marché depuis le 1er janvier dernier et ne peuvent ni être vendues, ni être utilisées :

• Cortyl® et Hexone® (Virbac) ;

• Oridermyl® (Vétoquinol), suspension temporaire dans l’attente de l’examen du remplacement du lindane par de la perméthrine ;

• Synotil® (Fort Dodge) ;

• Aurikan® et Oricine® (gamme officinale Clément-Thékan) ;

• Canicatarrhe® et Otosédal® (gamme officinale Biocanina) ;

Lindacanin® et Véticide® (Vétoquinol), deux solutions externes, sont également concernées.

E. V.
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