L’argent doit nous servir, pas nous asservir

Pour les vétérinaires, la problématique est de s’adapter à des conditions d’exercice de plus en plus dévoreuses de temps et de moyens financiers. Pour exercer, il faut mettre sur la table des fonds toujours plus importants pour réaliser une plate-forme technique à la hauteur, mais aussi disposer d’hommes et de femmes qui acceptent d’entrer dans ce moule et de perdre en liberté.

Peut-être les dispositifs français ont-ils intérêt à évoluer, mais de là à instaurer des franchises, je ne le souhaite pas. Il faut inventer de nouveaux modes de collaboration à distance avec des vétérinaires référents, des structures spécialisées et un maillage de “petits” cabinets ou cliniques remplissant le rôle tout à fait noble de “chef d’orchestre” de la santé vétérinaire dans leur secteur, c’est-à-dire l’équivalent du médecin de famille en médecine humaine.

Importer le modèle des franchises britanniques consisterait à modéliser l’activité vétérinaire en ne sélectionnant que ce qui rapporte financièrement et en évacuant tout ce qui peut poser des difficultés ou entamer la rentabilité financière. Il faut le dire et le répéter, l’argent est noble dans la mesure où il est mis au service de l’homme et de ses projets. Formater notre activité vétérinaire dans le seul but de réaliser de belles plus-values financières ne semble pas sain. Restons Français et considérons que nos outils de travail peuvent être améliorés par l’introduction de partenaires financiers nécessaires à la réalisation de structures vétérinaires modèles alliant efficacité, performance et rentabilité, mais toujours au service de la santé animale. Gardons donc le contrôle de ces sociétés en détenant 50,1 % de parts. Mais tentons plutôt, entre confrères d’un même secteur géographique, de bien exploiter nos possibilités, d’harmoniser nos différences et de collaborer en toute indépendance d’esprit pour effectuer le meilleur travail possible. Les idées ne manquent pas, ainsi que les réalisations. De nombreuses cliniques fonctionnent en se spécialisant. Les confrères communiquent de plus en plus via l’Internet (l’association Vetonet en est un bel exemple).

Des vétérinaires montent des structures spécialisées en imagerie médicale, comme le centre de Cagnes-sur-Mer. D’autres assurent les visites à domicile pendant certains créneaux horaires.

Et il y a encore beaucoup à faire pour satisfaire la demande et développer notre activité. Il ne faut pas réduire l’exercice vétérinaire à sa logique purement commerciale. Nous devons rester des praticiens indépendants, volontaires et libres. L’argent doit être présent, mais pour nous aider, pas pour nous asservir.

• (1) Notre confrère réagit au sondage sur les franchises de cliniques, commenté dans La Semaine Vétérinaire n° 1298 du 18/1/2008 en page 10.