L’action contre la broncho-pneumonie passe par la gestion des facteurs de risque et la vaccination - La Semaine Vétérinaire n° 1299 du 25/01/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1299 du 25/01/2008

Gestion du virus respiratoire syncitial bovin chez le veau de moins d’un mois

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Paul Perié

L’apparition d’une épidémie de broncho-pneumonie due au virus respiratoire syncitial bovin nécessite un diagnostic et une intervention rapides. La prise en charge du cheptel est axée sur la prévention.

Les épizooties de broncho-pneumonies sont fréquentes en élevage bovin et nécessitent l’intervention rapide du praticien. Parmi les nombreux agents pathogènes respiratoires qui circulent dans les élevages, le virus respiratoire syncitial bovin (VRSB) reste problématique et la période néonatale constitue une phase critique. Un plan de prévention et une analyse des facteurs de risque permettent de limiter de manière significative la morbidité et la mortalité en élevage. Les journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV), en mai dernier, ont permis à notre confrère Jean-Louis Laurent de proposer une conduite à tenir face à une épizootie de broncho-pneumonie due au VRSB chez les veaux de moins d’un mois.

1 DIAGNOSTIC D’UNE ÉPIZOOTIE AU VRSB.

Quel que soit le type d’élevage, l’allotement est une période à risque pour les maladies respiratoires. Le mélange d’animaux d’âges différents, une mauvaise ventilation, l’introduction de veaux issus d’autres élevages et une vaccination défaillante constituent autant de facteurs qui favorisent une épizootie au sein du cheptel. Le VRSB est particulièrement contagieux. La vitesse de propagation dépend essentiellement du nombre d’animaux séropositifs vis-à-vis de ce virus.

Les symptômes sont peu spécifiques et consistent en une baisse de l’appétit, de l’hyperthermie, une toux sèche rapidement suivie d’une polypnée et de jetage. En raison de la grande contagiosité de l’affection, un diagnostic rapide est essentiel. Chez les animaux vivants, un écouvillonnage nasal profond, plutôt en début d’infection, ou mieux, une aspiration transtrachéale ou un lavage broncho-alvéolaire, permettent d’isoler le virus. Chez les veaux morts, l’examen attentif de l’ensemble du tractus respiratoire permet d’orienter rapidement le diagnostic. Classiquement, le VRSB se traduit par des lésions de broncho-pneumonie interstitielle avec un emphysème pulmonaire important et du muco-pus dans les bronchioles. Ce pus est un prélèvement de choix pour une détection antigénique du virus, mais il doit être acheminé rapidement au laboratoire (quarante-huit heures au maximum). Des tests rapides (Speed® ReSpiVB) sont disponibles sur le marché et peuvent être réalisés au cabinet à partir de prélèvements obtenus par écouvillonnage nasal profond, aspiration transtrachéale ou lavage broncho-alvéolaire, mais également sur le muco-pus obtenu à l’autopsie.

2 TRAITEMENT INDIVIDUEL DU VEAU ATTEINT DE VRSB.

Une antibiothérapie systématique est indispensable, car les infections virales respiratoires se compliquent fréquemment d’une surinfection bactérienne. De nombreuses spécialités sont disponibles sur le marché. Le choix d’une molécule dépend donc de la précocité du diagnostic, d’un éventuel antibiogramme, mais aussi des habitudes de l’éleveur. La voie intraveineuse est à privilégier afin d’obtenir rapidement une concentration maximale au niveau des poumons. L’association d’antibiotiques est rarement nécessaire et, face à un échec thérapeutique, le principe actif n’est changé qu’après quarante-huit heures de traitement.

En première intention, un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) permet de combattre l’hyperthermie et de diminuer l’inflammation au niveau du tissu pulmonaire. Lors d’atteinte grave (œdème pulmonaire, atteinte respiratoire majeure), des AINS d’action rapide sont associés.

« La détresse respiratoire liée au VRSB est principalement due au bronchospasme et accessoirement à l’œdème pulmonaire et au dépôt d’éléments tissulaires nécrotiques dans la lumière », précise Jean-Louis Laurent. Ainsi, l’atropine (0,06 à 0,12 mg/kg, deux fois par jour pendant plusieurs jours) semble diminuer plus efficacement le bronchospasme que le clenbuterol, qui ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication.

L’aérosolthérapie apporterait de bons résultats, mais elle est réservée aux animaux de valeur.

Il est possible d’administrer des diurétiques, particulièrement lors d’œdème pulmonaire (furosémide à la dose de 0,5 à 1 mg/kg). En outre, l’usage de mucolytiques est controversé, puisqu’ils pourraient aggraver l’obstruction des bronches. Actuellement, la vaccination des veaux malades semble ne présenter aucun intérêt.

3 CONDUITE À TENIR CHEZ LES ANIMAUX SAINS.

Chez les veaux qui ne sont pas atteints (appétit normal, absence d’hyperthermie), une prise en charge rapide permet de limiter à la fois la propagation de l’infection et les symptômes. Une antibiothérapie peut être administrée par voie orale ou parentérale. L’apport de vitamine C (5 g/100 kg de poids vif) et d’aspirine (10 g/100 kg de poids vif) per os est également possible. Néanmoins, l’usage d’AINS, bien que faiblement coûteux, n’apparaît pas indispensable.

Lorsqu’une épizootie respiratoire survient dans un élevage, il est souvent illusoire d’isoler les animaux malades du reste du troupeau. Cependant, un regroupement des veaux selon leur âge, une optimisation de la prise du colostrum et une gestion des vaccinations permettraient de diminuer la vitesse de propagation de la maladie. L’objectif de la vaccination en début d’épizootie est d’apporter une protection rapide à des veaux qui possèdent une immunité colostrale d’intensité variable. Dans ces conditions, les vaccins intranasaux, en développant une mémoire immunitaire, semblent plus appropriés.

L’efficacité de la vaccination intranasale chez des veaux nouveau-nés n’est pas encore précisément évaluée. Néanmoins, d’après une étude récente, cette procédure réduirait à la fois la durée d’excrétion et les lésions pulmonaires, mais ne diminuerait pas le nombre de veaux excrétants.

La protection vaccinale serait d’autant plus limitée que le veau se contamine rapidement après la vaccination. Il serait donc préférable d’isoler les veaux malades. Le jeune âge limite également l’efficacité de la protection. Sur le terrain, la vaccination par voie intramusculaire est également pratiquée. Néanmoins, aucune étude comparative n’est actuellement disponible. Rappelons que ce procédé de vaccination par voie intranasale chez des veaux de moins de trois semaines, en milieu contaminé, intervient hors AMM. En raison du manque de connaissances en matière de vaccination intranasale particulièrement précoce, une seconde vaccination vers trois à quatre semaines, effectuée par voie nasale ou parentérale, est nécessaire. Elle est considérée comme une primo-vaccination. Lorsque la voie intramusculaire est choisie, une seconde injection est réalisée à un mois d’intervalle. Si la vaccination intranasale est effectuée chez des veaux âgés de quinze à trente jours, cette vaccination est alors considérée comme une “vraie” primo-vaccination. Différents protocoles vaccinaux en milieu contaminé existent (voir tableau).

4 CONDUITE À TENIR CHEZ LES VEAUX JUSQU’À LA FIN DE SAISON.

En élevage laitier, la propagation de l’affection reste le plus souvent limitée en raison de l’étalement des vêlages, de l’isolement fréquent des veaux nouveau-nés et de la séparation des différentes classes d’âge. En élevage allaitant, la mise en place d’un vide sanitaire est généralement la seule mesure possible.

Deux programmes de vaccination, un classique et un “intensif”, comprenant celle des veaux nouveau-nés, sont possibles. Le choix dépend de l’infrastructure, des facteurs de risque pour les veaux nouveau-nés, de la sévérité de l’épizootie, mais également du coût.

En matière de VRSB, l’immunité colostrale est partielle. En effet, sur le terrain, un titre sérologique élevé ne protège pas contre l’infection, mais les anticorps maternels semblent diminuer l’intensité des symptômes. Aussi, la vaccination des mères (hors AMM) améliorerait la protection des veaux, notamment les premiers jours de vie, alors qu’elle n’a pas d’influence sur les veaux de dix jours. Néanmoins, la vaccination des vaches ayant un titre élevé en anticorps apporterait peu de protection supplémentaire. Ainsi, l’intérêt de la vaccination se porte principalement sur les vaches dont le titre en anticorps est faible. Chez les veaux de boucherie, en l’absence de vide sanitaire, une vaccination des veaux nouveau-nés par voie intranasale est conseillée. Lorsqu’un vide est réalisé, un protocole plus souple est possible.

L’administration de vaccin par voie intranasale à l’âge de trois semaines apporte une protection de plusieurs mois (voir tableau).

En élevage allaitant, le protocole conseillé est une vaccination par voie intranasale du nouveau-né, suivie d’un rappel par voie parentérale avec un vaccin atténué à l’âge de deux mois et une dernière injection à trois mois. Ce protocole, particulièrement indiqué lors de vêlages d’automne, permet une couverture jusqu’à la mise à l’herbe. Pour des vêlages plus tardifs (de printemps), la dernière injection ne semble pas nécessaire.

Chez le veau de boucherie et en élevage laitier, le rappel parentéral est vivement conseillé.

5 CONDUITE À TENIR LES ANNÉES SUIVANTES.

En élevage allaitant, il est conseillé, dans la mesure du possible, de séparer les classes d’âge et de regrouper les vaches par rang de vêlage. En élevage laitier, un logement individuel ou en petits lots des veaux est préférable. En outre, un vide sanitaire est nécessaire en atelier d’engraissement.

Face à des épizooties répétées, une évaluation du bâtiment d’élevage est vivement conseillée. La ventilation, la circulation d’air et le chargement du bâtiment doivent être étudiés avec attention.

L’apparition d’une épizootie, malgré un plan de vaccination bien respecté, doit amener le praticien à le réévaluer l’année suivante. Une modification n’est pas toujours nécessaire. Cependant, la gestion des lots et le bâtiment sont souvent perfectibles.

Les vaccins atténués et inactivés administrés par voie parentérale semblent aussi efficaces, outre une apparition plus précoce des anticorps neutralisants avec le vaccin inactivé.

  • Source : J.-L. Laurent, D. Raboisson, F. Schelcher : « Gestion du VRSB en milieu contaminé chez le veau de moins d’un mois », Journées nationales des GTV, du 23 au 25/5/2007.

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