Le prolapsus du pénis est fréquent chez les chéloniens et les sauriens - La Semaine Vétérinaire n° 1298 du 18/01/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1298 du 18/01/2008

Pathologie de la reproduction des reptiles

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Emmanuel Risi

Fonctions : praticien à Nantes (Loire-Atlantique).

L’anatomie et la physiologie de l’appareil reproducteur permettent de procéder facilement à l’amputation si les traitements conservateurs échouent.

Les prolapsus du pénis ne sont pas rares chez les reptiles, en particulier chez les chéloniens (tortues). Les reptiles possèdent deux testicules en position intra-abdominale (intracœlomique) et un pénis ou deux hémipénis. Le sperme est émis via les canaux déférents, directement dans le cloaque (dans la portion appelée urodéum), avant d’être déposé dans le cloaque de la femelle. L’urine est également émise dans l’urodéum (via les uretères) avant d’être évacuée mélangée aux selles (la fiente est comparable à celle des oiseaux). Le pénis des reptiles n’intervient donc pas dans l’émission de l’urine et ne joue qu’un rôle copulatoire en période de reproduction.

Les chéloniens et les crocodiliens présentent un pénis unique, situé sur le plancher du cloaque, logé dans la base de la queue. Les sauriens (lézards) et les ophidiens (serpents) possèdent deux hémipénis, situés à la base de la queue, caudalement à l’abouchement du cloaque, dans les poches hémipéniennes. Une fois en érection, les pénis et hémipénis assurent le passage du sperme dans le cloaque de la femelle.

Le diagnostic différentiel prend en considération les autres types de prolapsus

Les prolapsus du pénis (ou paraphimosis) sont plus fréquents chez les chéloniens et les sauriens que chez les ophidiens. Ils sont souvent observés en période de reproduction, à la suite d’une excitation excessive du mâle. Ils se rencontrent également en cas d’inflammation ou d’infection du cloaque ou des poches hémipéniennes, de traumatisme ou d’hypocalcémie.

Le diagnostic différentiel prend en considération les autres types de prolapsus : du cloaque, de l’oviducte, de la vessie ou du côlon. Chez les ophidiens et les sauriens, la distinction est évidente, car les hémipénis sont pairs et situés dans des loges distinctes du cloaque (voir photo 1). Chez les chéloniens, l’oviducte, le cloaque et le côlon présentent une lumière facilement mise en évidence en y introduisant une seringue à insuline (voir photo 2). La vessie, quant à elle, a une forme globuleuse, sans lumière, une muqueuse particulièrement fine et translucide, finement vascularisée, et un contenu aérique (voir photo 3). Le pénis des tortues, pédiculé et linéaire, présente un contenu tissulaire, une forme allongée avec un sillon dorsal caractéristique et une couleur souvent noire ou violacée à son extrémité évasée (voir photos 4 et 5). En cas de paraphimosis, l’orifice du cloaque reste visible dorsalement au pénis, de l’urine peut en sortir. Il est possible d’y introduire une seringue. Les hémipénis des serpents et des lézards sont de forme oblongue, dirigés latéralement ou caudo-cranialement. Ils mesurent de 0,5 à 3 cm environ selon la taille de l’animal.

En première intention, le pénis est remis en place manuellement

En présence de paraphimosis, le traitement est avant tout conservateur lorsque l’état des tissus prolabés le permet. Si l’intervention est retardée, il est préférable de maintenir les tissus dans un environnement humide et stérile afin d’éviter les nécroses et les infections. Le pénis est alors entouré de compresses humides imbibées de chlorhexidine diluée et maintenu contre la queue par un pansement adhésif. Les traumatismes par frottements sont fréquents et le pénis peut rapidement montrer des signes de nécrose ou d’infection.

Après un rinçage soigneux à la chlorhexidine diluée, une réintroduction du ou des pénis dans leur loge doit être tentée à l’aide de bâtonnets ouatés (voir photo 6). L’application de compresses imbibées de soluté glacé ou hypertonique aide à réduire l’œdème et la congestion des tissus. Une incision latérale du cloaque peut également faciliter la progression du pénis.

Une fois l’organe réintroduit, le cloaque ou les loges hémipéniennes sont partiellement refermés par un ou deux points de suture, laissés en place une dizaine de jours chez les chéloniens et une vingtaine chez les sauriens et les ophidiens.

Une amputation du pénis est envisagée en seconde intention

En cas d’échec, de récidive du paraphimosis ou de nécrose (voir photo 7), une amputation du ou des pénis est réalisée sous anesthésie générale. Une courte durée d’anesthésie suffit en temps normal (propofol à la dose de 5 à 10 mg/kg administré par voie intraveineuse ou intracardiaque). Une pince hémostatique et une ligature transfixante (ou deux ligatures selon la taille du pénis chez les chéloniens) sont placées à la base du pénis avant son amputation. Celle-ci se fait à la lame de bistouri ou au bistouri électrique (voir photos 8, 9 et 10). L’amputation d’un seul hémipénis chez les sauriens et les ophidiens ne compromet ni la copulation ni la fertilité future de l’animal. Une antibiothérapie est nécessaire en cas de nécrose ou d’infection (enrofloxacine à la dose de 5 à 10 mg/kg/j administrée par voie intramusculaire, pendant dix jours), ainsi qu’un traitement analgésique et anti-inflammatoire (méloxicam à la dose de 0,3 mg/kg/j administré par voie intramusculaire pendant trois jours, morphine à la dose de 1,5 mg/kg administrée par voie intramusculaire chez les chéloniens).

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