L’Autriche attire les étudiants allemands, mais propose peu de places aux futurs praticiens

En Autriche, il n’est pas rare qu’un cabinet vétérinaire mette la clé sous la porte. D’après notre confrère autrichien Herbert Müller, les besoins en praticiens dans les campagnes sont de plus en plus réduits. La raison à cela ? « Les animaux de rente ont une valeur économique de moins en moins élevée et les éleveurs, qui suivent des formations auprès des officiers vétérinaires (vétérinaires du service public), sont de plus en plus autonomes pour les soins », explique-t-il. Les jeunes praticiens affluent donc en ville et doivent rivaliser d’ingéniosité pour se constituer une clientèle. Ainsi, certains organisent dans leurs locaux des réunions conviviales d’information pour les propriétaires de jeunes animaux. Ces séances, parfois appelées « l’heure de jeu des chiots », ont lieu un mercredi après-midi par mois, par exemple, en dehors des horaires d’ouverture de la clinique. Pendant que les chiots jouent ensemble, une dizaine de propriétaires sont réunis par le vétérinaire qui les informe de l’intérêt de la vaccination et des rudiments à connaître pour s’assurer que leur animal est en bonne santé. Ils reçoivent des conseils, apprennent à regarder entre les coussinets… tout en dégustant un thé avec des petits gâteaux.

L’exercice en solo laissera bientôt la place à l’association

Notre consœur Silvia Leugner, secrétaire générale de VÖK, l’association autrichienne des praticiens pour petits animaux de compagnie, reconnaît que la compétition entre praticiens devient rude. Selon elle, cette situation est liée au nombre élevé de jeunes diplômés vétérinaires. Elle souligne néanmoins que ce sont en majorité des femmes, qui ne voudront peut-être pas toutes s’installer à leur compte.

Face à cette concurrence grandissante, elle estime qu’à l’avenir les praticiens seront contraints de se spécialiser et de s’associer au sein de cliniques vétérinaires. Les confrères qui le désirent peuvent d’ores et déjà passer un examen, institué par la Chambre des vétérinaires (équivalent de l’Ordre français), afin d’obtenir un titre tel que « spécialiste de médecine des animaux de compagnie », « spécialiste de nutrition et de diététique », « spécialiste en acupuncture », etc. L’association, dans le cadre de l’exercice libéral, n’est pas encore une pratique répandue en Autriche. Il n’existe que cinq cent dix associés, face à mille trois cent dix praticiens qui travaillent seuls⁽¹⁾. La rentabilité actuelle des cabinets et des cliniques vétérinaires est bonne, mais pourrait poser problème dans le futur. Pour remédier à cette situation, Silvia Leugner, qui est aussi chef marketing pour un industriel du secteur du pet-food, préconise la mise en place d’une stratégie plus commerciale et le développement de nouvelles activités comme la physiothérapie, le comportement, le contrôle des maladies génétiques.

La mise en place d’une sélection à l’entrée de l’université de Vienne (voir article ci-contre), conjuguée au développement de nouvelles niches d’activités pour les vétérinaires, permettra peut-être de rétablir un climat plus serein entre les confrères autrichiens.

• (1) Selon l’étude de marché IMAS & ÖTK 05.

• Source : étude de marché IMAS & ÖTK 05.