La recherche des virus dans les denrées manque de méthode normalisée - La Semaine Vétérinaire n° 1297 du 11/01/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1297 du 11/01/2008

Sécurité sanitaire des aliments. Séance de l’Académie vétérinaire

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

L’optimisation des procédés de détection et la réalisation d’études de prévalence font aussi partie des objectifs.

La présence de virus dans l’alimentation, à l’origine de gastro-entérites, s’est longtemps cantonnée aux coquillages. Aujourd’hui, elle s’étend à d’autres aliments. Véronique Zuliani, microbiologiste à l’Institut du porc, a présenté le nouveau défi que représentent les virus dans les denrées alimentaires pour les laboratoires, lors de la séance de l’Académie vétérinaire sur ce thème, organisée le 20 décembre dernier à Paris.

Les virus ont en effet une importance sanitaire et économique non négligeable. Pourtant, il n’existe pas encore de protocoles standardisés pour leur recherche dans les aliments. Leur détection peut s’effectuer par culture cellulaire (inoculation d’une lignée cellulaire et dénombrement des plages de lyse), par biologie moléculaire (extraction des fragments de génomes viraux, ADN ou ARN, amplifiés et révélés via une hybridation par sonde) et par immunologie (mise en évidence des complexes immuns Ag/Ac).

Chaque technique présente des avantages et des inconvénients. La culture cellulaire est une méthode sensible, quantitative, et qui témoigne du caractère infectieux du virus. Mais elle est longue (parfois plusieurs semaines avant l’obtention d’un tapis cellulaire assez dense), lourde techniquement, et ne s’applique qu’aux virus cultivables. La biologie moléculaire permet, de son côté, de détecter tous les virus de séquence connue. Elle est rapide, spécifique, sensible et quantitative (PCR en temps réel). Mais elle ne témoigne pas du caractère infectieux du virus et présente des problèmes d’interprétation liés à des faux positifs. En outre, les protocoles ne sont pas standardisés. Quant à l’immunologie, si elle est rapide et quantitative, cette méthode est peu sensible par rapport aux autres et n’atteste pas du caractère infectieux.

Rotavirus, norovirus et virus de l’hépatite A sont les plus impliqués

Thierry Morin, docteur en virologie (groupe Adria Normandie), a rappelé que parmi les virus entériques, les calicivirus, les rotavirus et le virus de l’hépatite E (VHE) ont un réel potentiel zoonotique. Concernant les deux derniers, l’impact épidémiologique, en termes de santé publique, est considéré comme non négligeable. Aux Etats-Unis, entre 1983 et 1997, 30 % des cas d’infection d’origine alimentaire sont le fait de virus entériques (norovirus, rotavirus, astrovirus et VHA). En France, un rapport de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) de mars 2004 montre que la cause de 34,6 % des cas totaux d’infections d’origine alimentaire est attribuée aux virus (versus 40,1 % pour les bactéries et 25,3 % pour les parasites). Selon le scientifique, les principaux aliments vecteurs de virus entériques sont les produits de la conchyliculture (notamment les huîtres), ainsi que les fruits et les légumes frais ou congelés (surtout les framboises et les salades). Ces types d’aliments sont incriminés dans les récentes infections d’origine alimentaire en Europe (en 2006 et 2007). D’après Thierry Morin, appréhender le risque viral suppose d’optimiser les méthodes de détection dans les denrées, de réaliser des études de prévalence, de respecter la méthode HACCP dans les industries agro-alimentaires, de même que de bien connaître l’impact des procédés. En effet, seule la stérilisation permet une bonne élimination virale. Avec la pasteurisation, elle est variable selon les barèmes et les produits ; avec la lyophilisation ou les technologies alternatives (haute pression, lumière pulsée), elle varie selon les virus ; avec la congélation, elle est faible, voire nulle.

« L’hépatite E est une zoonose dont l’incidence mériterait d’être plus étudiée »

Nicole Pavio (UMR Afssa/ENVA/Inra) s’est particulièrement intéressée au VHE. Il présente deux types d’épidémiologie : une forme endémique (en Asie et en Afrique) due aux génotypes 1 et 2, dont le réservoir est hydrique, et une forme sporadique (en Europe et aux Etats-Unis) due aux génotypes 3 et 4, avec un réservoir animal. Les principaux réservoirs animaux sont le porc (monde), le sanglier (France, Japon), le rat (Inde, Brésil), mais aussi le chat (Japon). Toutefois, les différents sérotypes ne franchissent pas tous et de la même façon les barrières d’espèces.

En France, cinquante à soixante cas d’hépatite E humaine sont dénombrés par an, dont un à deux cas fulgurants de l’infection. 15 % des cas sont situés dans la moitié nord de la France, le reste dans la partie sud. La séroprévalence moyenne de la population nationale (étudiée sur les dons de sang) est établie à 3,2 %.

Concernant les animaux, une étude réalisée dans dix-neuf élevages de porcs français montre que 76 % d’entre eux comptent des animaux positifs au VHE, la moyenne de ces derniers au sein de chaque élevage variant de 2,5 à 50%. La séroprévalence chez les porcs ne se superpose donc pas à celle observée chez l’homme au regard de la localisation géographique des élevages, majoritairement situés dans le grand Ouest. Toutefois, selon Nicole Pavio, la prévalence du VHE est plus élevée chez les personnes en contact avec les animaux (vétérinaires, éleveurs, personnels d’abattoir, chasseurs) que dans la population générale. La scientifique a précisé que les voies de contamination de l’homme (environnement, alimentation et animaux) font toujours l’objet de recherches.

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