Le diagnostic des tumeurs osseuses chez le cheval constitue encore un réel défi

Les néoplasies osseuses sont plutôt rares dans l’espèce équine. Qu’elles soient malignes ou bénignes, leur incidence précise est difficile à connaître. Une étude de l’université américaine du Kentucky, menée chez des chevaux âgés, montre qu’elle s’élève à environ 8 % chez les sujets de quinze à dix-neuf ans et à près de 17 % au-delà de trente ans.

L’ostéosarcome est la tumeur osseuse maligne primaire la plus fréquente

Les tumeurs malignes osseuses primaires, qui ont l’os pour origine, ont la capacité de métastaser. Les données concernant ce type de tumeurs chez le cheval sont peu nombreuses, ce qui rend leur diagnostic et leur traitement difficiles.

L’analyse de la littérature suggère que l’ostéosarcome est la tumeur osseuse primaire la plus fréquente chez le cheval, comme chez le chien. La majorité des cas décrits dans l’espèce équine impliquent le squelette axial. L’ostéosarcome peut être observé chez de jeunes sujets, avec un âge moyen de cinq à six ans. Des rapports récents suggèrent un âge plus avancé. Le traitement chirurgical donne des résultats plutôt mitigés. La description d’un cas d’ostéosarcome extra-osseux indique une bonne survie postchirurgicale, suggérant que les tumeurs à l’extérieur de l’os pourraient se conduire différemment de celles qui se situent à l’intérieur. Chez le cheval, les métastases d’ostéosarcome sont rares. Toutefois, des recherches cliniques sont encore nécessaires.

Chez le cheval, les néoplasies métastasent peu au niveau de l’os

Peu de cas de néoplasie ayant métastasé au niveau de l’os, comme le leiomyosarcome, le carcinome rénal et l’adénocarcinome, sont décrits chez le cheval. Les formes de néoplasie les plus communes dans cette espèce sont les tumeurs de la peau, par exemple les sarcoïdes, les carcinomes à cellules squameuses et les mélanomes. Or aucune de ces dernières ne présente de prédilection pour métastaser au niveau des os. Les métastases osseuses ne constituent donc pas un problème clinique significatif chez le cheval. Il convient toutefois de les inclure dans le diagnostic différentiel lors de boiterie chronique mal définie, surtout si des tumeurs primaires sont identifiées.

Les ostéochondromes et les exostoses sont des tumeurs bénignes

Contrairement aux tumeurs malignes, les tumeurs bénignes sont bien reconnues et décrites chez le cheval. Les plus communes sont les ostéochondromes ainsi que les multiples exostoses héréditaires.

Les premiers, considérés comme une prolifération anormale d’un cartilage de croissance aberrant, sont retrouvés adjacents à la physe des os longs. Ils sont ainsi visualisés comme des masses solitaires, souvent situées au niveau de la métaphyse radiale distale. Les difficultés occasionnées par ces tumeurs sont dues à l’espace qu’elles occupent, qui provoque une boiterie, par exemple à la suite d’une inflammation du tendon. Le retrait chirurgical est le traitement de choix lors d’ostéochondrome. Le pronostic est bon pour un retour aux fonctions athlétiques antérieures. Pour leur part, les multiples exostoses impliquent généralement le tibia, le radius et le fémur, et n’entraînent pas d’incidence clinique, sauf si une articulation ou une autre structure sont touchées.

Trois facteurs expliquent la difficulté du diagnostic des tumeurs

Le diagnostic des tumeurs malignes de l’os chez le cheval constitue un vrai défi. Actuellement, il se révèle erroné chez la plupart des sujets atteints, sauf si ces derniers sont déjà à un stade avancé de la maladie ou qu’il est effectué lors d’un examen post-mortem. Cela signifie que le traitement est sans espoir dans presque tous les cas.

Un diagnostic plus précoce n’améliore pas systématiquement la situation car, dans ce domaine, la médecine équine est encore loin des possibilités offertes chez l’homme et les petits animaux.

Les difficultés du diagnostic des tumeurs osseuses chez le cheval sont dues à plusieurs facteurs. Le premier est leur rareté. Ainsi, chaque chirurgien ne rencontre qu’une poignée de cas au cours de sa vie professionnelle. L’expérience est donc limitée.

En outre, contrairement à la situation chez l’homme et les petits animaux, il existe des limites significatives en termes d’imagerie diagnostique chez le cheval, liées à sa taille et au manque de développement des techniques, par exemple des appareils d’imagerie par résonance magnétique et des scanners capables d’étudier le corps entier. Ainsi, la détection des néoplasies osseuses au niveau de la moelle épinière et des côtes, ainsi que des métastases, est particulièrement difficile. A.J. Morton et son équipe (2007) décrivent l’intérêt de la scintigraphie au bénéfice de cas équins.

En troisième lieu, si une tumeur osseuse chez le cheval est importante au plan individuel, elle n’occasionne pas de conséquences économiques au niveau collectif et n’est pas perçue comme une préoccupation en termes de bien-être animal. Les recherches conduites sur le sujet et les budgets destinés à ces affections sont donc peu nombreux. Toutefois, les tumeurs augmentant avec l’âge, chez le cheval comme dans les autres espèces, et les seniors étant de plus en plus courants en médecine équine, le nombre de cas décrits est amené à s’accroître.

• (1) F. Henson : « Skeletal neoplasia in the horse. A review », Equine Veterinary Education, 2007, vol. 19, n° 11, pp. 569-570.