Antibiothérapie et trichines font l’actualité porcine cette année à Nantes - La Semaine Vétérinaire n° 1295 du 21/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1295 du 21/12/2007

Médecine porcine. Congrès annuel de l’AFMVP

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Des enquêtes expérimentales et de terrain, ainsi que des cas cliniques, ont agrémenté les thèmes retenus.

Antibiothérapie et antibiorésistance dans l’espèce porcine, actualités sur les trichines et en immunologie, courtes communications et ateliers pratiques étaient au programme du congrès annuel de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP), les 6 et 7 décembre derniers à l’école de Nantes.

Isabelle Kempf (Afssa de Ploufragan) y a notamment présenté une étude portant sur la résistance aux antibiotiques chez les souches d’Escherichia coli isolées de prélèvements à visée diagnostique. Ces dernières années, le réseau de surveillance de la résistance aux antibiotiques (Resapath) a mis en évidence deux phénotypes inhabituels chez des souches de E. coli isolées de porcs (mais aussi de bovins et de volailles) : la résistance à la colistine et la résistance aux céphalosporines de 3e et 4e générations. Cette dernière est due à l’acquisition par E. coli d’une enzyme de la famille des β-lactamase à spectre étendu (BLSE), la céfotaximase (CTX-M), capable d’hydrolyser et donc d’inactiver toutes les β-lactamines disponibles actuellement. Le gène codant pour cette enzyme est porté par un plasmide qui peut être transféré d’un E. coli à un autre et favoriser ainsi sa dissémination horizontale.

Notre confrère Pierre-Louis Toutain a, pour sa part, rappelé que l’insuffisance des critères cliniques pour documenter l’action des antibiotiques, aussi bien sur la flore pathogène que sur la flore commensale, est l’une des raisons du recours aux indices PK/PD (pharmacocinétique/ pharmacodynamique). Cette approche PK/PD s’intègre dans la compréhension et la prévention des phénomènes d’antibiorésistance. Il estime en outre que « la métaphylaxie, sans doute plus “respectueuse” vis-à-vis de l’antibiorésistance qu’un traitement curatif, mériterait davantage d’études scientifiques ».

L’hygiène, dans le cadre de la conduite en continu, est mise en exergue

Hervé Morvan (laboratoire de développement et d’analyses, Côtes-d’Armor) a présenté un cas clinique qui a retenu l’attention de la salle. 60 à 80 % des truies et des cochettes d’un élevage du sud de la France, d’une bonne hygiène générale, ont présenté des écoulements vulvaires purulents, parfois même avant les chaleurs, pendant plusieurs mois. Les investigations menées ont finalement mis en évidence la présence de Serratia liquefaciens dans des écouvillons vaginaux. Ce germe d’environnement, dont la principale niche écologique est l’eau, est, comme d’autres, multirésistant. Il s’est maintenu dans le bâtiment des truies gestantes à la faveur d’une conduite en continu, qui ne permettait pas un séchage complet du sol après le nettoyage. Cette hypothèse s’est vérifiée à la suite de la recommandation vétérinaire d’inséminer une demi-bande de cochettes dans le bâtiment de quarantaine, qui fonctionnait, lui, en mode “tout vide/tout plein” : elles n’ont présenté aucun écoulement.

L’observance en élevage porcin a aussi fait l’objet de communications

Deux études originales concernant les éleveurs et l’observance en élevage porcin (aux résultats parfois divergents), l’une de Pierre Sans et l’autre de Gil Wittke, ont par ailleurs été exposées par notre confrère Guy-Pierre Martineau.

La première, une enquête réalisée chez des éleveurs naisseurs-engraisseurs de moins de quatre cents truies du grand Ouest, montre globalement qu’il est difficile d’apprécier quantitativement l’observance, car nombreuses sont les pratiques humaines qui peuvent générer des écarts entre la prescription et son exécution. Elles relèvent des vétérinaires (manque de formalisation, de précision de la prescription et d’explication) ou de l’éleveur (mauvaises compréhension ou pratiques, initiatives personnelles, etc.). L’autre enquête tendancielle, sur l’observance en antibiothérapie injectable, a été réalisée par le biais de tables rondes et de sondages auprès d’éleveurs de plusieurs régions françaises. Il ressort notamment de cette étude que pour les éleveurs, globalement, l’antibiotique ne sert pas à traiter une maladie, mais un symptôme, d’où le risque d’arrêt prématuré du traitement. L’éleveur exige en outre des résultats de la prescription. Il souhaite également rester “patron” chez lui, ce qui est positif : il veut être éclairé sur la meilleure conduite à suivre et comprendre ce qu’il fait. De plus, pour plus de 40 % des répondants, la notice des médicaments est difficile à déchiffrer, ce qui rend le conseil vétérinaire d’autant plus important en termes d’observance.

L’actualité sur Trichinella a quant à elle été présentée par Pascal Boireau (Afssa de Maisons-Alfort). Outre le rappel de la réglementation, il a précisé que la prévalence de la trichinellose porcine est particulièrement élevée en Europe de l’Est (surtout en Roumanie). En France, le taux de contrôles officiels réalisés n’est que de 4 %, mais avec un bon niveau de sensibilité et de spécificité. Toutefois, selon lui, « la puissance de frappe » est augmentée avec les auto-contrôles à l’abattoir pour les exportations vers la Russie et, grâce à ces derniers, le taux de contrôle global peut être estimé à 30 ou 40 %. En outre, le dépistage sérologique sur jus de viande pourrait être envisagé, à l’avenir, lorsque la spécificité et la sensibilité de ce test seront jugées correctes.

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