Vétérinaire rural, une passion qui se décline aussi au féminin

Malgré le soleil, il fait froid ce matin de novembre. Une brume épaisse recouvre encore les pâtures, sur lesquelles des silhouettes blanches se déplacent avec nonchalance. En plein fief charolais, c’est la période des vêlages.

Dans l’habitacle de la voiture, Virginie Bongard allume une cigarette sur fond de Brassens en roulant vers le prochain rendez-vous. Sa journée a commencé calmement par deux visites de routine, pour des prises de sang chez des bovins destinés à l’export. Maintenant, il s’agit d’un appel pour une torsion de matrice. « J’adore Brassens, mais je suis aussi une fan de concerts de rock. La cigarette, c’est un peu pour le stress… », confie notre consœur avec malice. « Depuis le début de la campagne, en octobre, c’est la cinquième torsion, ajoute-t-elle aussitôt. Et je les ai toutes réduites. » Jeune femme de 1,63 m, Virginie Bongard n’ignore pas que l’exercice est physique. L’équation est d’ailleurs simple : « Le veau, c’est environ 50 kg, auxquels il faut ajouter le poids du liquide amniotique, facilement 30 kg. Après, il convient de faire tourner le tout en douceur… »

Arrivée sur le site, Virginie procède à l’examen clinique de la vache, une charolaise de 550 kg. Les échanges avec l’éleveur sont brefs et précis. L’intervention vétérinaire commence rapidement, et comme prévu, se révèle “athlétique”. A vingt-huit ans et après deux saisons en élevage charolais, Virginie se retrouve face à une situation qu’elle a déjà rencontrée et appris à gérer. La suite de l’examen met au jour une malformation du veau, qui exige son extraction immédiate. L’animal est mis au monde à la vêleuse et, une fois sur la paille, la malformation scapulo-humérale est confirmée. Conseils à l’éleveur, rangement du matériel, la visite aura duré à peine une heure quand la vétérinaire quitte les lieux. « Se faire accepter n’est pas toujours facile au début », déclare-t-elle sur le chemin du retour, et l’accueil par certains éleveurs peut réserver quelques surprises. « Mais au final, ce qui compte pour eux, c’est le résultat. Pour moi, faire de la rurale en tant que femme, c’est quelque chose de complètement normal. »